02 Juil

Le point sur les futures municipales à Toulouse, dans Politic Café #81 (la dernière de la saison)

Pour la dernière de la saison de notre module vidéo, on fait le point sur le dossier des futures élections municipales à Toulouse. Et il y en a des choses à dire !

Au menu :

  • dans les cuisines du Parti socialiste
  • Jean-Moudenc, candidat sans le dire
  • tous (déjà) en campagne !

Bon été à tous et retour de Politic Café en septembre !

 

01 Juil

Municipales à Toulouse : les « anti-mariage pour Tous » peuvent-ils faire capoter les négociations « Moudenc-Macron » ?

Un élu de l’équipe de Jean-Luc Moudenc est membre de Sens Commun, le mouvement né en opposition au « mariage pour Tous ». En Marche conditionne un éventuel accord aux municipales à un « débarquement » de cet élu.

Jean-Luc Moudenc et Emmanuel Macron. Photo : AFP/Pavadi

Le député En Marche de la Haute-Garonne, Michaël Nogal, est très investi dans les municipales à Toulouse. En mai dernier, au lendemain des Européennes, le jeune parlementaire s’est déclaré candidat. Mais son intérêt dépasse le cadre de sa propre candidature. Michaël Nogal pose des conditions s’agissant d’un accord entre le maire (sortant) Jean-Luc Moudenc et le parti d’Emmanuel Macron.

Michaël Nogal demande à Jean-Luc Moudenc de « débarquer » un de ses élus, Jean-Baptiste de Scorraille. L’élu toulousain appartient au mouvement Sens Commun. Pour le député En Marche, cela barre la route à une éventuelle alliance. Michaël Nogal n’est pas en charge des négociations entre le Capitole et En Marche.

Selon nos informations, Michaël Nogal s’est porté volontaire lors de la visite toulousaine du délégué général d’En Marche, Stanislas Guérini. Mais il n’a pas obtenu un poste de négociateur.

Cela ne l’empêche pas de formuler publiquement des conditions.

Il s’agit d’une position personnelle. Mais elle n’est pas forcément isolée. Selon nos informations, l’adjoint de Stanislas Guérini, le député Pierre Person est sur la même ligne que son collègue de la Haute-Garonne. Pas question de « dealer » avec une liste intégrant un représentant de Sens Commun, un mouvement anti-Mariage pour Tous et anti-PMA.

Du côté de Jean-Luc Moudenc, pas de commentaire. Avant les Européennes, le maire de Toulouse a ouvertement dénoncé un chantage de la part d’En Marche. Mais, s’agissant de Jean-Baptiste de Scoraille et de Sens Commun, c’est silence radio. Dans l’entourage du président de Toulouse Métropole, l’agacement est toutefois perceptible et on dénonce un prétexte pour faire échouer les négociations.

Visiblement, du côté du Capitole, il existe une contre-attaque. Une source précise que Jean-Baptiste de Scoraille a pour délégation les anciens combattants. Autrement dit, l’élu n’est pas en charge des questions de sociétés. A demi-mot, le message est clair : Jean-Baptiste de Scoraille est membre de Sens Commun mais cela n’interfère pas avec ses fonctions municipales.

Cet argument peut-il « sauver » les négociations en cours ?

Un membre d’En Marche se veut rassurant. « Je ne crois pas que tout puisse échouer à cause de l’étiquette d’un élu municipal ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

Municipales à Toulouse – Parti socialiste : possible annulation de l’investiture du duo « Pellefigue-Raynal »

Les militants du PS  ont investi un duo pour les municipales à Toulouse. Mais le nombre de votants est inférieur au quorum exigé par les statuts.

Nadia Pellefigue et Claude Raynal, chefs de file pour le PS. Photo : Facebook.

Pour les municipales à Toulouse, la fédération du PS 31 a inventé un vote « métropolitain » et l’investiture de « chefs de file ». Ce mode de désignation n’est pas prévu par les statuts du parti socialiste. Mais ce n’est pas le seul arrangement statutaire. Ce samedi 29 juin, un vote militant a investi un duo, Nadia Pellefigue et Claude Raynal.

La Fédération n’a pas communiqué la ventilation des votes et le nombre de voix obtenues par les candidats.

Mais le nombre d’inscrits a été rendu public : 528. Or, au regard des statuts, ce chiffre pose problème.

L’article 5.1.4 des statuts mentionne un quorum. Pour qu’une investiture soit valide,  » le nombre d’adhérents inscrits doit être égal à un cinq centième au moins du nombre d’électeurs inscrits dans la commune intéressée« . Autrement dit, pour des municipales à Toulouse, il faut au moins 760 inscrits puisque la métropole toulousaine compte 380 000 électeurs.

Le PS toulousain en annonçant 528 inscrits précise, lui-même, que le seuil n’est pas atteint.

Les considérations statutaires pèsent peu face à la volonté (affichée par la présidente de Région, Carole Delga et les autres ténors du PS) de faire gagner le duo « Pellefigue-Raynal » .

A moins d’une improbable recours devant les instances nationales du PS, les statuts resteront juste un bout de papier.

Laurent Dubois (@laurentdub)

« L’amer de Toulouse », « Un si grand Saurel » : ces comptes parodiques qui veulent pimenter la campagne des municipales à Toulouse, Montpellier, Lavaur…

On a connu par le passé des journaux ou des blogs satiriques qui ont mis du sel dans les campagnes électorales locales. La campagne des municipales 2020 s’annonce piquante grâce à quelques comptes sur Twitter qui ne ménagent pas les candidats (et surtout les maires sortants de Toulouse et Montpellier).

Photo : F. Sommer / MaxPPP

Ils se nomment « L’amer de Toulouse » en référence au maire LR de Toulouse Jean-Luc Moudenc, « Un si grand Saurel », jeu de mots entre la série de France 2 tournée à Montpellier et le maire de la deuxième ville d’Occitanie, ou encore « Bernard Racayon », anagramme sans ambiguïté du nom du maire LR de Lavaur (Tarn) Bernard Carayon…

Tous ont fait leur apparition sur le réseau social Twitter ces derniers mois, voire ces dernières semaines. Avec en ligne de mire les municipales de mars 2020…

Tous sont anonymes mais n’ont pas forcément le même objectif. On a essayé d’en savoir un peu plus.

« L’amer de Toulouse » : dans la tête de Jean-Luc Moudenc

De tous, c’est sans doute le compte le plus caustique. Il fait parler Jean-Luc Moudenc à la première personne et lui prête des propos qu’il ne tiendra jamais. C’est le jeu de la satire. D’ailleurs le profil du compte sur Twitter affiche clairement la couleur : « Compte parodique qui dit à voix haute ce que personne n’oserait penser ». 

Qui se cache derrière ce compte, suivi, entre autres, sur Twitter par… le propre directeur de cabinet du (vrai) maire de Toulouse ?

Je suis lui en-dedans de sa tête »

Nous sommes un petit groupe de citoyens toulousains et non-toulousains, précise notre contact. Nous avons accès à un bon nombre d’informations sur les pratiques politiques, les mensonges, les alliances, qui permettent de mieux comprendre les comportements des uns et des autres ».

Etre « en dedans de (la) tête » de Jean-Luc Moudenc, c’est bien pratique pour sulfater bien comme il faut ses adversaires politiques et rappeler au passage quelques vérités sur ses alliés, passés, actuels ou futurs.

Parmi les cibles favorites de « L’amer de Toulouse », Sophie Iborra, fille de la députée LREM (ex-PS) Monique Iborra et dont le compte parodique dénonce régulièrement le rapprochement avec Jean-Luc Moudenc en vue des prochaines municipales.

D’autres élus locaux prennent régulièrement cher : le député LREM Mickaël Nogal, plusieurs adjoints au maire dont Christophe Alvès ou Olivier Arsac, l’élu PS candidat déclaré aux municipales Romain Cujives…

« L’amer de Toulouse » dit ne vouloir privilégier personne et au contraire « dénoncer les faux comptes parodiques qui préparent les campagnes de l’un ou l’autre des candidats« .

Qui d’autre dit cela aujourd’hui ? Ce sont des informations indispensables pour juger en conscience et voter (L’amer de Toulouse)

Mais alors pourquoi utiliser la parodie et ne pas être tout simplement un compte d’infos sur la campagne des municipales à Toulouse ?

Nous voulons donner un dessous des cartes qui ne soit pas anxiogène, la parodie ça fait marrer, ce qui aide à écouter et donne envie de revenir voir les nouvelles infos. L’objectif c’est d’empêcher de mentir, faire craindre la parution de la vérité, pour contraindre les candidats à plus de probité. On sait, on rêve. Mais on fait notre part ».

La limite de l’exercice, comme souvent dans la politique hyper-locale, c’est que pour comprendre les tweets de ce compte, il faut parfois être initié, bien connaître les protagonistes, leur histoire, leur parcours. Les auteurs sont très bien informés, très bon connaisseurs du PPT (le paysage politique toulousain) mais ce n’est pas forcément le cas de tous les Twittos…

« Un si grand Saurel » : haro sur le maire !

A Montpellier, le compte Un si grand Saurel est tenu officiellement par « quelques copains avec des sensibilités politiques diverses qui trouvaient que les réseaux sociaux montpelliérains étaient politiquement trop uniformes à l’image du cher grand leader Philippe Saurel ».

Là, il ne s’agit pas de faire parler le maire de Montpellier à la première personne mais plutôt de tirer à boulets rouges sur son action.

Le contact du compte estime que ce n’est donc pas la perspective des municipales en 2020 qui a décidé ces « quelques copains » à passer à l’action sur Twitter mais plutôt la communication de Philippe Saurel :

Les municipales pour l’instant n’occupent pas plus que cela le compte mais cela va bien entendu monter en puissance. L’origine c’est surtout la communication façon Grosse Bertha du Maire de Montpellier, sans retenue et sans nuance. Heureusement on se marre en faisant cela car la cible est vraiment un bon client avec sa cohorte d’affiliés (La Saurélie) dont l’absence de subtilité politique n’a d’égale que leur vanité !

La vraie raison d’existence de ce compte serait donc, selon notre contact anonyme, « d’introduire un regard critique (parfois humoristique et parfois non) sur l’action du cher grand leader Philippe Saurel qui exerce le pouvoir sans partage à la manière des leaders soviétiques et russes qu’il affectionne tant ! »

Bernard Racayon :

La parodie n’est pas réservée aux deux grandes métropoles d’Occitanie. A Lavaur, dans le Tarn, un compte tout nouveau vient d’ouvrir renommant le maire LR de la commune, Bernard Carayon en Bernard Racayon. Comme avec L’Amer de Toulouse (dont les auteurs tarnais indiquent s’inspirer), le maire parodique parle à la première personne.

Le duo qui anime ce compte avoue s’inspirer surtout des propres tweets du maire de Lavaur, connu pour son franc-parler et ses punchlines parfois surprenantes.

Notre principale source d’inspiration est Carayon lui-même. Au début, c’est de la déconne autour d’un verre en rigolant des tweets du parodié. Mais nous espérons clairement favoriser l’alternance politique à Lavaur et que le compte permettra d’animer la campagne sur un ton humoristique, stimuler les électeurs en caricaturant le parcours, la gestion municipale faiblarde, son attitude hautaine et méprisante pour les électeurs, ses positions très à droite »

 

Ici, notre contact assume l’aspect politique et se place en adversaire du maire de Lavaur. Il souligne aussi les limites de l’exercice caricatural :

Idéalement il faudra que notre duo s’élargisse. Caricaturer nécessite d’avoir du temps, de l’esprit et le sens de la formule. C’est pas évident. On pourrait plutôt aussi parler des limites (respect de la laïcité et respect de la famille) difficiles dans ce cas de figure car Carayon brandit à tout bout de champ ses convictions catholiques et son fils lui succède au GUD en animant de manière assez vigoureuse l’UNI à la Fac d’Assas. Plus sérieusement, si la caricature politique contribue à réduire l’abstention, on ne va pas se plaindre ! »

Caricature, parodie, liberté d’expression…

De tout temps les politiques ont été parodiés, caricaturés. L’époque n’y échappe pas. Avec internet et les réseaux sociaux, la tendance est même au développement. Tant que la caricature ne franchit pas les lignes blanches de la légalité, les élus concernés font plutôt le dos rond.

Pour les besoins de cet article, on a renoncé à demander aux élus concernés ce qu’ils pensent de ces comptes qui les parodient. Histoire d’éviter les réponses garantie 100 % langue de bois (« Je suis pour la liberté d’expression ») ou bien préparées par les services de communication.

Chaque lecteur se fera donc sa propre opinion sur les comptes parodiques que nous citons aussi. Les parodiés ont sans doute leur (vrai) avis là-dessus. Mais nous, nous ne sommes dans « en dedans de leur tête » !

FV @fabvalery