Une affaire pour initiés. Mais une affaire qui met du sel sur les plaies. Selon nos informations, la résidence administrative du nouveau Directeur Général des Services, Simon Munch, est à Montpellier. En soi, c’est une donnée purement formelle. Mais, dans un contexte de tension entre montpelliérains et toulousains, c’est une goutte de plus dans une potion amère.
La nouvelle présidente de Région, Carole Delga, a promis que la Fusion préserverait les équilibres entre les deux anciennes régions. Mais côté ex-midi-pyrénées, les fonctionnaires et les élus font les comptes et pointent un net avantage pour Montpellier et les ex-languedociens.
La notion de résidence administrative est une notion technique. Elle concerne le lieu d’exercice des fonctions. Sur le papier, Toulouse est le siège des services régionaux. En bonne logique, le patron de ces mêmes services devrait donc être administrativement domicilié dans la ville Rose. Mais, visiblement, ce n’est pas le choix retenu.
Les conséquences concrètes sont limitées. La notion de résidence administrative concerne les déplacements, les ordres de mission, les remboursements de frais. C’est d’ailleurs probablement ce dernier point qui explique l’option montpelliéraine. Le nouveau Directeur Général des Services, Simon Munsch, habite toulouse et le fait d’être domicilié à Montpellier permet le défraiement des déplacements. Même s’il dispose d’une voiture fonction et donc ne règle pas de sa poche les péages et peut profiter d’une cantine (créée par Georges Frêche) à l’Hôtel de Région.
Malgré tout, une résidence administrative montpelliéraine passe mal à Toulouse. Simon Munsch n’est pas en cause. Dans les couloirs de l’hôtel de Région ex-midi-pyrénéen, le personnage passe plutôt bien. Des agents et des élus régionaux parlent d’électricité dans l’air entre le cabinet de la présidente de Région et les services. Mais, du côté du DGS, l’acclimatation est décrite comme positive.
En revanche, le simple fait que le DGS soit domicilié (administrativement) à Montpellier ravive l’impression que les ex-languedociens ont mis la main sur la Grande Région. Sur les bords de Garonne, agents et élus tiennent la comptabilité des services gérés par Montpellier : service des assemblées, environnement, développement durable, formation professionnelle, l’éducation, le sport, le personnel, l’informatique, les transports.
Toulouse conserve : le développement économique, l’agriculture, l’enseignement supérieur, la logistique, les services juridiques, les crédits européens. Lors du précédent mandat, celui de Martin Malvy, le transport, l’éducation et la formation professionnelle représentaient 75% du budget régional. Depuis la Fusion, ces services sont tombés dans l’escarcelle ex-languedocienne.
Un fin connaisseur des arcanes régionales chiffre le « ratio » Toulouse/Montpellier à 80-20. 80% des services et des enveloppes budgétaires sont dans le giron des ex-languedociens. 20% des services et des budgets sont rattachés aux ex-midi-pyrénéens.
C’est une belle compensation.
Les languedociens ont été farouchement hostiles à la réforme territoriale et à la création d’une Grande Région. Ils ont du plier suite au vote de la loi redécoupant les régions françaises. Apparemment, les anciens « frondeurs » bénéficient d’une jolie revanche. Il la doive à une midi-pyrénéenne absolument pas rancunière : Carole Delga.
Laurent Dubois (@laurentdub)