06 Mai

Municipales à Toulouse : front uni à gauche mais jusqu’où ?

Et soudain la gauche toulousaine fit à nouveau front commun. C’était lors du dernier conseil municipal du 29 avril consacré à la crise sanitaire. Un présage d’union si un premier tour se rejouait en septembre ? Un programme commun pourrait-il s’écrire pour « l’après » ?

Le 4 avril dernier, la façade du Capitole illuminée en bleu en hommage aux personnels soignant mobilisés durant la pandémie. Photo Xavier De Fenoyl MaxPPP

Avant même le conseil municipal du 29 avril dernier, le ton était donné dans un communiqué commun. Une opposition unie, PS, EELV, Génération(s) et Communistes, déclare vouloir préparer l’assemblée dans un « esprit constructif et républicain » pour « renforcer l’action de la ville face à la crise sanitaire ». Une gauche municipale qui propose des mesures face à l’épidémie avant d’ajouter :

 

Nous ne sommes dupes de rien. Nous n’oublions pas les conséquences de six ans de gestion de la majorité de Jean-Luc Moudenc sur le tissu social, éducatif, associatif toulousain, affaibli au moment d’affronter cette crise. Nous n’oublions pas la servitude déclarée et l’alignement sur un gouvernement répressif, directif et sourd aux revendications sociales. Lorsque le temps du débat public local reviendra, nous ne manquerons pas de rappeler tout cela. »

 

Union dès un éventuel nouveau 1er tour ?

« Sans dire bien évidemment qu’il profite de la crise sanitaire, parce qu’elle ne profite à personne, Jean-Luc Moudenc joue actuellement le rôle de protecteur de la population, celui qui gère. Et il communique beaucoup là-dessus » explique Pierre Cohen. « Nous lui avons proposé de créer une cellule d’anticipation de sortie de confinement où tous les groupes seraient représentés. Mais il n’a pas donné suite » regrette le leader local de Génération(s).

En attendant le groupe toulousain de Génération(s) continue de travailler de concert avec Antoine Maurice, EELV et Archipel Citoyen que ce soit à la mairie ou au conseil de métropole. A tel point que Pierre Cohen envisage sans détour une liste commune dès le premier tour, si premier tour il devait y avoir à nouveau. Du côté d’Archipel, le processus de désignation des candidats ayant été validé très collégialement la chose n’est pas aussi simple à réaliser.

Ensemble face au virus et après ?

Mais Antoine Maurice le reconnaît volontiers : « dès le soir du 1er tour, nous avions abouti très vite à nous entendre avec Pierre Cohen ». Pour la tête de liste Archipel Citoyen, il est important d’envoyer un message de rassemblement. « Notre projet écologiste avait cette vocation et l’a permis ». Qu’en est-il des socialistes alors emmenés par Nadia Pellefigue ? « Un accord avait commencé à être posé avec elle au lendemain du 1er tour, mais nous n’avons pas eu le temps de le conclure » explique diplomatiquement Antoine Maurice. Autrement dit, Nadia Pellefigue ne se ferme aucune porte.

« Le dernier échange SMS que nous avons eu remonte à plus d’un mois » reconnaît la candidate socialiste. Pour elle, un travail de l’ensemble de la gauche actuellement au conseil municipal ne signifie en rien un rapprochement de toutes les listes de gauche. « Je ne traduirai pas nos propositions communes face à la crise sanitaire par liste commune aux municipales » précise-t-elle d’emblée. La vice-présidente en charge de l’économie au Conseil Régional se dit pour l’heure toute à sa mission d’aide aux entreprises et aux travailleurs en difficulté.

Programme commun ou pas ?

« De toute façon ce que nous serons en mesure de proposer aux citoyens en sortie de crise doit dépasser le cadre d’un simple programme » élude la candidate au Capitole. « Notre projet écologiste est plus que jamais d’actualité et il a permis déjà un large rassemblement » rappelle Antoine Maurice. « Il faudra plus que jamais se retourner vers les besoins des gens » prévient Pierre Cohen.

Et leur adversaire sortant peut-il lui aussi revoir sa copie ? « Jean-Luc Moudenc engage actuellement des actions nécessaires. A cette étape, s’il s’en tient à son rôle, il ne pose pas de vision » commente Nadia Pellefigue. Alors peut-il y avoir un programme commun, forcément modifié, à opposer par la gauche à celui de l’actuel maire ?

Sans certitude, Antoine Maurice se dit toutefois « confiant ». Il faudra évidemment en discuter avec l’Assemblée militante d’Archipel qui pour l’heure se réunit en visioconférence toutes les trois semaines. Mais qu’en est-il des rapports difficiles, voire inexistants, entre Pierre Cohen et Nadia Pellefigue ? « On fonctionne bien avec Archipel Citoyen. En dehors des conseils municipaux et communautaires, nous avons moins de relations avec le PC et le PS » reconnaît volontiers Pierre Cohen.

Un électorat incertain

Et les électeurs dans tout ça ? Ceux qui s’étaient rendus aux urnes en mars, moins nombreux que d’habitude, coronavirus oblige, avaient placé Antoine Maurice en deuxième position derrière le maire sortant. Difficile de dire si la crise sanitaire aura un effet sur un scrutin au déroulement et à la date encore inconnus. Nadia Pellefigue ne se prononce pas. Antoine Maurice et Pierre Cohen s’accordent sur un point. Pour eux, la balance peut pencher dans les deux sens : soit une prise de conscience citoyenne de l’impérieuse nécessité de changer de méthode, soit au contraire l’option de repartir comme avant, pour ne pas plus bousculer les choses qu’elles ne le sont.

Patrick Noviello (@patnoviello)