Depuis juillet dernier, Carole Delga est redevenue députée de la République. Suite à sa démission du gouvernement et à son départ de Bercy, l’ancienne secrétaire d’Etat de Manuel Valls retrouve Paris et le Palais-Bourbon. Ce retour programmé n’est pas un simple retour. Carole Delga quitte son ancienne commission (les Finances) et intègre celle de la Défense.
Elue sur la VIIIe circonscription de Haute-Garonne en juin 2012, Carole Delga a laissé son siège à son suppléant le temps de son passage au gouvernement. Entre le 3 juin 2014 et le 17 juin 2015, Joel Aviragnet a représenté le Comminges à l’Assemblée Nationale. Le maire d’Encausse-les-Thermes siégeait à la commission des affaires sociales. Il a laissé le souvenir d’un parlementaire très présent et actif.
Carole Delga ne met pas ses pas dans ceux de son suppléant.
Au début de son mandat parlementaire, l’ancienne ministre était membre de la commission des Finances. Mais, à son retour, elle ne va pas la retrouver ni reprendre la place laissée vacante (aux Affaires Sociales) par Joel Aviragnet. Carole Delga intègre la commission de la Défense et des forces armées.
Ce n’est pas le seul changement.
Avant de quitter les bancs de l’Assemblée, Carole Delga était devant, en bas de l’Hémicycle, pas loin du banc des ministres. Désormais elle occupe la place 509. Une place moins exposée. Plus discrète.
Derrière ces questions pratico-pratiques se trouvent des considérations éminemment politiques. Une nouvelle commission ou une place dans l’Hémicycle peuvent paraître accessoire et même dérisoire. Mais, en réalité, c’est hautement stratégique.
Carole Delga est la tête de liste régionale du PS et du PRG sur un territoire de 72 000m2 et de 6 millions d’habitants. Une présence trop lourde au Parlement l’éloignerait d’une campagne très prenante et lourde à gérer. La commission de la Défense siège, comme toutes les commissions, toutes les semaines. Généralement, elles se réunissent le mardi ou le mercredi. Aux Affaires Sociales, c’est le mercredi à 9 h 30.
Le fait d’appartenir à la Commission de la Défense n’est pas synonyme de « Parlement buissonnier ».
Mais la charge de travail est moins lourde que dans l’ancienne commission de Carole Delga : les Finances. En effet, entre octobre et décembre, la préparation de loi de Finances rive à leurs sièges les députés de la commission des Finances. Octobre-décembre : c’est en pleine campagne des régionales.
Quand on est député(e) et tête de liste régionale, il est impossible de cumuler.
Carole Delga est libérée d’un fardeau qui aurait été plus léger mais tout aussi contraignant aux Affaires Sociales. Dans l’ancienne commission de son suppléant, des textes importants sont prévus pour les 3 prochains mois. Le gros chantier de la Réforme du Code du Travail est au programme.
A la différence de Sylvia Pinel (ministre toujours en exercice et très impliquée dans le scrutin des Régionales), Carole Delga a fait le choix de la clarté en dissociant fonction ministérielle et campagne électorale. En revanche, l’exercice de son mandat parlementaire est acrobatique et impose des concessions à son slogan « 100% dans les Régionales ».
Et ce n’est pas fini. En cas de victoire en décembre prochain, Carole Delga a annoncé qu’elle siégerait au Palais Bourbon jusqu’à la fin de la législature, en juin 2017. Députée-candidate n’est pas un métier de tout repos. Députée-Présidente de Région, cela relève carrément de l’épreuve olympique.
Laurent Dubois