23 Juin

Régionales : Robert Rochefort (Modem) appelle au rassemblement mais sous conditions  

 

Le leader grande région du Modem et député européen Grand Sud-Ouest viendra présenter sa démarche jeudi à Toulouse. Il n’est pas encore sûr de présenter une liste autonome mais veut peser dans le débat et pose ses conditions à un rassemblement.

Robert Rochefort -®AFP Photo Bertrand Langlois

Robert Rochefort -®AFP Photo Bertrand Langlois

Pourquoi envisagez-vous de présenter une liste Modem aux régionales ?

 

Robert Rochefort : Parce que le spectacle que l’on constate aujourd’hui ne privilégie pas le rassemblement mais l’étalement de divisions et le jeu des parties. A plus de cinq mois du scrutin, ce n’est pas ce qu’attendent les électeurs. Les préoccupations sociales sont vives et l’enjeu politique tout autant avec la montée du FN en embuscade.

 

Alors justement pourquoi prendre le risque d’éparpiller un peu plus les voix face au Front National ?

 

R.R : Nous n’avons pas dit que nous présentions une liste. Nous espérons que le bon sens l’emportera. Notre objectif est un rassemblement le plus large possible.

 

Quelles sont les conditions de ce rassemblement ?

 

R.R : Renouveler l’offre politique sur le fond. Cela ne veut pas dire une simple addition des deux majorités socialistes avec une chef prise entre deux feux, ses obligations liées au gouvernement et son désir de changement.

La première condition est de préciser en quoi nous allons intéresser les citoyens et comment on les associe. C’est pourquoi nous lancerons jeudi un blog participatif « ma région de toutes nos forces ». Il s’agira d’une démarche « remontante » et non « descendante ».

La deuxième condition au rassemblement porte sur la manière dont on va s’y prendre pour mener la campagne. Est-ce que c’est la logique d’appareil qui va l’emporter ou la société civile et les forces locales ? Il faut aller au-delà des discours convenus pour se rapprocher des réalités de terrain.

 

Quelles sont les préoccupations majeures que doivent avoir les candidats aujourd’hui selon vous ?

 

R.R : Tout d’abord rassurer sur les conditions de cette fusion. Qu’est-ce qu’on en attend ? Même si elle a été faite aux forceps, elle recèle de potentiels de développement important. Je fais exprès de ne pas prendre l’aéronautique en exemple.

Mais parlons de la santé entre la plus ancienne faculté de médecine à Montpellier et l’industrie pharmaceutique ou le Cancéropôle à Toulouse. On peut devenir sur ce secteur un leader européen. On pourrait aussi citer la robotique et son pôle de compétitivité.

La deuxième préoccupation doit être de donner une cohésion à ce territoire. En Midi-Pyrénées, 70% de la richesse est focalisée sur la zone urbaine de Toulouse. Si la rivalité entre Toulouse et Montpellier accentue encore plus ce phénomène sur les deux métropoles, ce sera un échec.

Il faut arrêter de concentrer les transports sur la LGV Bordeaux-Toulouse et Toulouse-Montpellier. Contentons-nous d’une rénovation de la ligne à 200 km/h et attribuons le reste des moyens ainsi économisés à la rénovation des autres transports sur la région.

Mais aujourd’hui les candidats ne parlent pas de tout ça !

Quel regard portez-vous sur les délibérations communes qui ont été prises hier aux conseils régionaux de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ?

 

R.R : On met la charrue avant les bœufs !

On se répartit les institutions alors que ce qui compte c’est ce que feront les futurs élus.

 

Croyez-vous en la cohérence de cette future grande région ?

 

R.R : Oui même si elle a été imposée au forceps, je le répète. C’est un mariage de raison qui va le rester pendant un long moment encore. Mais oui j’y crois parce que nous avons beaucoup d’atout qui peuvent en faire une réussite. Rappelons-nous de l’Occitanie. C’est très important les racines. Regardez, si les bretons n’ont pas voulu fusionner avec les Pays de Loire, c’est parce qu’ils n’avaient pas de racines communes. Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées ont construit ensemble la laïcité face aux religions. Il y a aussi cette culture rebelle face à Paris.

J’en reviens aussi à mon mandat européen. Nous formons une Euro Région avec la Catalogne et Les Baléares. Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon y sont déjà associées et ont le même poids que la Catalogne. Il y a des alliances à tisser pour conforter cette Euro Région. On serait ainsi moins dépendant d’une logique nationale. Ça peut devenir différent de « Paris et les autres ». On peut le vivre dans une logique de construction. Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon de tous les rassemblements forcés de France est celui qui peut fabriquer le plus de choses en agriculture, tourisme, ou encore technologies.

 

Que pensez-vous de la candidature de Dominique Reynié ?

 

R.R : Au début, j’avais un regard plutôt sympathique car il amenait du renouvellement, de l’ouverture. Ensuite les choses se sont compliquées. Il passe 90% de son temps à négocier avec les leaders locaux « Les Républicains ». J’ai eu des contacts avec lui mais nous n’avons pas de négociations en bonne et due forme.

 

Quel délai vous-donnez-vous avant de décider de partir seul ou pas ?

 

R.R : Il faut qu’à la rentrée de septembre les choses soient dégagées.

Y-aura-t-il un partenariat avec une autre liste ? Peuvent-ils passer à côté du potentiel de François Bayrou qui répond aussi aux déçus du Hollandisme ? On est une force politique qui pèse entre 7 ,5 et 8%. Peuvent-ils se priver de ces voix-là pour gagner ?

 

Propos recueillis par Patrick Noviello