20 Juin

Une année à l’Assemblée : deux députés livrent leurs regards.

L’une est une élue sortante qui en plus préside le groupe socialiste au Palais Bourbon : Valérie Rabault. L’autre effectue son premier mandat, dans le Gers, sous l’étiquette En Marche. Comment ont-ils vécu cette année 1 du gouvernement Macron ? Comment se sont-ils organisés entre Paris et leurs circonscriptions ? Et puis comment envisagent-ils leur mission ? Regards croisés.

L’Assemblée Nationale lors des questions au gouvernement, le 20 juin dernier. Photo Philippe Lopez/AFP

« Je ne suis pas assez en circo et je ne suis pas assez à l’assemblée ». L’affirmation en forme de boutade de Jean-René Cazeneuve symbolise une année parlementaire hors du commun, notamment pour les néo-députés. L’élu LREM du Gers reconnaît la charge de travail importante de ces douze derniers mois d’exercice mais ne se plaint pas : « On a été élu pour changer la France ».

Un bloc de la majorité  qui vote sans se poser de questions »

« Un bloc de la majorité  qui vote sans se poser de questions » selon Valérie Rabault. « Dans le fond, l’exécutif n’en a rien à faire du parlement » affirme sans détour la députée du Tarn et Garonne. « Je suis même allée interroger les uns et les autres pour savoir si on était comme ça quand on était dans la majorité. On m’a répondu que non » s’amuse la chef de file du groupe PS.

Et Valérie Rabault de noter un deuxième point marquant pour cette année 1 d’une assemblée aux couleurs LREM. « Il y a un manque flagrant d ‘organisation dans l’agenda. Les deux premiers mois, nous n’avons presque rien eu à faire. Puis on est passé à une série de loi à voter notamment sur l’agriculture et l’apprentissage. Nous n’avons pas eu suffisamment de temps pour une bonne écriture de la loi ».

Je ne comprends pas comment faisaient ceux qui cumulaient »

« C’est vrai que même si on choisit les textes dans lesquels on s’investit, il y a beaucoup de travail » tempère Jean-René Cazeneuve. « Si vous voulez bien faire les choses, et peser, travailler en amont avec les ministères pour infléchir la loi, ça demande beaucoup d’investissement » explique le néo-député. « Je ne comprends pas comment faisaient ceux qui cumulaient. La loi qui a mis fin au cumul a été une réforme extrêmement saine et positive » reconnaît le député gersois.

Cela veut-il dire pour autant qu’on ne voit plus les députés en circonscription, notamment ceux d’En Marche ? « Je ne peux pas vous répondre. Je fais partie d’un des seuls départements de France où les deux sortantes ont été reconduites (NDLR : elle-même pour le PS et Sylvia Pinel pour les Radicaux) » sourit Valérie Rabault. « La circonscription c’est l’essence même du travail. J’ai été élue pour avoir ce contact-là avec les citoyens. Les amendements que je dépose portent tous le nom de personnes que j’ai rencontrées sur le terrain » précise la présidente du groupe PS.

On ne fait pas bien la loi si on n’est pas sur le terrain »

Même si parfois c’est un peu périlleux niveau agenda, à l’image de la semaine dernière où la députée était en visite vendredi à Réalville jusqu’à 19h avant de s’envoler pour Paris, de siéger dans l’hémicycle pour la loi logement jusqu’au samedi 4 heures du matin et de redécoller vers sa terre d’élection pour le week-end. « Moitié en circo, moitié à Paris, je n’en démordrai pas » insiste Valérie Rabault. « On ne fait pas bien la loi si on n’est pas sur le terrain. L’amendement sur la revitalisation des zones rurales que j’ai déposé et qui a été accepté m’a été inspiré de la situation à Laguépie ».

Jean-René Cazeneuve sillonne également sa circonscription. « En amont des textes de loi, j’organise des tables rondes (formation professionnelle, agriculture) pour faire comprendre aux acteurs des secteurs concernés les enjeux spécifiques des lois. C’est un vrai travail de partage avec les concitoyens. » A l’occasion, une fois la loi votée, il assure aussi le service après-vente, pour « expliquer de façon pédagogique l’action du gouvernement ». Pour tout cela, il délocalise régulièrement sa permanence parlementaire à travers sa moitié de département.

Un boulot à temps plein à l’Assemblée et un boulot à temps plein dans sa circonscription »

Alors maintenant que le rythme est plus ou moins pris pour chacun d’entre eux, comment voient-ils l’année à venir ? « Je n’ai pas trop de perspectives » avoue Valérie Rabault. « Il y a plein de sujets qui pourraient arriver mais pour l’instant il n’y a rien sur la table. Nous allons nous pencher sur le vote de la loi de finance comme chaque année et puis il est aussi question d’une réforme constitutionnelle qu’on ne voit toujours pas arriver ».

Jean-René Cazeneuve, qui doit avoir des informations que n’a pas sa collègue socialiste, affirme en revanche : « quand on voit les lois qui arrivent, on voit le travail qui est devant nous ». « Après vous avez des implications très différentes d’un député à l’autre. L’hémicycle n’est pas toujours rempli. Certains sont déjà en logique de réélection… » Avant de conclure : « ce qui est sûr pour moi c’est qu’il y a un boulot à temps plein à l’Assemblée et un boulot à temps plein dans sa circonscription ».

Patrick Noviello (@patnoviello)