Le premier grand débat national sur les retraites se tiendra donc jeudi 26 septembre à Rodez en présence d’Emmanuel Macron. Retour sur ce qui a prévalu à ce choix et réactions politiques sur place.
Pourquoi Rodez ?
Emmanuel Macron avait terminé sa campagne présidentielle dans la préfecture de l’Aveyron. « La visite était prévue de longue date » confirme le maire de la ville proche du chef de l’Etat. Christian Teyssedre candidat à sa réélection et soutenu par En Marche, sera d’ailleurs décoré de la Légion d’Honneur par le Président.
Rodez incarne une certaine idée de la France et de la ruralité même si son agglomération regroupe 60 000 habitants et qu’elle est aussi vue d’ici par certains comme la « métropole de l’est midi pyrénéen ». Mais pour Guilhem Serieys, conseiller régional LFI, l’Aveyron est aussi une terre de contestation sociale où « des milliers d’emplois sont menacés à court terme ». « Il n’est pas concevable en venant ici qu’Emmanuel Macron ne s’exprime pas sur la situation d’entreprises comme la SAM ou Bosch ».
« Il est passé sur le site de la Bosch d’Onet-Le-Château, il y a trois ans, alors que son mouvement n’était pas encore construit. Il y avait déclaré que le diesel était une filière d’avenir » rappelle non sans ironie Bertrand Cavalerie, le premier secrétaire fédéral du PS en Aveyron.
Un Grand Débat pour quoi faire ?
Corinne Vignon est présidente du groupe de travail transpartisan sur les retraites. La députée de la Haute-Garonne a déjà réalisé plus d’une vingtaine d’ateliers dans le pays sur le dossier. Pour elle, ce grand débat a un objectif majeur : « il va faire apparaître les points d’achoppement et de doutes ». Pour Guilhem Serieys, conseiller régional LFI de l’Aveyron, « comme lors du mouvement des gilets jaunes, ce grand débat va servir à faire diversion ». « Au lieu de créer les conditions d’un vrai débat pour répondre aux urgences sociales, Emmanuel Macron va focaliser l’attention pendant des mois sur le dossier des retraites ».
Pour la parlementaire En Marche, il va falloir être pédagogique et dire les choses. « Les régimes spéciaux par exemple… La majorité des français disent qu’il va falloir faire quelque chose là-dessus. Ensuite, il y a des mises aux point à faire : avec 1300 euros mensuels en moyenne, la France est le pays de l’OCDE où le montant des retraites est le plus élevé ». « L’entrée d’Emmanuel Macron sur le dossier est biaisée » rétorque Guilhem Serieys. « Il veut nous faire croire que pour financer le régime des retraites on est obligé de travailler plus. C’est une tromperie parce que le travail produit aujourd’hui beaucoup plus de richesses que par le passé » assure l’Insoumis.
Concernant le Grand débat, Bertrand Cavalerie ne souhaite pas crier au loup. « On a suffisamment reproché à Emmanuel Macron de ne pas être à l’écoute. Mais j’espère que cette fois-ci le public invité sera représentatif et pas uniquement composé d’élus comme ce fut le cas dans le Lot à Souillac ». Le premier fédéral du PS aveyronnais redoute toutefois que l’événement se résume à « une sortie médiatique ».
Patrick Noviello (@patnoviello)
A noter que « Dimanche en Politique » sera consacrée cette semaine à la réforme des retraites et reviendra sur ce grand débat mené à Rodez. Rendez-vous donc dimanche à 11h25 sur France3 Midi-Pyrénées