« La confiance est cassée. L’UMP présentera des candidats dans tous les cantons pour les élections de mars 2015 ». En septembre 2014, suite aux sénatoriales, le patron de l’UMP 81, Bernard Carayon, prononce le divorce. Le maire de Lavaur soupçonne des manœuvres déloyales de la part de l’UDI. Il suspend les accords électoraux entre son parti et celui de Philippe Foliot. Février 2015, les plaies sont pansées. Un accord est signé.
La signature était loin d’être évidente. Les sénatoriales ont mis le feu. Mais, dans le Tarn, entre la Droite et le Centre, le torchon brûle depuis des années. L’inimitié entre les deux leaders des deux camps alimente une guerre aussi rituelle que le festival « Pause Guitare ».
D’ailleurs, Bernard Carayon appuie sur le bouton « pause ». Fin des hostilités avec son adversaire favori. Le président de l’UMP 81 a non seulement négocié et ratifié un accord avec l’UDI de Philippe Folliot. Mais il veille scrupuleusement au respect de l’accord électoral.
Bernard Carayon, gardien du Temple.
Le président de l’UMP 81 estime que « la raison l’a emporté sur les pulsions ». La signature d’un accord UMP-UDI répond, pour Bernard Carayon, a une rationalité politique. La Droite et le Centre ont « une chance historique d’emporter le département ». Un point de vue partagé par une autre personnalité de l’UMP. Jacques Thouroude estime que « Thierry Carcenac est très fragilisé par Sivens et une usure après 25 ans de présidence du Conseil Général ».
Bref, du côté de l’UMP, l’accord conclu avec l’UDI est perçu comme un levier. Un levier permettant d’ouvrir les portes du Conseil Général. Mais Bernard Carayon va plus loin. Il le défend énergiquement. Le leader de l’UMP a obtenu l’exclusion de 11 militants. 11 militants qui se présentent face aux candidats officiellement investis sur la base de l’entente « UMP-UDI ». La sanction a été validée mercredi par les instances nationales de l’UMP.
Ces exclusions frappent notamment les dissidents des cantons Albi 1 et Albi 3.
Des exclusions : une mesure « extrême ».
Les statuts de l’UMP prévoient une gradation des sanctions. Un cran en dessous de l’exclusion, il existe une mesure moins sévère : la suspension. Une partie de l’UMP 81 a plaidé, au niveau des instances départementales, pour cette option.
C’est la ligne dure qui l’a emporté. Des têtes doivent tomber. Cette sévérité ne fait pas l’unanimité. En off, certains responsables trouvent que la présidence tarnaise de l’UMP est « plus royaliste que le roi ». Ils rappellent que, du côté de l’UDI, les dissidents ont été traités avec plus de mansuétude. Notamment vers Castres ou une simple suspension a été prononcée.
Jacques Thouroude défend la position de Bernard Carayon : « les gens savaient ce qu’ils risquaient en se présentant. Bernard Carayon ne pouvait pas faire autrement. Cela aurait fragilisé les accords ».
L’argument du maire adjoint de Castres se défend. Mais l’intransigeance de Bernard Carayon dépasse le cadre des départementales. Le président de l’UMP 81 est intéressé par la présidence de la future SuperRégion. Une entente cordiale avec l’UDI peut faciliter son entreprise régionale.
Bernard Carayon, une intransigeance au service d’une ambition.
Bernard Carayon est connu pour sa poigne. Sa fermeté dans la gestion des départementales est conforme à son tempérament. En revanche, sa récente loyauté envers l’UDI peut surprendre. Le patron de l’UMP 81 n’a pas d’affinité particulière envers le Centrisme et les centristes. C’est un homme de droite. Une droite pure et dure. De plus, son inimitié envers Philippe Folliot est de notoriété publique. Son soudain soutien aux ambitions départementales du député UDI est étonnant.
Un soutien étonnant. Mais cohérent. Bernard Carayon vise les prochaines régionales. Il espère obtenir la tête de liste sur la nouvelle Grande Région. Or ce projet passe par une entente avec l’UDI. La formule des départementales a vocation à se reproduire. Les listes pour les régionales de décembre 2015 mêleront des candidats de Droite et du Centre. L’UDI a déjà intronisé son chef de file. Il s’agit d’un autre tarnais, Philippe Bonnecarrère. Bernard Carayon doit donc donner des gages.
Paris vaut bien une messe. La présidence de la future SuperRégion mérite bien quelques scalps.
Laurent Dubois