La ministre de la Santé assimile consommation de vin et de vodka. Le milieu viticole est en colère. La députée du Tarn, Marie-Christine Verdier-Jouclas, défend la position des producteurs du Gaillacois et demande à Agnès Buzyn de clarifier sa position.
La colère agricole ne se limite pas aux zones agricoles défavorisées. Un autre front existe du côté des viticulteurs. Dans le Bordelais, ou dans le Gaillacois, ce n’est pas l’attribution des subventions européennes qui met le feu aux poudres mais une déclaration de la ministre de la Santé.
Le 7 février dernier, Agnès Buzyn a été invitée sur le plateau de France 2 pour participer à un débat après la diffusion du film, La soif de vivre. L’ancienne hématologue a lancé une phrase qui met en colère les producteurs de vin :
L’industrie viticole laisse croire que le vin est un alcool différent…or, en terme de santé publique, c’est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, du whisky ou de la Vodka. Il y aura zéro différence
Ces propos ont immédiatement déclenché une levée de bouclier. L’ancien président du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux, Bernard Farges, a vivement réagi sur son compte Twitter.
Madame #Buzyn, si comme vous le déclarez, l’alcool est dangereux pour la santé, interdisez le.
Les français méritent mieux que vos propos hygiénistes et infantilisants.
La France sans ses vignes et sans ses vins, tous ses vins…c’est une autre idée de la France !— bernard farges (@FargesB) 10 février 2018
La grogne s’est également exprimée dans le Gaillacois. Les viticulteurs ont trouvé un porte-parole. La députée tarnaise, très active dans le milieu viticole, a interpellé la ministre de la Santé lors de la dernière séance des questions au gouvernement.
Marie-Christine Verdier-Jouclas appartient à la majorité. La députée tarnaise s’est bien gardée de rajouter une polémique à la polémique. La parlementaire En Marche ! a insisté sur le fait que la ministre de la Santé est dans son rôle en pointant les dangers de l’alcool. Mais la députée, dont la circonscription comprend des terres viticoles, pouvait difficilement rester silencieuse.
Marie-Christine Verdier-Jouclas s’est contentée de demander « une clarification ». A demi-mot, la députée suggérait sinon un mea culpa du moins un bémol. La ministre de la Santé s’est contentée, dans sa réponse, d’insister sur la lutte contre l’alcoolisme : deuxième cause de mortalité en France, 2 millions de personnes concernées.
Agnès Buzyn a justifié sa position en invoquant une obligation d’information. La ministre de la Santé assume et, sans répéter la phrase polémique, maintient ses propos.
Un geste d’apaisement est intervenu mais après la séance des questions au gouvernement. Au micro de France Inter, Agnès Buzyn, a confessé boire du vin et a vanté les vertus culturelles du breuvage produit dans la Gaillacois et les autres vignobles de l’Hexagone. Le message n’est pas passé inaperçu du côté des viticulteurs.
Rétropédalage Agnès Buzyn @MinSoliSante sur #Vin : « je parlais de molécule d’alcool, on peut trouver vertus culturelles, plaisir et talents », « j’aime beaucoup boire un verre de vin en situation conviviale, comme tout le monde » @vinetsociete @franceinterhttps://t.co/5CrDvTNq3Z pic.twitter.com/DUtETjb6sV
— Vitisphere-La Vigne (@lv_vitisphere) 14 février 2018
Laurent Dubois (@laurentdub)