23 Oct

Municipales à Toulouse : qui se trouve derrière les « démocrates musulmans » ?

L’union des démocrates musulmans français (UDMF) veut présenter une liste aux Municipales à Toulouse. Qui représente ce parti localement ? Quels sont les liens avec les Frères musulmans égyptiens ? Éléments de réponse.

UDMF

 

 

Les « démocrates musulmans » sont présents à Toulouse. Ils préparent une liste pour les municipales. Une implantation locale qui repose sur une figure toulousaine au parcours chaotique.

Un représentant local au parcours chaotique

Mhamdi Taoufik gère une société de garde du corps. Mais, entre deux contrats, le Toulousain, originaire du quartier du Mirail, milite activement au sein de l’UDMF. il travaille à la constitution d’une liste aux Municipales.

Avant de fonder, en janvier 2019, une PME spécialisée dans la protection rapprochée, Mhamdi Taoufik a passé 17 ans comme agent de sécurité à l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Mais, en avril 2015, il est licencié « pour cause sérieuse et réelle ». Un licenciement qui intervient 5 mois après une perquisition menée, dans le cadre de l’état d’urgence, à son domicile toulousain. L’opération n’a pas eu de suite judiciaire.

Après la perte de son emploi, l’ex agent de sécurité s’est reconverti en se mettant à son propre compte. Selon nos informations, il s’investit dans les quartiers. Pendant un temps, Mhamdi Taoufik est proche d’un mouvement politique, Tous pour Toulouse. Son fondateur, Ahmed Darhour, envisage de participer aux municipales de 2020. Le mouvement est décrit comme un mouvement des « quartiers » qui porte des revendications sociales. Mais il n’a pas de connotation confessionnelle ou communautaire.

Mhamdi Taoufik a pris ses distances avec Tous pour Toulouse. Il est maintenant un membre actif d’un parti qui officiellement se veut laïque et républicain. Mais qui est considéré, par les services de renseignement, comme proche de la confrérie des Frères Musulmans.

 

« les démocrates musulmans », vitrine des Frères Musulmans

Contacté par France 3 Occitanie, Mhamdi Taoufik dément toute proximité entre son parti et les Frères Musulmans :  » je ne connais pas la politique des frères musulmans et nous avons aucun lien.  Ni subvention ni communication avec ce mouvement politique ». Le Toulousain ajoute :  » qui nous prouve que nous avons des liens avec ce parti qui se trouve à plus de 3500 km de Paris ? »

En revanche, pour les services de renseignement, les liens ne font aucun doute. Une source évoque des « faits objectifs établissant une proximité ». L’UDMF applique, selon un policier, les méthodes des Frères Musulmans : se faire passer pour des démocrates et arriver au pouvoir légalement comme en Egypte en 2011. Le but inavoué de l’UDMF serait identique aux objectifs des Frères Musulmans. A savoir, la volonté d’instaurer un califat et la charia, tout en se dissimulant derrière des apparences démocratiques et républicaines.

A l’image des Frères Musulmans, l’UDMF est qualifiée de danger par les services de renseignements . Non pas en terme de risque terroriste. Les Frères Musulmans ne prônent pas l’action violente. Mais ils sont assimilés à un « faux nez » des islamistes cherchant à influencer la société avec un objectif principal : faire sauter la digue de la laïcité.

Cette analyse est confirmée par un spécialiste de l’Islamisme, Mahomed Sifaoui. Pour le journaliste, auteur d’un récent ouvrage sur les Frères Musulmans, « la proximité entre l’UDMF et les Frères Musulmans est évidente. Il s’agit d’une proximité idéologique qui se traduit par des marqueurs communs notamment la promotion du voile, l’antisionisme et une critique de la laïcité ».

des proches des Frères Musulmans en campagne à Toulouse?

Les « démocrates musulmans » vont-ils s’implanter à Toulouse à l’occasion des municipales? Pour une source, c’est parfaitement possible car la ville Rose est considérée comme un terreau propice aux thèses communautaires. Un acteur des quartiers toulousains est beaucoup plus sceptique et invoque des contraintes pratiques : le manque de ressources humaines et matérielles.

Le vrai obstacle viendra (peut-être) du sénat et d’une proposition de loi visant à interdire les listes confessionnelles.

Laurent Dubois (@laurentdub)