Dernier tour de scrutin. Dernière ligne droite. Dans 72 heures, les urnes vont trancher. Jean-Luc Moudenc ou Pierre Cohen. Pierre Cohen ou Jean-Luc Moudenc. Les toulousains doivent choisir le nom du prochain maire de la ville Rose. La campagne a été rude. Parfois dure. Entre les deux tours, les uppercuts ont fusé des deux côtés. L’avance de Jean-Luc Moudenc sur le sortant favorise une atmosphère de « ring ». Deux hommes ont vécu le match aux premières loges. Pierre Esplugas et François Briançon sont dans les équipes adverses. Le premier s’occupe de la com’ de Jean-Luc Moudenc. Le second est le directeur de campagne de Pierre Cohen. Mais ils partagent un terrain de jeu : les coulisses. Ils ont préparé les meetings, les conférences de presse de leur candidat. Dimanche, vers 20 heures, le rythme cardiaque de François Briançon et Pierre Esplugas. va s’accélérer. En attendant, pour Midi Pyrénées Politiques, ils font une petite pause et portent un dernier regard sur une campagne qui s’achève ce soir.
La campagne se termine. Quel moment fort retenez vous ?
Pierre Esplugas. La dureté des sondages. ll a fallu psychologiquement tenir et notamment lorsque, au cœur de la campagne, un sondage donnait un écart significatif entre Jean-Luc Moudenc et Pierre Cohen. Mais il y a eu aussi des moments plaisants. Une innovation de la campagne de Jean-Luc Moudenc est la mobilisation militante. C’est nouveau. Pendant longtemps, il suffisait de sortir le portrait de Dominique Baudis pour faire campagne à Toulouse. Il n’y avait pas de tradition militante. Nous avons su mobiliser, faire du porte à porte, occuper le terrain.
Quelle(s) différence(s) entre la précédente campagne de Jean-Luc Moudenc, en 2008, et celle de 2014 ?
Pierre Esplugas. En 2008, je n’étais pas engagé dans la campagne. Mais il y avait les braises encore chaudes du conflit Baudis-Douste-Blazy. L’atmosphère était lourde. Au contraire, dans l’équipe actuelle nous nous entendons très bien. L’autre différence est que Jean-Luc Moudenc est dans l’opposition. Il n’est pas accaparé par la mairie et il a pu mener une campagne longue. En 2008, elle a été au contraire très courte. Il devait faire face à sa charge de maire. Nous avons commencé à battre le terrain dès le mois de septembre.
Un point de vue sur l’entre deux tours de votre adversaire, Pierre Cohen ?
Pierre Esplugas. Pierre Cohen a une vision archaïque. Il a voulu faire une Union de la Gauche comme dans les années 70. Il n’a pas compris que, dans une élection municipale toulousaine, il faut parler de Toulouse aux toulousains. Pas faire de politique nationale.
Qu’allez vous faire samedi, veille du scrutin ?
Pierre Esplugas. Je vais m’occuper des relations avec les journalistes. Je regrette que, pendant des semaines, la presse nationale ne se soit pas intéressée à Toulouse. Les sondages donnaient l’impression qu’il n’y avait pas d’enjeux. Mais, depuis une semaine, tout a changé. La presse nationale pense que Toulouse peut basculer et les sollicitations sont nombreuses. D’ailleurs tout à l’heure j’ai eu au téléphone un journaliste du Monde. Je vais donc passer mon samedi à organiser tout cela.
Que retenez vous de la campagne qui s’achève ?
François Briançon. Le souvenir le plus fort est le souvenir de la mobilisation des militants qui viennent, qui passent au local de campagne (rue de Metz) et qui repartent avec des tracts.
Vous avez dirigé la précédente campagne de Pierre Cohen, en 2008, quelle différence avec celle de 2014 ?
François Briançon. La grande nouveauté dans cette élection est celle des réseaux sociaux. Nous sommes très présents. Même si je suis sceptique sur ces instruments en tant qu’instruments d’animation politique de la campagne. Notre grand avantage, en 2008 comme en 2014, c’est d’avoir une culture militante et des réseaux qui se mobilisent pour faire du porte à porte ou distribuer des tracts
Un point de vue sur la campagne de votre adversaire, Jean-Luc Moudenc ?
François Briançon. La droite c’est plus mobilisée qu’on ne le pensait. Les candidats de la société civile sur la liste de Jean-Luc Moudenc ont fait des progrès. Et on voit monter une nouvelle génération de militants. On a vu des militants que l’on ne connaissait pas. Certains viennent du combat autour « du mariage pour tous » Sur la forme, la campagne de Jean-Luc Moudenc n’a pas été très originale. En revanche, je regrette vraiment des choses moches. Notamment une prolifération de messages anonymes. Le recours systématique à ce procédé. Avec des énormités. J’ai encore reçu, tout à l’heure, un message anonyme concernant un camp de romps et accusant Pierre Cohen.
Propos recueillis par Laurent Dubois