Samedi, la candidate socialiste a présenté les grandes lignes de son programme économique face à des chefs d’entreprise. C’était lors du Forum Forces d’Innovation pour l’Emploi dans notre région. Plus d’incantations que d’outils concrets. Mais Carole Delga a le mérite d’ouvrir enfin la bataille des propositions.
« Nous allons changer d’échelle » lance en introduction de son discours l’ancienne secrétaire d’Etat en charge de l’artisanat, au cas où certains ne l’aurait pas encore compris. Elle inscrit dès le début de son allocution la région comme « chef de file pour l’action pour le développement économique ». La loi Notre était moins claire que cela sur cette compétence. Carole Delga s’en empare, comme la plupart des autres candidats.
« Dès le mois de janvier, je lancerai une large consultation auprès des acteurs économiques et de la recherche, des syndicats des réseaux consulaires et d’un spectre large de parties prenantes, afin de coproduire la stratégie régionale de développement économique et d’innovation. » Voilà de quoi mettre l’eau à la bouche de l’assistance. « Et après ? » comme aurait dit un célèbre intervieweur qui nous manque.
La commande publique ne devra pas faillir
L’ancienne ministre reconnaît une « période de crise de l’investissement ». Elle prévient donc : « la commande publique ne devra pas faillir. La nouvelle région ne devra marquer aucun temps mort. » Des mots qu’elle avait déjà du adresser aux professionnels des Travaux Publics qui l’avaient invitée la semaine dernière à leur Assemblée Générale. Et la candidate socialiste d’asseoir sa légitimité : « en raison de ma connaissance du fonctionnement régional, je serai la plus à même de remplir ces missions. Je garantirai, dans l’intérêt général, une continuité dans la mise en œuvre des dossiers ». Sous-entendu, ne pariez pas sur l’inconnu…
Et concernant ces investissements attendus, la LGV y compris Toulouse-Narbonne et Montpellier-Barcelone est clairement évoquée de même que le « numérique pour tous ». Technologie toujours, Carole Delga s’engage à créer deux « cités des start-up », l’une à Montpellier, l’autre à Toulouse. Le « pas de jaloux » est resté au cœur de l’exposé de la Commingeoise que ce soit entre les deux métropoles, entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ou entre villes et campagnes. Ces Régionales ne devront décidément oublier personne ou plutôt ne froisser aucun territoire.
L’ancienne locataire de Bercy n’a pas non plus oublié un de ses anciens domaines de tutelle, l’économie sociale et solidaire, collaborative ou circulaire « au service de nouveaux modèles d’entreprises ». Nouveauté et tendance encore, à côté des filières où « notre région est en pointe (agriculture, agro-alimentaire, santé, aéronautique et spatial), la région doit soutenir des projets d’innovation selon Carole Delga : e-santé, drones et avions du futur etc…
Défendre un patriotisme économique régional
La région compensera mais ne pourra pas tout faire, budget oblige. La candidate sollicitera donc l’Etat quand c’est possible, à l’image de l’enveloppe d’un milliard d’euro que la Caisse des dépôts vient de dégager pour l’économie littorale : « avenir des stations balnéaires, des ports, des logements à rénover, des aménagements côtiers à réaliser pour faire face à l’érosion de la côte et se protéger des catastrophes naturelles ».
Et puis on votera pour ces régionales en plein sommet international sur le climat, une nouvelle occasion donc pour démontrer que développement économique et environnement font bon ménage. Priorité aux énergies nouvelles donc dans le carnet de route éco de Carole Delga : « filière hydrogène, biogaz, biocarburants éolien, géothermie ». Bref ça ca va chauffer mais dans le bon sens du terme.
L’éolien continue à avoir le vent en poupe. Exemple concret cité : le projet off-shore au large de Gruissan. Le littoral préservé et producteur d’énergie propre mais aussi voire surtout une véritable manne touristique. Pour Carole Delga, la nouvelle région « dispose de tous les atouts pour devenir leader dans l’économie du bien-être et créer des milliers d’emplois dans l’économie touristique. »
La région aide, subventionne mais elle doit aussi « mobiliser des fonds privés et impulser la constitution de fonds d’investissements régionaux ». « La région doit favoriser la compensation et non la tutelle ( …) optimiser financement public et financement privé ». La tête de liste PS-PRG donne un gage de réalisme en ouvrant le prisme des ressources financières au-delà de l’Etat ou des collectivités territoriales. « Trop souvent, nous ne sommes pas assez fiers de ce que nous sommes » conclue-t-elle en appelant à « défendre un patriotisme économique régional». Bref une ligne très Macron mais avec des accents de Montebourg, de quoi capitaliser des soutiens.
Patrick Noviello