Jean-Luc Moudenc reste loin des régionales. Son interventionnisme lors des départementales demeure un souvenir cuisant. Jean-Luc Moudenc reconnaît lui même que l’expérience se solde par « une déconvenue ». Le locataire du Capitole a laissé des plumes dans la mésaventure. Il en tire les leçons pour les Régionales et garde ses distances. Mais, dans le même temps, il intervient dans la mêlée. Entre détachement et investissement, Jean-Luc Moudenc est à la fois un acteur et un spectateur.
Jean-Luc Moudenc est à l’origine de la désignation de Dominique Reynié. C’est l’inventeur d’une procédure sans laquelle une personnalité comme celle de Dominique Reynié n’aurait jamais pu émerger. Une investiture « classique », par un parti et entre élus, ne laissait aucune chance au politologue. Jean-Luc Moudenc n’a pas fait élire Dominique Reynié. Mais, sans l’initiative de Jean-Luc Moudenc, Dominique Reynié n’aurait pas été investi.
Cette « paternité » est encore lourde à porter. Certaines personnalités de la Droite et du Centre lui reprochent encore d’avoir jouer à Frankenstein. Des frustrations et des ambitions blessées sont toujours à vif. Jean-Luc Moudenc n’a pas intérêt à jeter du sel sur les plaies. Il cultive désormais une certaine « réserve ». Il répète qu’il ne veut pas se mêler de Régionales qui ne le concerne qu’au second degrés.
D’ailleurs, lors de la dernière avec Nicolas Sarkozy, mercredi 16 septembre, les grands élus Républicains de la Grande Région se sont déplacés. Sauf Jean-Luc Moudenc. Problème d’agenda, c’est possible. Mais cette absence a été remarquée y compris par Nicolas Sarkozy. Le président des Républicains aurait d’ailleurs fait une observation sur un ton un peu « pincé ». De plus, ce n’est pas le premier empêchement du maire de Toulouse. Il a raté les deux précédentes rencontres.
Et pourtant, malgré tout, Jean-Luc Moudenc ne reste pas sur le banc de touche. S’agissant de la liste départementale en Haute-Garonne, il est même entré sur le terrain. D’après nos informations, ses interventions se sont pas formalisées. Elles sont ponctuelles, au cas par cas, en fonction des situations. Laurence Arribagé reste à la manoeuvre. Mais le maire de Toulouse n’est un simple spectateur.
Autre fait montrant que Jean-Luc Moudenc est un acteur des régionales : ses relations avec Philippe Saurel.
Le maire de Montpellier a discuté de son casting en Haute-Garonne avec le Capitole. Philippe Saurel ne voulait pas perturber l’équilibre politique du département en désignant une tête de liste qui poserait problème. Cette attitude n’est pas réservée à Jean-Luc Moudenc. Le leader des « Citoyens du Midi » a fait de même avec la maire d’Albi, Stéphanie Guiraud-Chaumeil. Mais, s’agissant de la Haute-Garonne, le « gentlemen’s agreement » repose sur des intérêts partagés.
L’avenir des deux présidents des deux métropoles (régionales) est lié. Ils sont confrontés à un risque : la concurrence de la future Grande Région. Une Grande Région qui grignote le périmètre métropolitain. Notamment sur la question des transports et du développement économique.
Le politique Moudenc peut faire le « service minimum » s’agissant des Régionales. Mais, dans le même temps, le maire de Toulouse ne peut pas se désintéresser du scrutin de décembre prochain. Cette ambivalence, le dosage de cet entre-deux correspond bien au tempérament et au style de Jean-Luc Moudenc.
Laurent Dubois