Dans le Tarn-et-Garonne, la désignation de la tête de liste de Philippe Saurel prend une dimension particulière. A priori, l’investiture de Rose Cambon n’a rien de spectaculaire. Le nom de la jeune psychoclinicienne de Nègrepelisse n’éveille rien de particulier. Cette militante socialiste (encartée depuis une dizaine année) n’est pas connue en dehors du landerneau de la gauche tarn-et-garonnaise. Et encore. Sans responsabilité fédérale, certains de ses camarades ne la connaisse pas bien. Sans mandat local, Rose Cambon n’apparait pas dans le « Who’s Who » départemental. Son père, Jean Cambon, est une figure historique du département. Mais la fille est un nouveau visage.
Pourtant, comme le pronostique un socialiste, cette investiture va faire scandale.
La personnalité de Rose Cambon n’est pas en cause. La nouvelle « saurélienne » est décrite comme quelqu’un de posé, sachant s’exprimer et ayant une vraie fibre de gauche. Ce qui va secouer le « cocotier », c’est son profil.
Rose Cambon était une co-listière de Carole Delga. Elle s’est retirée il y a quelques jours. Ses camarades du PS 82 ont reçu un mail. Un mail dans lequel elle a annoncé et expliqué sa décision. Cette démission n’est pas la seule. Un autre socialiste, Michel Benazet, un « vieux » militant qui a été de toutes les campagnes quitte également la liste du PS. Il était le deuxième homme après Patrice Garrigues.
Dans ce contexte, la « bascule » de Rose Cambon résonne comme une crise interne au PS 82. Une crise qui n’est pas liée à la tête de liste régionale, Carole Delga. Ce sont les relations avec le PRG et l’attribution de la tête de liste départementale à Sylvia Pinel qui mettent le feu aux poudres.
Les socialistes tarn-et-garonnais ont l’impression d’être, une nouvelle fois, sacrifiés sur l’autel des intérêts de Jean-Michel Baylet. Ce n’est pas nouveau. Mais c’est la fois de trop. Cela fait des années que le psychodrame dure. Mais l’émergence du trublion Saurel confère une nouvelle tournure à cette vieille grogne.
Sans la candidature de Philippe Saurel, la colère se serait limitée au secret de l’isoloir ou à une désertion des marchés. Les « frondeurs » n’auraient pas glissé un bulletin « Pinel » dans l’urne. Au pire, ils se seraient « contentés » de boycotter la campagne.
Le maire de Montpellier exploite et profite de ces tensions.
Un temps, avant le choix de Rose Cambon, le nom de Jean-Philippe Bésiers a circulé. D’après nos informations, la maire de Castelsarrasin a été approché et il a reculé face à un problème de cumul des mandats. Pour Philippe Saurel, c’était une prise de choix, une prise symbolique. Jean-Philippe Bésiers a battu Sylvia Pinel lors des cantonales 2011. Il a également participé à la chute de Jean-Michel Baylet lors des dernières départementales.
En fait, le maire de Montpellier applique le principe « diviser pour s’imposer ». Face à une droite et un FN qui réalisent de bons scores, un schisme entre le PS et le PRG est tout bénéfice pour Philippe Saurel. L’investiture d’un Jean-Philippe Bésiers aurait optimisé cette opportunité.
Mais la désignation de Rose Cambon ne casse pas une dynamique favorable à Philippe Saurel. Dans le Tarn-et-Garonne, il y a un « troisième tour » dans le scrutin. Après la perte de son siège de sénateur et de la présidence du département, c’est le troisième tour d’un référendum anti-Baylet.
Philippe Saurel a de bonnes relations avec le patron du PRG. Mais, dans le Tarn-et-Garonne, son succès (électoral) est lié à une guerre interne à la gauche départementale. Une guerre qui risque de faire une victime collatérale : Carole Delga.
Laurent Dubois