Début de Jacquerie ? Hier, Damien Alary a réuni ses cinq présidents de Chambre d’Agriculture. Objectif : « que Montpellier reste la capitale agricole de la future Grande Région ».Pas sûr que nos agriculteurs l’entendent de cette oreille même si le terme de « Capitale agricole » ne signifie pas grand chose.
« Je souhaite que Montpellier reste la capitale agricole et je demande que la Nouvelle Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt soit ici ». Le président de Languedoc Roussillon n’y est pas allé par quatre chemins hier lors d’une conférence de presse. Le décor est planté et Damien Alary laboure déjà le terrain des revendications des compétences. Le partage des pouvoirs entre Toulouse et Montpellier se négociera encore plus durement que les prix dans une foire à bestiaux.
« On est dans le jeu politique. On a vu le maire de Montpellier mettre la pression. Damien Alary veut montrer qu’il soutient sa capitale et l’Hérault. Mais au final ce n’est ni lui ni moi qui choisirons » tempère Jean-Louis Cazaubon. « Quand il dit « capitale » parle-t-il d’implantation de la chambre régionale ou de la DRAAF, parce que la DRAAF c’est l’Etat ! Nous chambres régionales, pour l’heure, on travaille ensemble à construire un projet » poursuit le président des agriculteurs de Midi-Pyrénées.
Capitale agricole
Souvenons-nous de cet échange courtois mais à fleuret moucheté entre les deux présidents régionaux de Chambre d’Agriculture lors de l’émission que nous avions réalisée au salon de la Porte de Versailles. Nous avions rendu l’antenne sur une saillie du languedocien Denis Carretier qui avait déclaré que Montpellier serait la capitale agricole de la future grande région. « C’est nous qui amenons la viticulture notamment, c’est normal qu’on soit la capitale. Vous verrez… » avait-il déclaré en substance.
En termes de chiffres, en revanche, Jean-Louis Cazaubon s’avère plus virulent. « Les chiffres qu’Alary avance sont faux. Pour ce qui est de l’agro-alimentaire, ou produit transformé, on est devant. Mais tout ça n’a pas d’importance. A l’arrivée, nous représentons 164 000 emplois et 14 milliards de chiffre d’affaire annuel »
L’agriculture un enjeu majeur en termes d’économie et d’emploi mais aussi de compétence au niveau de la gestion de la future grande région. Midi-Pyrénées s’affiche certes plus diversifiée mais les filières languedociennes sont fortes et bien implantées sur l’ensemble du pays. Il faudra aussi trouver des synergies, pourquoi pas sur l’élevage notamment et le vin bien sûr.
Sud de France
Un début de coopération qui pourrait débuter sous l’égide de « Sud de France ». La marque languedocienne à laquelle n’était pas adossée notre région (associée jusqu’à présent avec Aquitaine sous le nom de « Sud-Ouest de France ») semble tenir la corde. « 3000 produits sont aujourd’hui labellisés par cette bannière. En comparaison, la marque Sud Ouest de France, n’en représente que 300 » insiste Damien Alary.
Ce terme de « Sud de France » a aussi ressurgi hier dans la bouche de Martin Malvy pour toute autre chose. Alors qu’il présentait la nouvelle campagne des grands sites touristiques de Midi-Pyrénées, le président de Midi-Pyrénées a évoqué un possible rassemblement des cinquante lieux à voir sur la future grande région sous cette appellation : « nous sommes le Sud de la France. C’est comme cela que l’on nous voit à Lille ou à Brest. Et c’est comme cela que l’on nous identifie aussi bien en Europe qu’ailleurs « .
Carcassonne ou Castelnaudary ?
« On va bâtir un projet régional et on va l’expliquer d’abord aux candidats puis aux futurs élus. Ça c’est plus important que la politique » conclut Jean-Louis Cazaubon. Ne parlons pas de capitale agricole. Quand il faudra se retrouver, on le fera dans un point central, Carcassonne ou Castelnaudary. »
Bref le terrain se prépare. La question agricole ne devrait pas rester longtemps en jachère d’ici décembre prochain. Mais là encore pas de grandes économies d’échelle à attendre dans la gestion. Les Chambres départementales devraient rester, proximité oblige. Quant aux identités des terroirs, pas question de les voir se faner. Tous ensemble mais chacun avec son identité, l’adage est valable en agriculture plus qu’ailleurs en vue de la fusion de fin d’année.
Patrick Noviello