Le lieu est symbolique et un brin décalé. Ce jeudi 23 juin, l’opposition socialiste toulousaine a tenu une conférence de presse dans ses locaux contigus du… Crédit Municipal. Généralement, l’endroit accueille les personnes en manque d’argent et qui recherchent un prêt ou un crédit. Mais, pour une fois, le Crédit Municipal a servi d’écrin à un problème de riches. Les élus socialistes du Capitole (Pierre Cohen, Joël Carreiras, Romain Cujives, Isabelle Hardy) pointent l’existence d’une « cagnotte » municipale. Epargne abondante, surplus d’impôt, augmentation des dotations de l’Etat. Les opposants de Jean-Luc Moudenc veulent faire passer le maire de Toulouse à la « caisse ». Ils demandent une redistribution des surplus budgétaires.
Lundi 27 juin, le compte administratif de la mairie de Toulouse va être présenté en conseil municipal. L’opposition a épluché les chiffres. Pour Pierre Cohen, ils dévoilent le « discours mensonger et alarmiste » de Jean-Luc Moudenc sur l’état des finances toulousaines. La municipalité est, selon l’ancien locataire du Capitole, enfermée dans le « dogme de la dette zéro « . Cette ligne conduit à des restrictions pour les services publics et une augmentation de la fiscalité. Mais, selon Pierre Cohen, ce sont des faux arguments. Les caisses ne sont pas vides. Au contraire.
L’opposition socialiste chiffre l’épargne brute à 74 millions d’euros et parle d’un surplus d’impôt pour un montant de 38 millions d’euros. A ces enveloppes, Joël Carreiras ajoute une somme qui n’est pas inscrite dans le compte administratif. François Hollande a annoncé un gel des baisses de dotation de l’Etat. Cette mesure doit (mécaniquement) offrir 6 millions d’euros au Capitole. Cela correspond, selon l’ancien adjoint aux finances, à 3 points de fiscalité. Il pose une (vraie-fausse) question. Une question qui contient la réponse : « pourquoi ne pas répercuter ? « .
L’opposition met en parallèle les coupes dans les budgets des associations (-1,5 million d’euros) ou dans la masse salariale du Capitole (-13 millions d’euros par rapport au budget primitif) et les marges de manœuvres dont dispose la mairie. Des marges de manœuvres qui existent mais que Jean-Luc Moudenc refuse d’utiliser, selon son opposition, pour des raisons dogmatiques.
« Il y a un trop perçu de recettes, un surplus d’épargne qui a augmenté bien plus que la baisse des dotations de l’Etat et Jean-Luc Moudenc préfère ponctionner dans le pouvoir d’achat des Toulousains en remettant en cause la gratuité de la cantine ou en réduisant les services publics. Il s’enferme dans le dogme de l’investissement exclusivement par l’épargne (ndlr sans recourir à l’emprunt). Nous sommes la seule ville de France à agir de la sorte. Il n’y a pas une seule autre ville qui fait cela » déclare Pierre Cohen.
Les socialistes ne sont pas les seuls à tenir ce discours. Les Écologistes et le Parti Communiste sont exactement sur la même ligne. C’est toute la gauche municipale qui entonne un air bien connu en Angleterre : I Want My Money Back. Rendez-moi mon argent.
Réponse du détenteur de la « cagnotte » demain. Après le point presse d’EELV (mardi 21 juin), du PCF (mercredi 22 juin) et du PS ce 23 juin, ce sera au tour de Jean-Luc Moudenc de s’exprimer sur ce sujet.
Laurent Dubois (@laurentdub)