La primaire n’est pas terminée et les législatives sont déjà sur la table. La victoire programmée (ou du moins annoncée) de François Fillon sur Alain Juppé rebat les cartes. François Fillon a toutes les chances de remporter la primaire et il publiquement a annoncé la couleur. Le député de Paris va revoir les investitures aux législatives. François Fillon estime qu’il n’est pas tenu par le casting établi par Nicolas Sarkozy. Quel est l’ampleur du jeu de chaises musicales ? Élément de réponse
La victoire n’est pas acquise. Mais François Fillon est ultra-favori. Le second tour semble « plié » d’avance. Face à Alain Juppé, l’ancien premier ministre dispose de deux atouts massifs : une véritable dynamique politique et une arithmétique en béton armé. Une confortable avance sur son rival et les (simples) reports de voix sarkozystes suffisent (sur le papier) à plier le match. Les élections peuvent toujours déjouer les prévisions les plus solides.
Néanmoins, à une surprise Fillon peut difficilement succéder une surprise Juppé. François Fillon sera, très probablement, le candidat de la droite pour la présidentielle de 2017. A ce titre, il revendique un droit de regard sur les investitures aux législatives. Ce point n’a pas échappé à des élus d’Occitanie. Au lendemain de l’écrasante victoire de François Fillon au 1er tour de la primaire, ils s’interrogent. Des dossards risquent de changer de « propriétaires ».
Cette interrogation (parfois teinté de crainte) repose sur une déclaration de François Fillon. Le dimanche 26 juin 2016, le député de Paris a précisé qu’il « regarderait ces investitures, en fonction notamment évidemment de l’efficacité électorale, mais aussi en fonction d’un certain nombre de critères éthiques« . La ligne de François Fillon est très claire. Le vainqueur de la primaire a un droit de regard sur les investitures. Cette revendication n’a pas échappé aux principaux concernés.
Le représentant de François Fillon en Haute-Garonne, Jean-Marie Belin confirme une réouverture des dossiers. Un nouvel examen qui est d’ailleurs (également) prévu par Alain Juppé. Du côté du représentant du maire de Bordeaux, on relativise l’influence et l’impact d’un réexamen des investitures. Pierre Esplugas estime que cela « concerne une quinzaine de cas et aucun en Haute-Garonne. Ils sont concentrés en Bretagne« . En revanche, s’agissant de François Fillon, c’est beaucoup moins évident.
Jean-Marie Belin se contente de préciser : « François Fillon n’a pas le même chiffre qu’Alain Juppé et surtout il ne se limite pas à un espace géographique (NDLR la Bretagne)« . François Fillon a sanctuarisé les investitures des sortants. Laurence Arribagé, en Haute-Garonne, ou l’Aveyronnais Yves Censi peuvent être tranquilles. En revanche, d’autres « investis » ne disposent pas de l’immunité des parlementaires.
Ainsi, en Haute-Garonne, une (très) proche de la (sarkozyste) Laurence Arribagé pourrait avoir la tête sur le billot. Il s’agit de Christine Gennaro-Saint sur la 2nde circonscription. Un « filloniste » pourrait prendre la place. Xavier Spanghero (délégué LR de la 5ème circonscription) ne croit pas à cette hypothèse : « cela reviendrait à créer un conflit et le Capitole (ndlr Jean-Luc Moudenc) ne le vivrait pas forcément bien« .
Un « fillloniste » donne des gages. Jean-Baptiste de Scorraille est élu (dans la majorité de Jean-Luc Moudenc) à la Métropole et il est le représentant de Sens Commun (émanation de la Manif Pour Tous, hostile au mariage homosexuel). Il déclare : « comme secrétaire départemental adjoint des Républicains du 31, je maintiendrai le cap pour que l’unité de notre famille ne soit pas mise en cause« .
Des « sarkozystes » repentis préfèrent ne pas prendre de risque. Les ralliements à François Fillon se multiplient. La maire de Montauban, Brigitte Barèges est investie pour les législatives de 2017. Elle a annoncé, sur le plateau de France 3 Midi-Pyrénées, son ralliement à François Fillon.
Laurent Dubois (@laurentdub)