Depuis 2012, l’Assemblée Nationale publie l’utilisation de la réserve parlementaire. L’enveloppe 2016 a permis aux député(e)s de distribuer 81,6 millions d’euros. Chaque parlementaire est libre de choisir le bénéficiaire et le montant des subventions. Comment les député(s) d’Occitanie ont-ils géré leur pactole ? Existe-t-il des rentes de situation, des anomalies ou de simples bizarreries ? Réponse
Au niveau national, 52% de la réserve parlementaire a permis de financer des projets locaux et notamment la rénovation de bâtiments. 42% des subventions attribuées par les député(e)s sont allées dans les caisses d’association sportives ou culturelles. En Occitanie, ce ratio n’est pas toujours respecté. Trois député(e)s consacrent l’intégralité de leur réserve parlementaire à des travaux. Un autre consacre 90% de son enveloppe à la « pierre ».
Les « bâtisseurs » : Kléber Mesquida, Jean-Claude Perez, Sylvia Pinel et Philippe Martin
Le député de l’Hérault, Klébert Mesquida, le député de l’Aude, Jean-Claude Perez, et la députée du Tarn-et-Garonne, Sylvia Pinel, ont un point commun. Leurs réserve parlementaire est exclusivement dédiée à la rénovation de bâtiments ou à la réalisation de travaux.
Klébert Mesquida consacre 130 000 euros à une réfection de voirie (12 000 euros), à l’accessibilité de la mairie de Berlou (50 000 euros) ou encore à la création de toilettes publiques accessibles à des personnes à mobilité réduite (12 000 euros).
Sylvia Pinel est moins généreuse que Klébert Mesquida. Le montant des subventions s’élève à 84 217 euros. Mais, comme son collègue de l’Hérault, la députée du Tarn-et-Garonne fait dans l’isolation thermique d’une salle des fêtes (6717 euros), la réhabilitation de vestiaires d’un stade municipal (12 000 euros) et l’installation d’un plateau ralentisseur sur une route départementale (4280 euros).
Le député de l’Aude, Jean-Claude Perez, comme Sylvia Pinel, fait travailler les entreprises du bâtiment et les artisans de sa circonscription (réfection de toitures, rénovation de l’éclairage public). Mais il injecte plus d’argent dans l’économie locale que la députée du Tarn-et-Garonne : 110 724 euros.
Enfin sur la dernière marche du podium, catégorie « bâtisseur », on trouve le Gersois Philippe Martin. L’ancien ministre distribue 15 subventions pour un montant global de 129 000 euros. Sur cette somme, 11 000 euros vont à la Fédération du Secours Populaire (8000 euros) du Gers et à une association de retraités agricoles (3000 euros). Deux subventions sont donc dédiées à autre chose que la réfection d’un cimetière (1000 euros) et à la mise aux normes des pédiluves de la piscine municipale de Lombez (30 000 euros).
Philippe Martin n’est pas à 100% sur les travaux et les projets locaux. En revanche si on retient le critère du montant des investissements, le Gersois est quasiment ex-aequo avec Klébert Mesquida (130 000 euros) et devant Jean-Claude Perez (110 724 euros) et Sylvia Pinel (84 217 euros).
Les amis des médias
La réserve parlementaire est souvent perçue comme un moyen d’aider des scouts et des clubs de boule. C’est une réalité. Le député du Gard, Gilbert Collard, finance « la boule joyeuse » (5 000 euros), l’aveyronnaise Marie-Lou Marcel aide le Sport Quille de Naucelle (2000 euros) et son collègue Yves Censi verse 1000 euros aux scouts de France de son département.
Mais des députés sont plus originaux et investissent dans les médias.
Le grand gagnant est le club de la presse de Montpellier. Cette association de professionnels de la presse a perçu, en 2016, 26 000 euros au titre de plusieurs réserves parlementaires de plusieurs députés de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales.
En période électorale et à quelques semaines de la campagne des législatives, le financement de professionnels de la presse est peut-être considéré, par les (généreux) députés, comme un investissement productif.
Le donateur le plus important est le député de l’Hérault, Patrick Vignal : 12 000 euros. Christian Assaf verse 6000 euros dans les caisses du club de le presse de Montpellier. Jean-Luc Roumegas verse 5000 euros pour la protection des Gorilles au Congo. Mais le député de l’Hérault n’oublie pas le faune journalistique locale et donne 2000 euros. La députée Fanny Dombre-Coste donne 5000 euros.
Enfin, dernier donateur, Fernand Sire (député des Pyrénées-Orientales) verse 1000 euros au club de la presse de Montpellier.
Des député(e)s ne financent les professionnels de la presse. Ils se contentent d’aider des radios. Les sommes sont beaucoup plus modestes et les médias en question sont (généralement) de petites structures. Des structures qui fonctionnent sur un modèle associatif.
C’est le cas du député du Tarn, Philippe Folliot (1000 euros, Radio Lacaune), de la députée du Tarn-et-Garonne Valérie Rabault (1500 euros, Radio Asso), d’Elie Aboud (Hérault, Radio Ciel Bleu, 1000 euros) et de la députée-présidente de Région, Carole Delga (7000 euros, Radio Présence Pyrénées).
Le reine des fêtes de quartier et des clubs sportifs : Laurence Arribagé
Quasiment tous les député(e)s financent des fêtes de quartiers et des clubs sportifs. En dehors de Kléber Mesquida, Sylvia Pinel et Jean-Claude Perez, tous les parlementaires d’Occitanie font dans le « sportif » et le « festif ».
Catherine Lemorton est une spécialiste de la santé et finance un centre de santé toulousain (La case santé, 60 000 euros) et le comité pour la santé des exilés (10 000 euros). Mais la députée de la Haute-Garonne aide également un club de rugby, le Toulouse Electrogaz Club (TEC, 10 000 euros).
Pour un(e) député(e) difficile de passer à côté d’une fête locale ou d’un festival sur sa circonscription. Deux exemples parmi une demi-douzaine d’autres, la députée de la Haute-Garonne Martine Martinel et le festival « Saison d’Elles » (7000 euros) ou encore Marie-Lou Marcel et le festival « Estat Poulit » (2000 euros).
Il existe une spécialiste des clubs sportifs et des fêtes de quartier. Il s’agit de la députée Haute-Garonnaise, Laurence Arribagé.
La parlementaire détient le record d’Occitanie du nombre de bénéficiaires d’une réserve parlementaire : 56. Et ce sont les associations de commerçants, les fêtes de quartiers et festivals qui se taillent la part du lion. La facture n’est pas mirobolante : 19 500 euros.
C’est la liste qui est longue : Fête des commercants de la rue Croix-Baragon et de la rue des Arts (1500 euros), Fête des Moissons avec les Jeunes Agriculteurs (1500 euros), fête du quartier Saint-Michel (1000 euros), 8ème centenaire de l’ordre des Prêcheurs (2000 euros), fête du centre commercial Firmis (1000 euros), fête des commerçants de Camille Pujol (2000 euros), fête de quartier rue du Languedoc (1000 euros), fête des 30 ans de l’association sportive Hersoise (2000 euros), festival Jerkov (4000 euros), festival des Etoiles et des Ailes (5000 euros).
Laurence Arribagé est députée mais aussi adjointe au sport à la mairie de Toulouse. Cela explique le second axe fort : les clubs sportifs.
La subvention allouée au bridge club de la Côte Pavée (1000 euros) n’entre pas forcément dans cette catégorie. Même si l’organisation de tournois de bridge peut se révéler sportive. Mais aucun doute s’agissant du Balma Sporting Club (2000 euros), du club athlétique Balmanais (2000 euros), de la Ligue Midi-Pyrénéenne de tennis (2000 euros), du club de judo Balma Saint Exupéry 31 (2000 euros), de l’Association sportive et culturelle de Montaudran (1000 euros).
Comme ses collègues d’Occitanie, elle finance aussi de la « pierre ». 2819 euros ont été versés pour améliorer des locaux scolaires à Dremil-Lafage. Mais, dans le catalogue à la Prévert que constituent les réserves parlementaires. C’est bien la reine des subventions sportives et festives.
Laurent Dubois (@laurendub)