Gérard Onesta a entamé l’été en pleine forme. Il aborde sa rentrée en parfaite santé. Fin juin, avant la trêve estivale, de bons sondages et un partenariat avec la « gauche de la gauche » ont « vitaminé » le leader écolo. Début septembre, après la coupure « juillet-aout », Gérard Onesta sort de l’hôpital. Comme tous les autres candidats, il a subi une batterie de tests pour rassurer le banquier qui va financer sa campagne. Gérard Onesta peut exhiber un cœur d’athlète. Mais surtout un moral de marathonien. Il en aura besoin pour affronter une campagne qui s’annonce nerveuse et éprouvante. Dans une interview exclusive, Gérard Onesta revient sur ses relations avec ses partenaires du Front de Gauche, ses relations avec le PS et l’état d’avancement du « Projet en commun ».
Régionales 2015 – Comment s’est déroulé votre été ?
Gérard Onesta. J’ai fait plein de choses et je viens de m’apercevoir ce matin que j’ai oublié un truc : prendre des vacances. Matin, midi et soir, à la plage et à la montagne, je n’ai pas décroché. Il n’y a pas eu de break. Je ne m’attendais pas à un été aussi dense. Nous avons fait le pari insensé de lancer une plateforme collaborative et cela a fonctionné au delà de nos espérances. Cela a occupé tout mon été.
Régionales 2015 – L’été a été marqué par une polémique autour de la création d’un poste de président délégué dans les exécutifs régionaux. Le gouvernement prévoit de faire voter une loi. Votre réaction ?
Gérard Onesta. Quand j’ai appris ce projet, j’ai regardé le calendrier pour vérifier que ce n’est pas le 1er avril. C’est totalement improbable. La classe politique qui se partage le gâteau avant les élections, c’est du jamais vu. Et, en plus, elle trouve que le gâteau n’est pas assez gros et elle rajoute une part. Avec le premier ministre qui monte au créneau. C’est plus qu’incroyable. Les socialistes veulent dé-fusionner ce qui vient d’être fusionné. On reconstitue le Languedoc-Roussillon en disant que c’est Damien Alary et que Midi-Pyrénées c’est pour Carole Delga. Absolument personne ne voit l’intérêt de la loi Alary à part Damien Alary. On le chargerait de la convergence des politiques régionales. Mais il existe 15 vice-présidents qui sont là pour ça.
Régionales 2015 – Votre université d’été vient de se terminer. Europe-Ecologie est divisé. Jean-Vincent Placé et François de Rugy ont déchiré leurs cartes en dénonçant une « gauchisation » des Verts. Vous avez un accord régional avec la « gauche de la gauche » cela va impacter votre campagne ?
Gérard Onesta. Les écolos sont divisés. Oui. Mais c’est 99% contre 1% et pas «50-50 ». Dans ma grande région, il n’y aurait pas 1 seul militant pour voter la motion Placé. Les médias se sont concentrés sur Placé et de Rugy alors qu’ils sont là pour faire leur pub. Je suis scandalisé de voir comment la presse est tombée dans le panneau. J’ai été présent du 1er au dernier jour de l’université d’Eté. Il y a eu des débats de très haute qualité et on se focalise sur 2 personnes dont la seule obsession est de grignoter des maroquins. En plus je vais vous dire. J’en avais marre de me faire engueuler sur les marchés parce que Placé , comme son nom l’indique, jouait perso.
Régionales 2015 – Les socialistes vous demandent de les rejoindre au 1er tour. Jean-Christophe Cambadélis, Manuel Valls et, en Midi-Pyrénées, Martin Malvy appellent à un accord sans attendre le 2nd tour. Votre opinion.
Gérard Onesta. Cela traduit une incompréhension de ce qui se passe dans le pays. Quand nous avons des listes séparées, il y a plus de voix pour la gauche et moins pour le FN. En revanche, si on se regroupe derrière le PS, il y a moins de voix pour la gauche et plus pour le FN. Une partie de l’électorat de gauche ne se reconnaît plus dans le PS et dans l’arrogance d’Emmanuel Macron. On n’a pas besoin d’un gouvernement de gauche pour avoir un Macron. Il pourrait être chez Juppé. Les socialistes sont en mode panique. C’est « tous derrière moi pour éviter la Bérézina ». Ils ont raison d’avoir peur. Dans certaines régions nous pouvons passer devant eux et ce sera le cas dans notre région. Le PS ne se remet pas en question. Il n’analyse pas le problème et savent juste employer des mots qui ne veulent plus rien dire : « mettez-vous derrière nous ». Ils le font avec une arrogance terrible. Jean-Christophe Cambadélis dit qu’il va siffler les écolos. Il prend le peuple de gauche pour des chiens. Il nous prend pour des chiens. Ces gens sont déconnectés et derrière il y a une véritable dérive éthique. Comme pour la présidence déléguée, ils ont perdu le sens du réel. Pendant ce temps, nous avançons sur notre « Projet en commun » et nous allons à la rencontre des citoyens de la région.
Régionales 2015 – C’est facile de cohabiter avec Marie-Pierre Vieu et le Front de Gauche ? Vos ADN politiques sont très différents.
Gérard Onesta. Oui les relations sont bonnes et depuis longtemps. C’est vrai nous avons des parcours et des modes de fonctionnement très différents. Mais je dois rendre hommage à Marie-Pierre Vieu. Elle a notamment mis tout son poids au sujet de l’affaire de l’usine Areva-Malvési (NDLR une usine nucléaire près de Narbonne dont EELV demande la fermeture alors que le PC est pro-nucléaire). Et puis notre méthode nous aide. Nous passons par le programme, par les idées. Cela permet de dégager des synthèses. Ainsi Occitanistes et Parti de Gauche ont réussi à s’entendre sur la question du financement des Calendreta (NDRL écoles en langues occitanes). Ce n’était pas du tout évident. Le PG est contre les subventions à des écoles privées. Des échanges ont permis de parvenir à une position commune autour du fait que les Calendreta sont laïques. Sans la plateforme contributive un tel résultat n’aurait pas été possible.
Régionales 2015 – Quelles sont vos prochaines échéances ?
Gérard Onesta. Jusqu’à vendredi, nous allons lissé toutes les contributions reçues et continuer à définir les thèmes. Nous avons notamment élaboré collectivement une Charte Ethique, composée de 43 articles qui va faire date. Nos adversaires auront du mal à s’aligner. Sur l’exercice des mandats ou la transparence, la barre est très haute. Samedi, on va continuer et dimanche on met en ligne. Lundi on organise un duplex entre Montpellier et Toulouse grâce à Skype pour valider les textes. On lance ensuite un appel citoyen. Entre les 19, 20 et 21 septembre, les différentes composantes du « Projet en Commun », se réunissent et se prononcent sur un accord. Un accord qui ne sera pas un soupe aux logos mais issu d’un socle commun.
Régionales 2015 – La plateforme contributive « Le Projet en Commun » n’est donc pas un simple gadget, un simple habillage ?
Gérard Onesta. Non c’est un vrai projet citoyen. Chez Philippe Saurel, on ne compte plus les « moi » ou les « je ». Nous n’avons pas la même définition du mot citoyen. Au départ on pouvait douter du processus. Il pouvait paraître fragile : long car organisé sur un trimestre, sur un immense territoire. En fait, cette fragilité nous a fait avancer car elle était le signe de notre sincérité. Une anecdote. J’en ai encore la chair de poule. Cela ne m’est jamais arrivé. Lors d’un rendez-vous médical, la standadiste m’a interpellé car elle était au courant du « Projet en commun » et qu’elle souhaitait s’engager. Je n’ai jamais connu cela. Il se passe vraiment quelque chose.
Propos recueillis par Laurent Dubois