Avec l’arrivée de majorités de gauche et/ou vertes dans certaines métropoles (Lyon, Montpellier), la question de l’encadrement des loyers revient sur le devant de la scène. A Toulouse, le maire (LR) réélu en juin ne prendra pas cette option comme il l’avait déjà annoncé en décembre dernier après la formation d’un groupe de travail. Mais son opposition a toutefois déposé un vœu pour que la mesure soit à nouveau étudiée en raison notamment de la crise économique. Sans succès.
Les communes candidates à l’encadrement des loyers ont jusqu’au 24 novembre pour déposer leur dossier. « Il n’y aura probablement pas de conseil municipal d’ici là, c’est pour ça que nous avons déposé ce vœu » explique François Piquemal.
L’élu d’opposition à la Mairie de Toulouse justifie aussi cette initiative par le fait que la situation a changé. « La crise sanitaire et économique va mettre des milliers de toulousains en difficulté. Les étudiants ont de plus de mal à accéder à un logement. Et enfin, une étude du site Appartager annonce une hausse des loyers de 12% en trois ans sur Toulouse ».
Le contexte sanitaire et sociale n’a pas modifié la donne en matière d’évolution des loyers » Bertrand Serp, conseiller municipal délégué au logement
« Le contexte sanitaire et sociale n’a pas modifié la donne en matière d’évolution des loyers sur les trois derniers trimestres 2019-2020 » affirme Bertrand Serp en Conseil Municipal lors de sa réponse à François Piquemal. « L’IRL qui est l’indice de référence des loyers indexé sur la consommation est inférieur à 1%. Il est de 0,66% pour les derniers indices connus, marquant donc un infléchissement par rapport aux indices de l’année précédente » précise le conseiller municipal délégué au logement.
Personnellement, ce n’est pas ce qu’a constaté François Piquemal. « Il y a deux ans et demi, je payais 741 euros par mois. Aujourd’hui mon loyer est 758 euros. Soit une augmentation de 204 euros sur l’année ».
Lors du conseil du 8 octobre dernier, Bertrand Serp a aussi rappelé pour la majorité que fin 2019, un groupe de travail avait déjà conclu à la non utilité d’encadrer les loyers. Les arguments d’alors mettaient en avant entre autres un faible écart entre loyers du parc public et loyers du parc privé et un taux de logement construit suffisamment élevé pour empêcher une flambée des prix.
Ce que je crois s’il y a un encadrement des loyers, c’est qu’on repousse les investisseurs » Jean-Luc Moudenc, maire (LR) de Toulouse
Dès juillet 2019, sur France3 Midi-Pyrénées, Jean-Luc Moudenc avait justifié son opposition à cette mesure. « Ce que je crois s’il y a un encadrement des loyers, c’est qu’on repousse les investisseurs, que l’on diminue donc la production de logements. Et s’il y a moins de logements sur le marché, alors que la demande est forte, on risque tout simplement d’avoir le contraire de ce qu’on veut, c’est à dire une hausse des prix. »
« C’est une candidature que doit faire la municipalité auprès du Ministère. On demande juste la mise en place d’un nouveau groupe de travail, représentatif cette fois-ci, avec associations étudiantes, Fondation Abbé Pierre ou encore le DAL. Et après, le Ministère peut dire non » précise François Piquemal.
L’encadrement des loyers nécessite une analyse préalable » Emmanuelle Wargon, Ministre chargée Logement
Si ce n’est que le Ministère semble renvoyer la balle aux maires. « Comme vous le savez l’encadrement des loyers, c’est une demande des maires et moi j’ai dit que je répondrais favorablement aux demandes » a déclaré la Ministre chargée du logement lundi 12 octobre sur le plateau du 19/20 Midi-Pyrénées Emmanuelle Wargon. Avant de nuancer : « Mais ça nécessite une analyse avec un observatoire des loyers, c’est un processus qui prend un peu de temps ».
A Toulouse la majorité estime avoir déjà fait cette analyse via son groupe de travail en 2019. C’est ce que rappelle Bertrand Serp lorsqu’il répond à François Piquemal lors du dernier conseil Municipal. « Une réflexion métropolitaine conduite sous la présidence de Karine Traval-Michelet, le maire (NDR : PS) de Colomiers, alors vice-présidente de Toulouse Métropole en charge de l’habitat » précise-t-il. Comme pour souligner que l’opposition à l’encadrement des loyers dépassait la simple ville de Toulouse.
66% des toulousains sont locataires selon l’Insee. On ne retrouve pas cette tendance dans la majorité municipale » François Piquemal, élu Archipel Citoyen
Le vœu déposé par l’élu d’Archipel Citoyen a donc logiquement été rejeté par la majorité municipale. Toutefois François Piquemal l’évoquera à nouveau ce jeudi en conseil de métropole. « 66% des toulousains sont locataires selon l’Insee. On ne retrouve pas cette tendance dans la majorité municipale. Ce qui peut expliquer qu’ils balaient ainsi notre proposition » conclut-il.
Patrick Noviello