Bistouri et calculatrice. Olivier Brault est chirurgien de métier. Entre deux passages au bloc, il a veillé sur la santé financière d’Albi. Urologue connu et reconnu, Olivier Brault a été, pendant des années, l’adjoint aux sports puis aux finances de Philippe Bonnecarrère. Depuis 2008, le maire sortant programme sa sortie.
Olivier Brault a longtemps fait figure d’héritier naturel. En 2011, c’est l’AVC : l’Accident Vraiment Contrariant. Une embolie électorale aux cantonales et c’est la thrombose. Un caillot bloque l’horizon d’Olivier Brault. Face à une défaite sur le canton d’Albi-Centre, Philippe Bonnecarrère pratique l’amputation à vif. L’héritier finit au panier. Il reste dans l’équipe municipale. Olivier Brault continue à préparer les budgets. Mais, selon ses mots, cela constitue « une blessure profonde ».
Après une phase de « reconstruction », Olivier Brault applique une thérapie de choc. « Celui qui était programmé pour prendre la suite » aurait pu panser ses plaies dans sa clinique. Il aurait pu se réfugier dans sa blouse blanche et laisser derrière lui l’hôtel de Ville.
Il préfère soigner son éviction par une candidature. Olivier Brault met en avant le service des albigeois. Il semble sincère. Il est motivé par l’action municipale. L’ancien adjoint a des idées sur la circulation. Il a des propositions « pour rendre Albi aux albigeois » : sécurité, déplacements doux avec des navettes électriques…
Néanmoins, malgré un joli discours et une vraie maîtrise de la communication, on sent bien que le passé n’est pas complètement passé. Olivier Brault affirme « ne pas avoir d’esprit revanchard ». Mais des traces subsistent. Humain. Très humain.
Olivier Brault rejette l’idée d’une candidature « contre Philippe Bonnecarrère ». En revanche, la candidate officielle du maire, Stéphanie Guiraud-Chaumeil, est clairement sa cible. A son sujet, le chirurgien ne manie pas le scalpel. Il emploie la tronçonneuse. Olivier Brault la décrit comme « une personne sans expérience » et la surnomme « papa m’a dit ».
Pour lui, la candidature de Stéphanie Guiraud-Chaumeil est une vraie-fausse candidature : « Philippe Bonnecarrère va continuer à tirer les ficelles ». Après une cure de vitamine C, le PS pourrait difficilement taper plus fort.
L’électorat du Centre et de la droite déteste les querelles de famille. Trop de vaisselle cassée peut coûter cher. Olivier Brault est enfermé dans un champ opératoire très étroit.
Impossible d’échapper à ses gènes politiques. Olivier Brault est lié au bilan de Philippe Bonnecarrère. Il le sait parfaitement. Il en est même « très fier ». Impossible d’exercer un droit d’inventaire. Olivier Brault doit assumer.
Dans le même temps, Olivier Brault doit exister. Sa candidature peut uniquement prendre corps contre le casting du maire et le choix de Stéphanie Guiraud-Chaumeil. Mais, attention, trop de véhémence se retournera fatalement contre son auteur.
Bref, pour Olivier Brault, le programme est d’une redoutable simplicité : la chirurgie fine.
Laurent Dubois