05 Sep

Pour la gauche régionale, l’après LGV Paris-Toulouse a commencé

Pour les écologistes et le Parti de Gauche, la LGV Toulouse-Bordeaux est morte. Il faut rapidement un nouveau projet.

Photo MaxPPP

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Le ministre de la Transition Ecologique, Nicolas Hulot a enterré la ligne à grande vitesse (LGV) Toulouse-Bordeaux. Une évaluation doit être menée au niveau national s’agissant des infra-structures de transport. Mais un représentant de la majorité présidentielle précise que « de toute manière cela ne changera rien. Les collectivités favorables au projet nous parle de financement innovant. On ne voit pas ce que cela veut dire; Il n’y a pas d’argent et Toulouse est la seule ville en France dont décolle un avion pour Paris toutes les 20 minutes ».

Chez les amis écologistes de Nicolas Hulot, l’officialisation de la fin de la LGV n’est pas une surprise. Pour le président (EELV) du Bureau de l’Assemblée Régionale, Gérard Onesta, c’est une évidence :

Le projet est mort parce qu’il n’est pas finançable. Cela fait 15 ans qu’on répète que le projet est un fantasme. Si on nous avait écoutés, cela ferait des années qu’un train à grande vitesse serait arrivé à Matabiau ».

Gérard Onesta estime que le projet de LGV était compromis dès le départ. Le vice de conception se situe dans un financement improbable et les milliards d’euros nécessaires. Mais l’ancien vice-président du Parlement Européen va plus loin et met en cause le concept même de Grande Vitesse :

Toute l’Europe de la grande vitesse roule à 220-230 kilomètres heures et on voulait nous vendre un TGV qui roule à 330 kilomètres heures. Si on accepte une grande vitesse conforme à la norme européenne, cela change le prix. Si on met 3 heures 20 au lieu de 3 heures, la belle affaire !

Gérard Onesta critique également un projet qui transformait Toulouse en terminus. L’élu écologiste estime que cela n’avait pas de sens d’oublier un prolongement vers Montpellier. Maintenant que le requiem est dit, la principale question est la suite des événements. Sur ce point Gérard Onesta est pragmatique :

On peut continuer à faire des manifestations pour une LGV. Mais, dans 20 ou 30 ans, on continuera à attendre un TGV. Des gens ont fait des promesses. Mais politiquement on a le droit de se tromper et de le dire, ce n’est pas grave. On doit trouver une porte de sortie honorable.

Dans les rangs du Front de Gauche, des propositions alternatives sont mises en avant. Elles seront défendues dans l’hémicycle du conseil régional. Guillhem Seyriès déclare :

La LGV c’était une chimère et ceux qui l’ont défendu becs et ongles ont simplement réussi à nous faire perdre du temps. Ce qu’il faut c’est doubler certains tronçons pour améliorer le temps de  trajet. Si on met 3 heures 40 au lieu de 3 heures 15, avec les économies réalisées on pourrait maintenir des trains de nuit, développer la ligne POLT (ndlr Paris Orléans Limoges Toulouse) dont le devenir est en danger

La LGV aura tout de même réussi un petit exploit politique. Celui de mettre sur les mêmes rails, la gauche régionale. Gérard Onesta et Guilhem Seyriés siègent dans le même groupe, Nouveau Monde. Mais l’écologiste et l’élu du France Insoumise votent rarement ensemble et s’opposent quasi-systématiquement. S’agissant de la LGV Toulouse-Bordeaux, les deux voix convergent. Mais elles vont fatalement se heurter à la détermination et à l’engagement pro-TGV de la présidente d’Occitanie, Carole Delga.

Laurent Dubois (@laurentdub)