« L’argent rend fou et le vote d’un budget peut faire péter les plombs à un ministre ». C’est en tout cas ce que prétendent plusieurs conseillers départementaux du Tarn-et-Garonne. Les 12 et 13 avril dernier, le conseil départemental est en session budgétaire. Il s’agit de voter les enveloppes financières pour un département présidé pendant 30 ans par Jean-Michel Baylet. L’ex-président est dans l’hémicycle.
Il a trouvé un peu de temps dans son agenda de nouveau ministre de l’Aménagement du Territoire, de la Ruralité et des Collectivités Territoriales. Selon un élu, cette présence n’est pas heureuse : « Il aurait mieux fait de ne pas venir. Son comportement a été indigne d’un ministre« . Un incident avec le président de la commission des Finances du département a crée une polémique et un vrai malaise. Y compris dans les rangs du groupe Radical de Gauche de Jean-Michel Baylet.
Maîtrise de la dette et des impôts, subventions aux communes. La session budgétaire du Conseil Départemental du Tarn-et-Garonne ressemble à toutes les sessions budgétaires de tous les conseils départementaux. Mais, à Montauban, la séquence prend une tournure très particulière. Un ministre participe à la séance et le ministre en question a occupé pendant des décennies le fauteuil de président du département. Désormais dans l’opposition, suite à une défaite encore fraîche (avril 2015), Jean-Michel Baylet a pris le soin de se déplacer. Ce qui, d’ailleurs, surprend ses collègues Tarn-et-Garonnais. Il passe toute la matinée à plancher sur les dossiers budgétaires.
Le ministre prend même la parole et prononce un discours qui va déclencher une bronca. Selon un participant, les premiers propos de Jean-Michel Baylet sont intéressants et même pertinents. Le ministre évoque la situation des finances départementales. Mais, d’un seul coup, c’est le dérapage. Jean-Michel Baylet attaque frontalement le président de la commission des Finances, Gérard Hébrard. Le ministre le traite d’incompétent sur un ton méprisant.
Cette attaque frontale et personnelle déclenche l’indignation de certains conseillers départementaux et la stupéfaction des propres amis de Jean-Michel Baylet. La présidente du groupe PS intervient. Dominique Sardeing-Rodriguez précise qu’elle réagit en son nom propre et dénonce le comportement de Jean-Michel Baylet. Les socialistes ne vont pas voter le budget présenté par Gérard Hébrard. Mais, s’agissant de la sortie de Jean-Michel Baylet, leur représentante prend ses distances et soutient le président de la commission Finance.
Des applaudissements venus de la droite salue le « recadrage » de l’élue socialiste. Jean-Michel Baylet réagit immédiatement : « on sait pourquoi ». Le sous-entendu est transparent. L’ancien président du département pointe une collusion entre le PS et la droite départementale. Une collusion (en forme de trahison) qui serait à l’origine de la perte d’un département entre les mains de la famille Baylet (mère et fils) depuis 1970.
La réaction spontanée de Jean-Michel Baylet face à la « réaction-indignation » de Dominique Sardeing-Rodriguez est révélatrice. Visiblement, dans l’esprit du ministre, la page n’est pas tournée et les comptes sont loin d’être soldés.
En tout cas, le dérapage (in)contrôlé du ministre a plongé la session budgétaire du conseil départemental dans un (vrai) malaise. Un malaise qui a perduré après le départ (vers 11 heures 30) de Jean-Michel Baylet et qui s’est même invité dans les discours de clôture. L’immense majorité des orateurs (toutes tendances confondues) ont tenu à manifester leur soutien au président de la commission des Finances.
Au final, le budget (350 272 371 euros) a été voté. 17 voix « pour » dont 1 PRG. En revanche, du côté de Jean-Michel Baylet, c’est plutôt un « solde négatif » qui ressort de cette intervention au conseil départemental.
Laurent Dubois (@laurentdub)