Et si l’Occitanie vivait son premier et dernier Noël. Le scénario paraît surréaliste. Mais la Région Occitanie née en janvier 2016 pourrait ne pas survivre (dans sa forme actuelle) à l’élection présidentielle de 2017 C’est inscrit (noir sur blanc) dans le programme de François Fillon. Le candidat de la droite souhaite revoir les nouvelles frontières régionales. Un de ses portes paroles intègre l’Occitanie dans les régions concernées. La Nouvelle-Aquitaine, l’Auvergne-Rhône-Alpes sont dans la liste. Mais le territoire issu de la fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon est également cité. Quels sont les contours de cette réforme programmée ? Peut-elle devenir réalité et secouer un édifice qui existe depuis le 1er janvier 2016 ? Eléments de réponse.
« Parmi les nouvelles régions, certaines sont équilibrées, d’autres sont notoirement trop vastes. Il faudra les réduire« . Dans le programme de François Fillon, l’intention est claire. Le candidat de la droite à l’Elysée et favori des sondages, veut revenir sur la création des grandes régions. François Fillon était opposé à la réforme menée par François Hollande. Le vainqueur de la primaire passe de l’opposition verbale aux promesses de campagne et annonce la couleur.
Une question essentielle restait en suspens. Quelles sont les régions concernées ? La réponse a été donnée, le 12 décembre, par le porte parole national et délégué aux territoires de François Fillon. Dans les colonnes d’un site régional d’information, Yves d’Amécourt déclare :
Il faudra revoir le redécoupage des plus grandes régions, cela concerne notamment la Nouvelle Aquitaine et l’Occitanie.
Ces nouveaux coups de ciseaux passent par un « redécoupage à la marge, en bordure des régions« . Concrètement, il s’agit de faire glisser des départements. Yves d’Armécourt évoque le Gard (« les gens se sentent divisés entre l’Occitanie et Paca« ), les Pyrénées-Orientales (« les gens se posent des questions« ) et le Gers.
Le calendrier n’est pas encore défini mais l’objectif sera de mettre en évidence le sentiment des départements vis-à-vis de leur appartenance aux différentes régions.
Le président du bureau de l’assemblée régionale d’Occitanie; Gérard Onesta, est plus que sceptique sur la faisabilité d’une telle réforme :
Détacher le Gers ? Pour le donner à qui, vu que Fillon trouve déjà la Nouvelle Aquitaine trop grande ? Et quid de la Lomagne qui est totalement tournée vers Toulouse. Détacher les Pyrénées-Orientales ? Pour les rattacher à qui ? A PACA sans continuité territoriale ? A la Generalitat de Catalunya ? Pour leur donner une autonomie avec statut régional plein et entier ? Chiche ! Et quid du Fenouillèdes qui n’est en rien catalan ? Détacher le Gard ? Mais quid des Cévennes et du Vidourle qui sont totalement languedociens ?
Gérard Onesta ne récuse pas l’idée d’un ajustement. Mais le représentant de la Région Occitanie récuse la méthode Fillon :
On peut toujours imaginer d’utiles ajustements mais raisonner par département « en bloc » sans comprendre qu’il faut une approche plus fine par bassins de vie, avec consultation des populations et pas simplement des élus, ajouterai des aberrations à des aberrations de la loi NOTRe (ndlr loi nouvelle organisation des territoires de la République). Ré-ouvrir le dossier territorial par le prisme de la cartographie serait ridicule.
A Toulouse, dans la plus grande métropole d’Occitanie, la réaction est également négative. Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, plaide pour la stabilité.
Trop souvent, à chaque changement de majorité, on défait ce que la majorité précédente a fait. La France a besoin de stabilité pour mieux grandir
Un reformatage de l’Occitanie est totalement virtuel. C’est de la (pure) politique fiction. Pour devenir réalité, François Fillon va devoir remporter l’élection présidentielle. Mais, plus difficile encore, le potentiel futur président devra surmonter un obstacle redoutable : l’épreuve du pouvoir. Avant même de rentrer à l’Elysée, François Fillon a du mettre de l’eau dans sa potion électorale sur la sécurité sociale. L’organisation territoriale est beaucoup moins sensible et mobilisatrice que l’assurance santé. Mais c’est une évidence. Il existe toujours un fossé (et parfois un gouffre) entre les paroles et les actes.
Le début d’un (éventuel) quinquennat Fillon risque d’être marqué par d’autres priorités que les frontières de l’Occitanie ou de la Nouvelle Aquitaine. François Fillon veut supprimer les 35 heures et réviser la fiscalité. Ces priorités peuvent fournir l’excuse d’un joli enterrement de premier classe.
D’ailleurs, contacté par France 3 Midi-Pyrénées, l’entourage de François Fillon se contente d’une réaction : « le redécoupage des régions, tout cela est prématuré ».
Laurent Dubois (@laurentdub)