Stéphanie Guiraud-Chaumeil est candidate à la mairie. C’est même la candidate de la mairie. Ou plutôt du maire sortant, Philippe Bonnecarrère. La jeune adjointe réserve « sa déclaration officielle de candidature » pour un autre moment. Mais, depuis 2011 et une annonce surprise, elle a le relai entre les mains.
En 2008, Philippe Bonnecarrère prévient les albigeois. Son troisième mandat est le dernier. Ce retrait programmé aurait du bénéficier à Olivier Brault. Adjoint aux sports puis aux finances, il a accompagné Philippe Bonnecarrère pendant dix huit ans. En 2011, c’est la sortie de route. Des cantonales décevantes transforment le challenger en outsider. Le dauphin finit échouer sur la plage. Stéphanie Guiraud-Chaumeil doit sa mise à flot à cet accident de navigation.
Elle aborde les municipales sans boussole idéologique. « Pur produit de la société civile, (Stéphanie Guiraud-Chaumeil) est vraiment sans étiquette et sans passé politique ». Pour elle, « c’est un atout. Cela permet de se déconnecter des querelles partisanes et de parler à des gens très différents ». Cette ouverture est une affaire de tempérament. Mais c’est aussi une question stratégique.
Stéphanie Guiraud-Chaumeil applique la recette Bonnecarrère. Albi vote à gauche : cantonales, législatives, présidentielles. Dans ce contexte, la dépolitisation est une figure imposée. Stéphanie Guiraud-Chaumeil rencontre l’UMP, Europe-Écologie et le PRG. Elle travaille à des affiches électorales multicolores. Dans le passé, Philippe Bonnecarrère a gommé ses attaches à droite. Il a quitté l’UMP. Dans les deux cas, il s’agit de dessiner un portrait : un maire d’Albi au service des Albigeois.
C’est la marque du « Bonnecarrérisme« . Stéphanie Guiraud-Chaumeil assume. Elle s’inscrit parfaitement dans cette filiation. C’est valable sur le terrain électoral, en campagne. C’est également sa ligne pour l’Hôtel de Ville, en cas de victoire.
Stéphanie Guiraud-Chaumeil parle d’un « changement dans la continuité ». Elle est « très fière du bilan ». Elle promet simplement « de proposer quelque chose d’innovant, plus en phase avec l’époque mais sans révolution non plus ».
Les amis et les adversaires de Philippe Bonneccarrère pointent du doigt une gestion personnelle. Philippe Bonnecarrère décide en consultant…Philippe Bonnecarrère. Dans les services municipaux, le personnel dénonce un manque d’écoute et d’attention.
En parlant d’innovation et d’une nouvelle époque, Stéphanie Guiraud-Chaumeil fait-elle écho à ses mauvais échos ? Impossible de ne pas se poser la question. Impossible d’y répondre vraiment. Pourtant, les électeurs vont s’interroger et ils voudront une réponse. C’est tout le problème de Stéphanie Guiraud-Chaumeil.
Elle doit marquer sa différence sans soulever de différends avec Philippe Bonnecarrère. Une fidélité sans relief et c’est la mauvaise image d’une pâle imitation. Une autonomie trop criante : attention au procès en ingratitude. Sans parler d’une épée de Damoclès. Philippe Bonnecarrère peut toujours reprendre les clés.
Albi va héberger, jusqu’au mois de mars, un joli spectacle d’équilibriste.
Stéphanie Guiraud-Chaumeil a des idées sur l’attractivité des Cordeliers. Elle a des pistes pour faire fructifier le label UNESCO. Sur l’insécurité, elle s’écarte de la position de Philippe Bonnecarrère. Elle n’exclut pas totalement un armement de la police municipale.
Bref, la candidate aux municipales n’est pas simplement la candidate du maire.
Elle a des idées. Elle peut se prévaloir d’une certaine expérience.
Mais Stéphanie Guiraud-Chaumeil va devoir défier les lois de la botanique politique. Elle va devoir éclore dans l’ombre de Philippe Bonnecarrère.
Allier ombre et lumière. Concilier éclosion et culture sous serre.
Facile au parc Rochegude. Beaucoup moins évident dans les isoloirs.
Laurent Dubois