Il arrive dans nos studios, le pas vif et l’œil alerte. Le tout à 90 ans, à croire qu’avoir la foi conserve. Il est venu en bus de Saint-Cyprien, il avait peur d’être en retard.
L’homme est humble mais dégage aussi, sous un regard malicieux, une certaine forme d’autorité. On sent la force du militant, celui qui ne pliera jamais pour défendre ses idées jusqu’au bout. Rare, par les temps qui courent. Et puis il y a son côté « Abbé Pierre ». Bref il passe bien à l’antenne comme on dit chez nous.
Un côté Abbé Pierre
Nous l’avons invité parce qu’un documentaire sur les Cercles de Silence sort prochainement. Ces cercles, c’est lui qui les a fondés pour dénoncer les conditions de détention des étrangers au centre de rétention de Cornebarrieu. L’initiative a fait des petits, ils sont plus de 170 aujourd’hui en France et en Europe.
Cette forme de militantisme et de lutte contre l’injustice, Alain Richard l’a apprise à travers le monde, avec des actions pacifistes comme auprès des brigades internationales au Guatemala ou encore dans les quartiers pauvres de Chicago. Les premiers cercles, il les a organisés aux Etats-Unis puis à Paris contre le nucléaire. Aujourd’hui il défend la cause des sans-papiers.
« Nous dénonçons des actes qui blessent l’Humanité(…) est-il acceptable que la marche infamante et injuste de l’enfermement soit ajoutée à la précarité » dit le petit tract vert qu’il vient de me distribuer et qu’il répand partout où il passe comme la bonne parole.
Nous ne sommes pas des marionnettes
Pourquoi le silence comme arme pacifique ? L’explication fuse, avec la vivacité qui caractérise le Franciscain. « Un être humain, s’il ne prend pas du silence de temps à autre pour ne pas se laisser manipuler par des slogans, par la pensée commune, eh bien il devient une marionnette ! » A méditer.
Le prochain cercle de silence, ce sera le 25 février, de 18h30 à 19h30, place du Capitole. A voir également à l’Utopia « Cercles de silence » de Gil Corre.
Patrick Noviello