Deux jours avant le 2nd tour. Dimanche, les électeurs vont retourner dans les isoloirs. La campagne officielle se termine aujourd’hui à minuit. Avant le « black out », dernier regard avec Christophe Borgel. Le député de Haute-Garonne revient sur les résultats de la semaine dernière et livre ses convictions sur l’issue du scrutin. Le numéro 3 du PS adopte un ton résolument offensif. Il cogne sur la droite. Uppercuts et crochet de la gauche sur des candidats de Haute-Garonne. Mais aussi satisfecit sur la campagne menée par le PS.
Midi-Pyrénées Politiques. Que retenez-vous du 1er tour ?
Christophe Borgel. « Je ne suis pas un observateur mais un acteur de la vie politique. Je retiens que les enjeux du 1er tour sont toujours présents pour le 2nd. Nous sommes toujours dans un combat frontal avec la droite. Pour la droite s’occuper de la solidarité, c’est lutter contre la fraude, s’occuper des collèges, c’est l’insécurité. Nous devons continuer à marteler ses vérités ».
Midi-Pyrénées Politiques. Un des faits majeurs du 1er tour est la poussée du FN. Votre réaction ?
Christophe Borgel. « 25% au niveau national, c’est un score extrêmement élevé. Il n’a pas performé à la hauteur des prévisions des sondages. Mais il a confirmé son implantation sur l’ensemble du territoire. Il a réalisé un meilleur score qu’aux européennes et avec une hausse de 8 points du taux de participation ».
Midi-Pyrénées Politiques. Le FN est-il une chance pour le PS ? Il permet de fédérer les voix de gauche et parfois de récupérer des voix du centre et même d’une partie de la droite. L’attitude du PS vis-à-vis du FN n’est-elle pas ambiguë ?
Christophe Borgel. « La gauche a une attitude claire. Partout où il existe des triangulaires ou des duels qui peuvent faire gagner le Front National nous avons retiré nos candidats. En revanche, la droite se dérobe à ses obligations républicaines. Ainsi l’UDI est claire au niveau national mais pas toujours au niveau local ».
Midi-Pyrénées Politiques. Que pensez-vous du « Ni-Ni » de Nicolas Sarkozy ?
Christophe Borgel. « C’est une position qui allie cynisme et confusion. Le cynisme car le « Ni-Ni » est, en réalité, un « Et-Et ». Nicolas Sarkozy veut gagner sur tous les plans. Il veut récupérer les voix de gauche et les voix du FN. C’est également une position qui mène à la confusion. Le président de l’UMP est pour le « Ni-Ni » à l’extérieur et il réunit ses députés et, devant eux, il se livre à une charge d’une rare violence contre le FN. C’est la confusion la plus totale. Nicolas Sarkozy refuse de faire barrage au FN et, en même temps, il attaque violemment le FN. De plus, dans les départements, c’est la cacophonie. Des élus UMP reprennent le « Ni-Ni ». D’autres le rejettent et certains se murent dans le silence ».
Midi-Pyrénées Politiques. En Haute-Garonne, le FN obtient des scores inédits. Mais, dans le même temps, le PS résiste et la droite subit un revers. Comment expliquez-vous ce schéma ?
Christophe Borgel. « Nous avons mené une campagne solide avec un très bon bilan Izard. Un programme collectif a été décliné dans tous les cantons. Mais nous n’avons pas oublié de faire de la politique. Nous avons cherché à montrer les contradictions de Jean-Luc Moudenc qui s’est posé en patron de ces départementales. Mais, nous avons aussi proposé un renouvellement aux électeurs. Pierre Izard ne s’est pas représenté et nous avons beaucoup de nouvelles têtes avec Christophe Lubac (canton Toulouse 11-Ramonville), Sébastien Vincini (Canton d’Auterive) ou Sébastien Lery (Canton de Portet-sur-Garonne).
Midi-Pyrénées Politiques. Toujours en Haute-Garonne, quel regard portez-vous sur la campagne de vos adversaires ?
Christophe Borgel. « Certains candidats ont fait la campagne du Front National. Elisabeth Pouchelon (canton de Portet-sur-Garonne) a été éliminé au 1er tour. Elle a fait une campagne indigne et les électeurs ont préféré l’original à la copie. Quand je lis également une interview d’Olivier Arsac (Canton 2), je me demande comment on peut prendre à ce point les électeurs pour des débiles. La caution ultra-sécuritaire et droitière de Jean-Luc Moudenc a du terminer l’entretien debout sur la table le poing levé en chantant l’internationale. Ce changement de posture avant le second est affligeant.
Midi-Pyrénées Politiques. Etes-vous confiant pour le 2nd tour ?
Christophe Borgel. « En Midi-Pyrénées, nous n’avons eu que des bonnes surprises au 1er tour. Je suis confiant pour le Tarn-et-Garonne. Mais aussi pour le Tarn. Dans le Tarn, il y a eu un véritable « effet-Carcenac ». C’est indéniable. Le président sortant profite d’une véritable équation personnelle. Dans le Tarn-et-Garonne, je n’ai pas encore eu Jean-Michel Baylet au téléphone mais je reste confiant ».
Laurent Dubois