17 Juil

Sénatoriales. Mirassou : « j’éprouve un sentiment d’injustice ».

 

 

Après désignation par les militants, Jean-Jacques Mirassou n’a pas été choisi pour représenter le PS en Haute-Garonne aux prochaines Sénatoriales en septembre. Après un seul mandat, il s’insurge contre son éviction mais n’écarte pas la possibilité de se présenter avec l’appui de pas mal de grands électeurs.

 

 

 

A qui en voulez-vous aujourd’hui ?

 

Jean-Jacques Mirassou : (Grand rire de l’intéressé) A l’appareil fédéral… A l’appareil fédéral, pas aux militants. J’éprouve un sentiment d’injustice. Quarante ans au service du Parti Socialiste. Je me suis sacrifié en 1993 quand personne ne voulait se présenter aux Législatives face à Dominique Baudis. Mon canton, je l’ai arraché à la droite. J’attendais une réciprocité de la part de mon parti. C’est la première fois que je vois un sortant écarté après un seul mandat. En six ans, j’ai fait 3085 interventions dont plus de mille dans l’hémicycle. J’avais l’impression d’être utile.

 

Comment se font-elles au juste ces désignations pour les Sénatoriales ?

 

J-J.M : L’interprétation des statuts est très floue. Ce sont les militants qui votent. Mais ils sont influencés. Et puis, faut-il être désigné à la majorité absolue ou relative ? Claude Raynal fait 49% , Auban 26, et moi 25. Ne fallait-il pas un second tour ?

 

Finalement tout cela n’est-il pas un simple jeu d’appareil politique faussé ? Quand on se remémore aussi l’éviction de François Castex aux élections européennes notamment…

 

J-J.M : Le problème de cette désignation, c’est que la préoccupation réelle, choisir ses candidats pour les sénatoriales, a été oubliée au profit des futures élections. Certains ont voulu avoir l’étiquette de sénateur pour viser d’autres mandats locaux. Alors qu’on sait très bien qu’un parlementaire ne peut être à la fois actif dans l’hémicycle et en première ligne dans une collectivité locale. Et puis j’ai peut-être eu un tort : celui de continuer à soutenir Hollande. « Le sénat a besoin d’une gauche forte » me dit-on. Mais qu’est-ce que ça veut dire. Ils croient que quand on est au gouvernement, on fait exprès de tout rater ou d’aller trop lentement. Ils n’ont rien compris.

 J’avais l’impression d’être utile

Un sénateur c’est quoi finalement ?

 

J-J.M : Premièrement, il fait vivre le bicamérisme. Impossible de faire l’impasse sur ce système de double chambre en démocratie. Les textes examinés par deux assemblées sortent forcément bonifiés. Secondement, le Sénateur représente les territoires notamment grâce à son expérience des collectivités locales.

 

Faites-vous une croix sur le Sénat ou comptez-vous quand même vous représenter ?

 

J-J.M : Soit je fais ça, soit je ressors ma carte professionnelle de chirurgien dentaire. J’irai faire des remplacements, voir du pays puisque je rappelle que j’ai vendu mon cabinet pour devenir sénateur. Beaucoup de gens m’encouragent à y aller quand même. Je reçois énormément de coups de fil de solidarité, nationaux comme locaux. Mais si j’y vais ce ne sera plus sous l’étiquette socialiste. Remarquez, on se rend compte que le dossard compte de moins en moins. Je ne suis pas abattu ni amer, mais j’ai des valeurs. Je ne transige pas sur la rigueur et la morale. Je le répète, j’ai toujours été fidèle au Parti Socialiste. Mais apparemment ce n’est pas ce qu’il faut faire. Aujourd’hui c’est le cynisme avec un petit « c » qui semble l’emporter. Je vais y réfléchir.

Propos recueillis par Patrick Noviello