Les lignes bougent. Suite à la perte de l’Idex, la présidente de l’Université de Toulouse a écrit à Manuel Valls. La demande de rendez-vous n’a pas (encore ?) débouchée sur un entretien. Mais le secrétaire d’Etat en charge de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Thierry Mandon ouvre ses portes et se mobilise. Une réunion s’est déroulée la semaine dernière. Une nouvelle rencontre est prévue dans les prochains jours. Selon une source proche du dossier, « le gouvernement se pose désormais les bonnes questions« .
L’exclusion de Toulouse du label Initiative Excellence (Idex) a secoué la communauté universitaire de la Ville Rose. Un sentiment d’incompréhension teinté de rancœur a suivi l’annonce faite par le gouvernement. Dans le communiqué de presse officialisant la décision du jury international, Matignon évoquait des mesures d’accompagnement pour préparer la suite. Mais les universitaires toulousains ont surtout retenu une chose : le jury de l’Idex sanctionne Toulouse en raison de son modèle. Un modèle fédéral qui permet d’associer 3 universités et 17 grandes écoles.
Bref, le sentiment général se résume à un ressentiment : le problème c’est le « sectarisme » du jury et pas l’excellence toulousaine.
Visiblement, le secrétaire d’Etat entend et comprend le point de vue des universitaires toulousains.
Selon une source proche du dossier, Thierry Mandon a conscience du vice de l’Idex. Un vice qui se résume à un constat « statistique ». Instauré en 2011 par le gouvernement Fillon, le système devait permettre de « labelliser » 60 sites. Au final, en raison de la vision étroite du jury international, de grands pôles universitaires se retrouvent sur le bord de la route. Toulouse et Paris (ce qui suscite d’ailleurs la fureur de la présidente de Région Île-de-France, Valérie Pécresse) sont exclus alors que Nice est labellisé.
Il reste maintenant l’essentiel. Traduire la prise de conscience gouvernementale en acte.
Ce n’est pas évident. Par définition, le jury de l’Idex est un jury indépendant. Un infléchissement de sa politique de labellisation ne peut pas être dictée (ou simplement insufflée) par le gouvernement.
Le gouvernement pourra toujours mettre des moyens ou de la souplesse sur la table. Si le jury continue à imposer le modèle de la fusion, la même cause produire la même conséquence : Toulouse et Paris resteront aux portes de l’Idex.
Autre hypothèse. Une neutralisation (de fait) de l’Idex. Après la présidentielle de 2012, des syndicats ont demandé l’arrêt du projet Initiative Excellence. Quatre ans plus tard, va-t-on arriver implicitement à ce résultat ? Le secrétaire d’Etat, Thierry Mandon, va-t-il proposer aux pôles universitaires non labellisés de continuer leur route en cultivant leurs particularités et en renforçant leurs modèles locaux ?
Un universitaire toulousain est dans cette optique : « nous sommes parfaitement près à aller plus loin dans le modèle de notre confédération« .
Laurent Dubois (@laurentdub)