13 Jan

Carole Delga : conflit de majorités (suite)

Dans un précédent article, Régionales 2015 a évoqué la pelote d’aiguilles constituée par la déchéance de nationalité. Carole Delga est face à un dilemme. La députée PS du Comminges doit voter (solidarité gouvernementale oblige) la réforme défendue par Manuel Valls.  Mais la présidente de Région est confrontée à une majorité de gauche et à un entourage qui sont hostiles au projet de Matignon. Mardi 12 janvier, à 11 heures, le groupe socialiste à l’Assemblée Nationale s’est réuni autour du premier ministre. Carole Delga était absente.

Carole Delga, présidente de Région et députée de Haute-Garonne

Carole Delga, présidente de Région et députée de Haute-Garonne

Au Palais-Bourbon, la réunion a été longue. Elle a duré plus de 2 heures. Selon un participant, le climat était apaisé et constructif. Manuel Valls a présenté le contexte et la feuille de route. La constitution d’un groupe de travail est évoqué. Christophe Borgel (numéro 3 du PS et député de Haute-Garonne) pondère : « pas vraiment un groupe de travail. Le président Urvoas (président de la commission des Lois) travaille ».

Jean-Jacques Urvoas, président de la Commission des Lois et Manuel Valls, premier ministre @MaxPPP

Jean-Jacques Urvoas, président de la Commission des Lois et Manuel Valls, premier ministre @MaxPPP

Le mardi 12 janvier, Carole Delga est en plein développement du haut débit, construction de collèges et sécurité des route. La présidente de Région assiste aux voeux du président du Conseil Départemental de la Haute-Garonne, Georges Méric. La députée du Comminges est loin d’être la seule absente. La salle réunissant les député(e)s PS est bondée. Mais beaucoup de parlementaires socialistes ont préféré les voeux de Jean-Christophe Cambadélis. Mauvais timing. Les deux événements se déroulent au même moment dans deux endroits distants de quelques centaines de mètres.

Le 4 février prochain, les travaux vont commencer à l’Assemblée. Le projet de texte sur la déchéance de nationalité va arriver sur les bureaux des députés. Carole Delga appartient à la Commission de la Défense. La députée du Comminges ne sera pas au coeur du chantier. C’est la commission des Lois et son président, Jean-Jacques Urvoas qui seront à la manoeuvre.

En revanche, lors du vote solennel à Versailles, les cérémonies de voeux seront terminées.

Impossible de ne pas se pronnoncer.

Laurent Dubois

 

 

 

Groupe UDI au Conseil Régional, Pierre Médevielle (sénateur Centriste) : « totalement inopportun »

C’est le feuilleton du début de mandat. La Nouvelle Assemblée Régionale va-t-elle compter dans ses rangs un groupe UDI ? Un élu Centriste est fermement opposé à cette hypothèse. Ancien membre de l’UMP et sénateur UDI de Haute-Garonne, Pierre Médevielle est un des opposants au projet. Avec son collègue Alain Châtillon (UDI mais qui siège dans le groupe LR au Sénat) et le maire Les Républicains de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, c’est un des acteurs du blocage. Dans une interview exclusive, Pierre Médevielle explicite sa position.

Pierre Médevielle. sénateur UDI de la Haute-Garonne

Pierre Médevielle. sénateur UDI de la Haute-Garonne

Régionales 2015-Le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde travaille à la création d’un groupe UDI au Conseil Régional. Que pensez-vous de cette initiative ?

Pierre Médevielle. C’est totalement inopportun. C’est le point de vue homogène et unanime des trois sénateurs du département (NDLR Haute-Garonne), Alain Châtillon, Brigitte Micouleau (LR) et moi même. Nous avons vécu une campagne des régionales difficile. Ce n’est pas le moment de rajouter une division à la désunion. La création d’un groupe est une décision parisienne. Pendant les régionales, Paris a souhaité retirer l’investiture UDI à Dominique Reynié. Paris a également souhaité que Dominique Reynié se retire entre les deux-tours. Nous sommes opposés, Alain Châtillon, et moi-même à ces décisions. Cela aurait fait le jeu du Front National. Paris ne connait pas les enjeux locaux et ferait mieux de consulter les sénateurs du département. Dans le sud, nous avons l’esprit cathare et nous n’écoutons pas forcément les parisiens.

Régionales 2015-Pensez-vous que, malgré les pressions nationales et la menace d’exclusion dont vous faites l’objet, un groupe UDI peut voir voir le jour ? 

Pierre Médevielle. Cela parait compliqué. Deux élus UDI du Conseil Régional (Marielle Garonzi et Anne-Sophie Monestier) sur les cinq ne souhaitent pas participer à un groupe autonome. Dès lors, il faudrait trouver des alliances et je ne trouve pas cela cohérent.

Propos recueillis par Laurent Dubois

11 Jan

Carole Delga : conflit de majorités

Cette semaine, Carole Delga a deux rendez-vous nationaux. Jeudi 14 janvier, à 17 heures, la nouvelle présidente de Région doit rencontrer le premier ministre, Manuel Valls. Mais le mardi 12 janvier, un autre évenement parisien, beaucoup plus sensible, est également marqué sur son agenda. Il s’agit d’une réunion du groupe PS à l’Assemblée. Cette dernière date est capitale.

Demain, la présidente-députée va devoir ouvrir le dossier brûlant de la déchéance de nationalité. Carole Delga se retrouve entre le marteau gouvernemental et l’enclume d’une majorité régionale de gauche hostile à une réforme législative de la nationalité. Son positionnement va donner le ton de sa présidence. Carole Delga présidente de Région ou députée de la majorité de François Hollande ? 

(Photo : AFP)

(Photo : AFP)

Députée et présidente de Région. Les deux casquettes ne sont pas simplement difficile à coiffer. Elles peuvent carrément virer au casse-tête. Le cumul des mandats de Carole Delga passe mal. Y compris au sein du PS. Mais, avec la réforme voulue par François Hollande sur la déchéance de nationalité, la position de la présidente (socialiste) de Région se complique. Carole Delga va devoir prendre position. Au risque de troubler sa majorité régionale.

Mardi 12 janvier, à 11 heures, le groupe socialiste au Palais-Bourbon, doit arrêter sa position sur le projet de loi présenté par le premier ministre. Les débats vont être animés. Des députés de la majorité sont prêts à entrer en rébellion. En Haute-Garonne, la présidente de la commission des affaires sociales, Catherine Lemorton est claire. Elle ne votera pas le texte. La députée ne sera pas la seule.

D’autres parlementaires PS n’ont pas envi de mêler leur vote à ceux du FN et de la droite.

Quelle va être la ligne de Carole Delga ?

Selon une source, la présidente-députée est dans l’expectative. Elle est plongée dans un dilemme. Le passage de Carole Delga au gouvernement devrait clore le débat. L’ancienne ministre de Manuel Valls devrait être « vallsiste » (ou plutôt légitimiste) et voter la réforme. Mais ce n’est pas aussi simple. A 600 kilomètres de Paris, à Toulouse et Montpellier, l’entourage et la majorité de la présidente de Région a le coeur à la gauche de la gauche. La déchéance de nationalité n’est vraiment pas la tasse de thé de la garde rapprochée et des alliés de Carole Delga.

French Prime Minister Manuel Valls (R) sits along side Carole Delga (L), junior secretary of state for trade, crafts and consumer goods and Alain Rousset, president of the French Regions Association (ARF), on October 10, 2014, at the start of the French Regions Association's 10th congress, in the city of Toulouse. AFP PHOTO / PASCAL PAVANI

Carole Delga et Manuel Valls, photo @AFP

Un président de groupe issu des rangs des Frondeurs (Christian Assaf). Une vice-présidente influente et omniprésente appartenant à la gauche du PS (Nadia Pellefigue). Une majorité composée d’élus Verts dont le parti va voter contre la déchéance de nationalité. Des représentants du Front de Front de Gauche allergiques à la réforme Hollande-Valls.

Ce « cocktail » pèse forcément.

La position de la députée Delga aura nécessairement un impact sur la présidence de Carole Delga.

L’ancienne présidente du groupe Front de Gauche au Conseil  Régional est catégorique.

Pour Marie-Pierre Vieu, c’est évident :

« La position de Carole Delga peut avoir une conséquence sur la cohésion de sa majorité (régionale). Si elle fait de la politique, elle ne votera pas la déchéance. Ce serait un moyen d’asseoir son autorité. Pendant toute la campagne, Carole Delga a donné des gages pour montrer que l’on va ancrer le territoire à gauche.

Selon nos informations, l’entourage proche de Carole Delga partage ce point de vue. La solidarité gouvernementale doit céder face aux considérations régionales. Et ce n’est simplement un souhait. C’est un engagement. Dans l’accord d’entre-deux-tours, les partenaires de Carole Delga ont fait graver dans le marbre un principe de base : l’autonomie du régional face au national.

Un des signataires, Guilhem Seyriès (Parti de Gauche) invoque souvent l’exemple de l’aéroport de Blagnac. Pour le représentant de Jean-Luc Mélenchon, Martin Malvy (l’ancien président PS de Midi-Pyrénées) s’est aligné sur Bercy et Emmanuel Macron. La majorité de gauche de Carole Delga ne veut pas revivre cette expérience.

Elle peut être raisonnablement optimiste. Martin Malvy ne dépendait pas de ses « camarades » Rouges et Verts.

D’après nos informations, Carole Delga n’a pas encore tranché. Mais la présidente n’a pas besoin d’attendre pour faire un constat : le cumul des mandats ça ne facilite pas vraiment la vie.

Un dossier aussi chaud que la déchéance de nationalité ne va pas se présenter tous les matins. Mais, de manière moins explosive, d’autres sujets peuvent embarrasser la présidente-députée. C’est la rançon du cumul.

Laurent Dubois (@laurentdub)

PS : Trop de débat tue le débat ?

François Hollande : candidat légitime à la Présidentielle ? AFP PHOTO / ALAIN JOCARD

François Hollande : candidat légitime à la Présidentielle ? AFP PHOTO / ALAIN JOCARD

Après un référendum sur l’union à gauche pour les Régionales, des tribunes sur la déchéance nationale, voici maintenant la question d’une éventuelle Primaire avant la Présidentielle. A trop vouloir donner l’image d’un parti ouvert où le débat a sa place, le Parti Socialiste apparaît de plus en plus difficile à cerner et surtout se fabrique des divisions qui risquent de lui coûter cher en vue des futures échéances électorales.

 

A quoi peut donc servir de compter ses forces alors que le parti gère plus que jamais en Midi-Pyrénées les principales collectivités locales (cinq départements sur huit et la Région) et constitue désormais au plan national quasiment l’unique noyau dur de la majorité gouvernementale ? Quel intérêt à affaiblir un peu plus un François Hollande qui compte plus que jamais sur le redressement de l’emploi pour valider sa candidature ?

 

Dans la foulée de la présidentielle de 2017 se profilent aussi les Législatives. Là encore les socialistes ultra-majoritaires sur notre région vont sans doute remettre en jeu un certain nombre de sièges, entre ceux qui ne se représenteront pas et ceux qui laisseront leur mandat, cumul oblige. La bataille interne aux investitures a déjà commencé. Il faut donc bien choisir son camp voire son courant et éventuellement faire entendre sa voix.

 

N’y-a-t-il donc pas au fond qu’une seule question qui tienne : qui soutient Hollande et qui ne le soutient plus ?  C’est d’ailleurs peut-être la seule interrogation qui peut intéresser les électeurs. Et encore… Parce que tout le reste ne constitue qu’une sorte de cuisine interne n’ayant pour seule conséquence véritable que de complexifier voire de dévaloriser un peu plus la chose politique.

 

Parce que pour la gauche comme pour la droite, elle aussi écartelée sur sa Primaire, l’équation à deux inconnues est identique. Une fois élu, le chef n’est-il voué qu’à se faire planter des couteaux dans le dos ? Avant même de travailler à son mandat, le candidat choisi ne prépare-t-il pas déjà ses coups pour la future échéance électorale ?

Patrick Noviello

07 Jan

Un groupe UDI à la Région : le (contre)poids de Jean-Luc Moudenc

L’UDI réaffirme son intention de constituer un groupe dans le nouveau Conseil Régional. Cet objectif se heurte aux pressions du maire LR de Toulouse, Jean-Luc Moudenc. Il est surtout conditionné par le règlement intérieur de la nouvelle Assemblée. D’après nos informations, le seuil est fixé à 4 élus. Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon devrait rejoindre les autres régions françaises et se doter d’un groupe UDI.

Jean-Luc Moudenc maire de Toulouse

Jean-Luc Moudenc maire de Toulouse

« Si le Règlement Intérieur le permet, nous allons constituer un groupe UDI. C’est conforme à un vote du bureau exécutif de l’UDI mais également à un vote du bureau exécutif des Républicains ». Mercredi 6 janvier, en début d’après-midi, Joseph Francis est dans l’expectative. Quelques heures après sa déclaration téléphonique, ce proche de Jean-Christophe Lagarde va obtenir la réponse à ses interrogations sur le nouveau Règlement Intérieur de la nouvelle Assemblée Régionale.

Dans l’après midi du 6 janvier, Carole Delga, Gérard Onesta et le directeur de cabinet de la présidente de Région, Laurent Blondiau ont planché sur le règlement qui a été envoyé dans la soirée aux élus régionaux. Le nouvel article 52-R précise : « le nombre minimal d’élus pour constituer un groupe est de 4 ».

Ce nouveau seuil (il était de 6 élus dans l’ancien règlement intérieur de Midi-Pyrénées) rend optimiste les membres de l’UDI. Pourtant c’est loin d’être évident. Le président du parti, Jean-Christophe Lagarde, a multiplié les SMS et les coups de fils. Mais la tâche est ardue. Le maire LR de Toulouse, en dépit des accords électoraux signés avec l’UDI, est un farouche défenseur d’un groupe uni et unique de l’opposition. Jean-Luc Moudenc « retient » notamment un de ses adjoints (UDI) au Capitole, Jean-Jacques Bolzan.

Jean-Christophe Lagarde. Président de l'UDI

Jean-Christophe Lagarde. Président de l’UDI

Il ne faut rien exagérer. Jean-Luc Moudenc n’est pas le seul verrou. Mais il pèse beaucoup. Malgré une discrétion affichée, le maire de Toulouse continue à tirer les ficelles. Jean-Luc Moudenc est à l’origine de la procédure d’investiture de Dominique Reynié. Il a soufflé (pour ne pas dire dicté) la composition de la liste haute-garonnaise. Une fois les urnes rangées et l’élection passée, il veille au grain et bloque la constitution d’un groupe UDI au Conseil Régional.

Pour un fin connaisseur de la droite toulousaine, cet interventionnisme ne traduit pas forcément un soutien forcené envers Dominique Reynié. C’est plutôt une défense de l’unité de l’opposition et la volonté de contrôler ce qui passe dans l’espace politique « moudicien ». Peut-être aussi un réflexe aussi vieux que la politique. Faire barrage à l’émergence de personnalités qui pourraient se servir de la scène régionale comme d’un tremplin.

Dans ce contexte hostile, la constitution d’un groupe UDI reste aléatoire.

L’élection de la Commission Permanente, lundi 4 janvier, du nouveau Conseil Régional a suscité des aigreurs. Mais les fils aux pattes sont solides. D’après nos informations, ce groupe encore virtuel pourrait d’ailleurs aller au-delà de l’UDI. Des Modem et même du côté de LR des élus sont prêts à franchir le rubicon. Selon une source, le compte est bon. Néanmoins, la prudence s’impose.

Jean-Jacques Bolzan est toujours entre l’enclume Lagarde et le marteau Moudenc. Il n’est pas du tout évident qu’il saute le pas. Le verdict tombera le 18 janvier lors de la prochaine Plénière et de la création des groupes.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Simon Munsch nouveau Directeur Général des Services de Carole Delga

Carole Delga continue à constituer ses équipes. Après la nomination de Laurent Blondiau à la direction du cabinet, c’est un Directeur Général des Services venant des Pays de la Loire qui doit prendre ses fonctions.

Simon Munsch futur Directeur Général des Services de la Grande Région

Simon Munsch futur Directeur Général des Services de la Grande Région

Selon nos informations, Simon Munsch va succéder à l’actuelle DGS de Midi-Pyrénées, Josiane Dubreuil. Proche de l’ancien président de la Région Pays de la Loire, Jacques Auxiette, Simon Munsch est diplômé de l’Institut Politiques de Strasbourg et c’est un ancien élève de l’Institut National des Etudes Territoriales. Administrateur territorial, Simon Munsch a fait toute sa carrière au sein de la Région Pays de la Loire : Directeur Général des Services depuis septembre 2013 et auparavant au Secrétariat Général et à la direction Finances.

Ce jeune trentenaire aura la lourde tâche de piloter la Fusion des deux anciennes régions, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Qui se cache derrière la pétition contre le cumul des mandats de Carole Delga ?

C’est une pétition qui circule sur internet depuis le début de la semaine : elle réclame la démission de Carole Delga de son mandat de députée de la Haute-Garonne, qu’elle va désormais cumuler avec sa nouvelle fonction de présidente de la grande région.

(Photo : AFP)

(Photo : AFP)

D’après les initiateurs de cette pétition, elle aurait recueillie plus de 600 signatures en 48 heures.

Mais justement, qui est à l’origine de cette pétition ?

Sur le site demissionmandats-delga.com, aucune mention des auteurs du texte. Le visuel, le texte d’argumentation ou la fiche contact (une simple boîte postale) n’indiquent l’identité des auteurs.

L'un des visuels de la pétition en ligne

L’un des visuels de la pétition en ligne

« Oui, c’est bien le Front National qui est à l’origine de cette pétition, confirme à France 3 Julien Léonardelli, le patron du FN 31 et nouveau conseiller régional. L’initiative émane de la fédération de Haute-Garonne et a été reprise par les 40 élus FN-RBM du conseil régional Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées ».

Problème : rien n’indique sur la pétition le nom du FN. Certains signataires auraient-ils été bernés ?

Sans doute et pas des moindres. Quant nous lui indiquons que la pétition émane du FN, la députée PS de Haute-Garonne Monique Iborra tombe de sa chaise. Lundi 4 janvier, elle avait partagé le lien de la pétition sur son compte facebook. 

Le post facebook que Monique Iborra a ensuite supprimé.

Le post facebook que Monique Iborra a ensuite supprimé.

En froid avec le PS notamment depuis qu’elle a soutenu Philippe Saurel aux régionales, la députée reconnait ignorer l’origine de la pétition. Même si sur le fond elle s’oppose au cumul des mandats de Carole Delga, elle « ne souhaite pas diffuser quoi que ce soit du FN. Je n’ai pas besoin d’eux pour exprimer ce que je pense ». Avoir avoir été informée par nos soins de l’origine de la pétition, elle l’a supprimée de sa page facebook !

Pourquoi une bonne idée cesserait-elle de l’être simplement parce qu’elle émane du FN ? (Julien Léonardelli).

« Il n’y a aucune volonté de se cacher, affirme Julien Léonardelli. Même si l’initiative vient du Front National, nous avons voulu élargir cette pétition au-delà de nos rangs, car il y a des gens dans tous les partis, même à gauche, qui pensent que gérer une région immense de 13 départements tout en restant députée d’un territoire comme le Comminges, c’est impossible ! Et puis pourquoi une bonne idée cesserait-elle de l’être simplement parce qu’elle émane du FN ? Nous avons dit, nous, en tant que premier groupe d’opposition, que quand Carole Delga aura des bonnes idées à la région, nous voterons pour ! ».

J’ai toujours dit que je souhaitais rester députée jusqu’à la fin du mandat, je ne me représenterai pas en 2017″ (Carole Delga).

Sur le fond, la question du cumul des mandats de Carole Delga est effectivement transverse. Lundi, 4 élus de gauche (du Parti de gauche et de la Nouvelle gauche socialiste) ont refusé de participer au vote pour la présidence de la région reprochant à Carole Delga de conserver son mandat de députée et donc de ne prendre son indépendance vis-à-vis de la politique gouvernementale.

Sur France 3, lundi soir, la présidente de région s’est de nouveau expliqué sur ce sujet :

Cette pétition a donc peu de chances de faire changer d’avis Carole Delga. Quant aux pétitionnaires, ils ne peuvent plus désormais ignorer qui est à l’origine de cet appel à signatures.

Fabrice Valéry (@fabvalery)

05 Jan

Les Finances entre les mains de l’opposition : c’est non ?!

La commission des Finances attribuée à l’opposition. Dominique Reynié le demande. Alain Rousset l’a fait. La jurisprudence Aquitaine va-t-elle s’appliquer en Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon. D’après nos informations, Carole Delga ne va pas suivre la ligne de son voisin aquitain. Les Finances doivent revenir à une socialiste tarnaise, Claire Fita.

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La mesure est symbolique et pour Dominique Reynié c’est une évidence. La commission des Finances doit être présidée par l’opposition. Pour le politologue aveyronnais, cette attribution est conforme au discours de Carole Delga sur le renouvellement de la gouvernance. Sans parler des positions de ses partenaires de gauche sur la modernisation de la vie publique.

Ces arguments ne manquent pas de poids. D’ailleurs, dans les rangs de « Nouveau Monde », on reconnaît un fait : « a priori nous sommes favorable à une présidence de commission par l’opposition. Nous l’avons dit tout au long de la campagne ».

Néanmoins, le passage des paroles aux actes se heurte à deux obstacles. Le premier est purement politique. Le groupe d’opposition le plus important est celui du…Front National. Avec ses 40 élus, le FN est la principale force d’opposition dans le nouveau Conseil Régional. Conformément aux traditions des assemblées (parlementaires ou locales), c’est donc au Front National que devrait revenir la présidence d’une commission.

Il s’agit d’une simple tradition. Elle n’est gravée dans aucun texte. Il est toujours possible de la contourner en choisissant la frange minoritaire de la minorité régionale. Mais cette option présente un risque : une polémique publique et un Front National qui crie à la discrimination.

Comme le reconnait un membre de la majorité parlementaire, « on n’a pas envi de faire ce cadeau au FN qui va encore se victimiser et prétendre que nous ne sommes pas des vrais républicains ». Un autre ajoute :  » si on choisit le groupe de droite à la place du FN, le FN va nous renvoyer au visage ses 30% au second tour ».

La présidence de Carole Delga débute avec un tangage autour du cumul des mandats.

Quatre représentants de la « majorité plurielle » se sont même abstenus lors de l’élection de la présidente socialiste. Dans un communiqué de presse, ces élus de « Nouveau Monde » ont justifié leur boycott par leur rejet d’un cumul qui touche plusieurs membres de la majorité régionales (Carole Delga mais aussi la 1er vice-présidente Sylvia Pinel et le président du groupe PS, Christian Assaf). Inutile d’en rajouter.

Mais, un fin connaisseur des arcanes régionales ajoute un autre élément. La présidence de la commission des finances est promise à une socialiste tarnaise : Claire Fita. Cette nomination « compense » l’attribution d’une vice-présidence à un autre tarnais : l’écologiste Guillaume Cros.

Claire Fita et Carole Delga

Claire Fita et Carole Delga

Le subtil jeu des équilibres territoriaux serait contrarié par l’entrée en piste de l’opposition. Bien évidemment, il peut toujours exister des lots de consolation. Mais impossible d’éviter un effet domino. L’attribution des vice-présidences et l’élection de la Commission Permanente ont soulevé suffisamment de frustrations. Notamment en Haute-Garonne et particulièrement dans le Comminges. Pourquoi en rajouter ?

Pour un élu de la majorité, c’est clair et net. Il le déclare sans détour : « Carole Delga va refuser ».

Laurent Dubois

 

 

 

Laurent Blondiau, ancien proche de Georges Frêche, nommé directeur de cabinet de Carole Delga à la région

L’ancien journaliste et directeur de la communication de Georges Frêche, fin connaisseur de la gauche du PS et homme de l’ombre de la campagne de Carole Delga va diriger le cabinet de la nouvelle présidente. Plutôt qu’un technicien connaissant parfaitement les rouages de l’administration, Carole Delga a choisi un homme qui porte une double casquette : politique et communicant.

Laurent Blondiau (Twitter)

Laurent Blondiau (Twitter)

Carole Delga a confirmé ce mardi à France 3 Midi-Pyrénées l’information donnée dès lundi 4 janvier par Laurent Dubois : c’est Laurent Blondiau qui va diriger le cabinet de la présidente de la nouvelle grande région.

Connaisseur de la gauche du PS

Discret, l’homme est un fin connaisseur du monde politique et notamment de la gauche, ce qui lui sera utile pour gérer une région avec une majorité « plurielle ». Originaire du nord de la France, il a fait une partie de ses études à l’université du Mirail à Toulouse où il a notamment croisé Marie-Pierre Vieu et Pierre Lacaze, deux piliers du PCF puis du Front de Gauche en Midi-Pyrénées.

Mais son parcours en politique a surtout été marqué par un passage dans le premier cercle de Georges Frêche à Montpellier dont il a été le directeur de la communication. On le voit notamment comme l’un des personnages centraux du documentaire « Le Président » d’Yves Jeuland, réalisé durant la campagne des régionales de 2010, notamment dans cet extrait où il est assis face à Frêche :

Connaisseur de la gauche, du PCF au PS, mais aussi des écologistes : en 2014, il conseillait José Bové pour sa communication durant la campagne des Européennes et a même été approché par Gérard Onesta pour diriger sa campagne pour les régionales de décembre dernier. Finalement, les deux hommes n’ont pas travaillé ensemble, Laurent Blondiau préférant conseiller Carole Delga pour sa stratégie de communication.

Stratège en communication

Laurent Blondiau est un ancien journaliste. Il a notamment travaillé à L’Humanité. En termes de communication politique, c’est donc, on l’a vu, auprès de Georges Frêche qu’il a travaillé. Il a ensuite rejoint l’agence montpelliéraine Wonderful, spécialisée dans la communication, où il est toujours directeur associé, chargé notamment du département institutionnel.

Laurent Blondiau dispose d’un gros carnet d’adresses dans les médias, notamment côté Languedoc-Roussillon. Durant la campagne de ces élections régionales, il se dit qu’il a été le « modérateur » de Carole Delga, celui qui a tempéré les interventions médiatiques de la candidate, notamment au plus fort de la crise sur la « présidence déléguée » pendant l’été.

L’interface entre les composantes de la majorité

Communicant et politique, les deux casquettes de Laurent Blondiau vont lui servir pour diriger le cabinet de la présidente. Il lui faudra être l’interface entre les différentes composantes de la majorité de gauche. En même temps, sa connaissance de la stratégie en communication pèsera sur la manière dont la nouvelle région et sa présidente présenteront les grands dossiers (dont certains sont sensibles comme la LGV, l’emploi, etc) aux médias et à la population.

Fabrice Valéry (@fabvalery) et Laurent Dubois (@laurentdub)

03 Jan

Un député de l’Hérault futur président de groupe PS à la Région

Nouvelle année et nouvelle région. Depuis le 1er janvier, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon forment une seule et unique collectivité.  Le premier acte de cette fusion va se dérouler demain, lundi 4 janvier. Au menu de cette séance historique, l’élection d’une nouvelle présidence et des autres membres de l’exécutif.

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Sans surprise Carole Delga et ses 15 vice-présidents doivent être élus. En revanche, dans le nouvel organigramme qui se met en place, certains noms ne sont pas encore publics. C’est le cas, notamment, des présidents de groupe. D’après nos informations, « Nouveau Monde » a validé le choix d’une co-présidence paritaire, associant un élu des Pyrénées-Orientales et une élue de Haute-Garonne. Au parti-socialiste, c’est Christian Assaf qui doit être élu à la présidence du groupe.

Christian Assaf, député de l'Hérault et conseiller régional

Christian Assaf, député de l’Hérault et conseiller régional

Député de l’Hérault, secrétaire national adjoint aux élections aux côtés de Christophe Borgel, Christian Assaf est classé à la gauche du PS. Proche d’Arnaud Montebourg, ce montpelliérain a travaillé aux côtés de Georges Frêche (en tant que chargé de mission puis directeur de cabinet) et a (co)dirigé la campagne des Régionales d’Hélène Mandroux en 2010.

D’autres profils pouvaient correspondre à une présidence de groupe. Notamment celui de Nadia Pellefigue. La conseillère régionale doit être élue demain vice-présidente en charge du Développement Economique, Recherche, Innovation et Enseignement Supérieur. Mais ce « portefeuille » n’était pas incompatible avec la présidence du groupe.

Le président (sortant) du groupe PS en Midi-Pyrénées, Thierry Suaud était également un choix possible.

Finalement, c’est l’option Assaf qui s’est imposée.

Le choix d’un parlementaire national risque de faire grincer des dents.

Dans un communiqué de presse en date du dimanche 2 janvier, des partenaires de gauche de Carole Delga interpellent publiquement la future présidente de Région et sa 1ère vice-présidente, Sylvia Pinel, sur la question du cumul des mandats.

Dans ce contexte, l’élection d’un député à la présidence du groupe socialiste ne va pas calmer la grogne.

Lors du débat parlementaire sur le pacte de Stabilité, Christian Assaf a rejoint le groupe des Frondeurs en refusant de voter le texte défendu par Manuel Valls. Ce gage de « gauchitude », cette « gauche attitude » peut plaire aux alliés communistes ou mélenchonistes de Carole Delga. Mais ce n’est pas évident que cela estompe le chiffon rouge d’un profil de cumulard.

Laurent Dubois