27 Fév

Présidentielle : Insoumission, mode d’emploi

Jean-Luc Mélenchon et Liêm Hoang Ngoc conseiller régional NGS et auteur de "Un insoumis devrait dire ça..." Photo Max PPP

Jean-Luc Mélenchon et Liêm Hoang Ngoc conseiller régional NGS et auteur de « Un insoumis devrait dire ça… » Photo Max PPP

« Un bréviaire clé en main », c’est ainsi que Liêm Hoang Ngoc, conseiller régional Nouvel Gauche Socialiste en Occitanie, décrit son ouvrage. Mais l’économiste de formation au-delà de livrer des éléments de langage souvent imparables, porte un regard acéré sur les finances publiques et les choix politiques qui les ont régies ces dernières années.

A l’heure où la rupture semble être consommée entre Mélenchon, dont l’auteur est le conseiller économique, et Hamon, le constat est sans appel : « l’horizon de la plupart d’entre eux n’est plus le socialisme, c’est-à-dire le contrôle de la production et de la répartition des richesses par les salariés, pour les salariés. La recomposition politique du pays a commencé ».

Le revenu universel coulé

Un peu plus loin dans le livre, Liêm Hoang Ngoc explique aussi comment la réforme de l’impôt façon Hollande n’a pas eu lieu et appelle au « grand soir fiscal ». Une fois Hollande essoré, le manuel de l’insoumission économique n’épargne pas non plus Benoît Hamon. Son cheval de bataille de « revenu universel » est descendu en flamme. « Allouer à chaque citoyen (qu’il soit riche ou pauvre) un revenu universel de 750 euros (…) en supprimant la protection sociale obligatoire permettrait même de supprimer une fois pour toute la cotisation sociale considérée comme une « charge », d’augmenter substantiellement les profits et de concéder des miettes aux pauvres ».

Je vous laisse découvrir également le chapitre sur « le salaire à vie et la sécurité sociale intégrale » où l’on apprend au passage que 68% des ayants droits au RSA n’y ont pas recours… Un chapitre où l’auteur formule en revanche des options très claires notamment sur « l’Etat employeur en dernier ressort » ou la réorientation du CICE.

La France n’a plus de politique industrielle

Autre phrase définitive mais qui fait réfléchir : « la vérité est que la France n’a plus de politique industrielle » et qu’elle a renoncé à aménager le territoire. « Les Pôles de compétitivité régionaux ont pris le relais, dans une logique purement girondine où l’interaction entre PME innovantes et universités rendues « autonome » devait accoucher de régions en concurrence les unes avec les autres. Las, les flux financiers consacrés aux pôles de compétitivité sont constamment restés faibles et le financement des universités autonomes n’intéresse aucune entreprise privée. »

Comment créer de l’emploi alors ? Le temps de travail reste encore trop élevé selon le conseiller régional NGS. Les 35h façon Aubry auraient créés 350 000 emplois. Mais aujourd’hui, « la France reste bloquée au-dessus de 40 heures. Cela est dû au recours aux heures supplémentaires.» « Pour enclencher une dynamique de créations d’emplois, seule une baisse substantielle de la durée effective est de nature à libérer les plages horaires nécessaires pour l’embauche massive de travailleurs supplémentaires ». Et le « plein-emploi » de surgir dans la conclusion.

Utopies ou solutions ?

Je rassure ceux qui auraient peur de tomber sur une retranscription du programme économique de Jean-Luc Mélenchon, même si quelques concepts pourront fleurer bon l’utopie pour « certains éditorialistes ou économistes non hétérodoxes », cet ouvrage ouvre des perspectives et les idées développées le sont suffisamment clairement pour faire réfléchir. Bref ce petit livre peut largement éclairer tout un chacun sur les politiques économiques publiques en général. Mais « un insoumis devrait dire ça » au format très pratique va surtout rapidement être dans toutes les poches des militants pro-Mélenchon en campagne. C’était le but.

 

Patrick Noviello (@patnoviello)