Le sujet est un menu traditionnel. Les medias le servent à toutes les sauces. A longueur d’ondes et de colonnes, télévisions et journaux servent des tartines sur la prise de poids et le contrôle de l’appétit. Les conseils vont des incontournables régimes miracles à la pose d’anneaux gastriques.
Tous les mois, quasiment chaque semaine, l’ineffable Michel Cymès peut faire des blagues de potache sur l’art et la « matière » pour rentrer dans un Jean’s. En cette période de vacances, le médecin vedette réfléchit probablement à ses émissions de rentrée. On peut lui faire confiance pour croquer à pleines dents dans les délices estivaux. Mais, entre deux « mojitos », il lui faudra bien agiter ses neurones au sujet de ses prochaines rubriques. On peut en suggérer une. Il fait à peu près beau. Il commence à faire chaud. Une petite boite à idées peut éviter à Michel Cymès de trop transpirer.
Pourquoi ne pas introduire une « case » originale ? Le suivi, en temps réel, des dérèglements nutritifs d’une partie de la population. Toutes les semaines, Michel Cymès pourrait faire un pointage, en temps réel, de l’obésité chez les politiques. Il ne s’agit pas de pointer le tour de taille de nos députés ou de nos ministres. Non.
La presse dite sérieuse sacrifie assez d’encre et de salive sur les costumes de Manuel Valls ou les montres de Nicolas Sarkozy. Inutile d’en rajouter dans la cosmétique. Au contraire, Michel Cymès pourrait carrément faire œuvre de salubrité publique. Au travers d’un ou d’un exemple, puisés dans la France de nos élus, le médecin de France 5 pourrait disséquer la voracité rapace d’un édile de la République. La matière première est quasiment inépuisable. La France n’a plus de charbon. Elle n’a jamais eu de pétrole. Mais elle dispose d’un carburant sans fin pour Michel Cymès.
Le pays de Molière est la contrée préférée de Gargantua.
Les représentants du peuple sont des gloutons affamés. A peine arrivé dans un mandat, ils songent à aller voir ailleurs. En mars dernier, le festin des municipales a rempli de nombreuses panses. Une fois attablé les nouveaux élus aiguisent déjà les fourchettes pour le prochain banquet électoral.
A Toulouse, les cantonales donnent faim à de nombreux estomacs. Les régionales agitent également les papilles. Souvent les mêmes. A Albi, les législatives s’invitent dans les diners en villes.
Cet appétit débridé n’est pas un signe de bonne santé. Au contraire. Sur les bancs de l’école, les instituteurs professent une sage consigne aux enfants : ne pas se disperser, se concentrer sur son travail. Visiblement certains adultes oublient cette leçon élémentaire.
En privé, au coin d’un café, un député, adjoint d’une grande ville de Midi-Pyrénées, avoue une évidence. Ce nouveau parlementaire, élu après une législative partielle, découvre le Palais Bourbon. Il ne voit pas comment cumuler. C’est trop lourd. C’est impossible à gérer.
Jolie confession d’un cumulard qui continue à cumuler.
Michel Cymès parle souvent de psychiatrie dans son émission. Bel exemple clinique de schizophrénie politique. Mais, sans parler du cumul, la fringale permanente est également pathologique. Bien sur, tout le monde a le droit de faire des projets. Se projeter dans l’avenir est sain et normal.
En revanche, l’obsession des ronds de serviettes est maladive. Ce constat évident mérite bien une rubrique chez Michel Cymès. Le diagnostic est le premier pas vers la guérison. Michel Cymès a prêté le serment d’Hippocrate. Il peut le compléter et le renforcer en soignant les hypocrites. En faisant, publiquement, une radiographie médiatique des boulimiques en politique, il renforce la santé de Marianne.
Laurent Dubois