26 Sep

Coût de la fusion des régions : ce que les élus d’Occitanie en pensent

 

La cour des comptes vient de rendre son rapport. Notre région n’est pas parmi les plus économes. Les élus de la majorité défendent leur politique. Ceux de l’opposition crient au pire à la gabegie, au mieux à la mauvaise gestion. Le point.

Séance plénière du Conseil Régional d’Occitanie sur les orientations budgétaires au parc des expositions de Montpellier en 2017. Photo PQR/Le Midi Libre Vincent Pereira

+11,7% de hausse de frais de fonctionnement pour la région Occitanie, seule Centre-Val de Loire (+16%) semble faire plus selon la cour des comptes. Parmi les coûts occasionnés dans ce registre par la fusion, l’alignement des salaires des fonctionnaires territoriaux de Languedoc-Roussillon à ceux de Midi-Pyrénées. Un alignement qui ne doit sans doute pas être étranger à l’augmentation de la masse salariale de près de 8%. Ce qui n’empêche pas l’Occitanie d’être plutôt bonne élève dans ce domaine.

L’argument de l’explosion démographique

« Je me félicite que la Cour des comptes identifie la Région Occitanie comme celle dont le poids de la masse salariale dans les dépenses de fonctionnement est le plus faible de France : 14% de moins que la moyenne des régions » explique Carole Delga, toujours au Japon, dans un communiqué. Autre argument mis en avant par la présidente de région comme par sa vice-présidente en charge des finances, Claire Fita, l’explosion démographique que connaît l’Occitanie. « Nous sommes la région la plus démographiquement attractive de France. Avec 55 000 habitants de plus par an, c’est autant de services publics supplémentaires que nous devons apporter aux habitants ».

« Nous ne sommes pas la seule région de France dont le nombre d’habitants augmente » rétorque Elisabeth Pouchelon. « Je crois surtout qu’il faut améliorer la qualité du service public qui ne passe pas toujours par le nombre d’agents ou l’argent que l’on met dedans. Il n’y a pas la volonté politique de faire des économies. C’est assumé par l’exécutif qui dit qu’il faut toujours plus de services publics donc plus d’argent public » explique la conseillère régionale divers-droite qui prône aussi plus d’ouverture à la concurrence.

Au niveau de cet investissement, cour des comptes et majorité régionale ne sont pas d’accord. Alors que l’organisme de contrôle annonce un recul des dépenses d’investissement, -0,9%, Carole Delga, elle, affiche une hausse de 10% en la matière entre 2010 et 2015. Seulement, ces chiffres sont-ils comparables ? Ont-ils été calculés sur la même période ? « La vrai question n’est pas quel est l’impact de la fusion mais quel est l’impact de la politique qu’impulse Carole Delga. Selon moi, la cour des comptes compare des politiques différentes » avance Christophe Delahaye.

« Des économies, il y en a eu »

Ce conseiller régional PRG s’est vu confier au moment de La fusion une mission d’information pour en évaluer le coût. Une initiative unique en France que souligne la Cour des comptes. Et pour lui, trois rapports plus tard, pas de doutes, des économies ont été faites. « Assurances, informatiques, flotte véhicules, téléphone… Des économies il y en a eu. Il a fallu mettre en place une organisation pour cela. Nous avons rationnalisé nos satellites notamment. Les agences régionales ont vu leur nombre divisé par quatre » assure le vice-président de la commission des finances.

« Il n’y a pas eu de fusion dans beaucoup de domaine. Il y a eu juxtaposition de services » explique au contraire Elisabeth Pouchelon. Julien Léonardelli, évoque, lui, un « dédoublement des postes » « Il y a des postes, dans la communication par exemple, qui n’ont pas besoin d’être doublé » assène l’élu RN qui parle aussi « de deux hôtels de région qui aujourd’hui ne servent plus à rien puisque les assemblées plénières ont lieu au Parc des expositions de Montpellier ».

Mais Christophe Delahaye de surenchérir : « Nous avons également mené des actions communes sur le rail par exemple entre l’Aude et la Haute-Garonne. Tout ça n’est pas encore mesurable mais le sera un jour ». Au chapitre des transports d’ailleurs, la cour des comptes relève un bilan positif pour l’Occitanie. Elle est avec Centre-Val de Loire et La Réunion, une des régions à connaître une hausse supérieure à 10% hors recettes transférées pour la compétence.

Dans le trio de tête des régions où l’endettement a le plus augmenté

Là où le bât blesse en revanche pour notre région, c’est sur l’endettement. Même si seules trois régions en France ont enregistrée des baisses à ce niveau, l’Occitanie fait partie des trois mauvais élèves à l’autre extrémité du classement selon la cour des comptes qui lui attribue une hausse de 27,7% en la matière. Un endettement contesté par la présidente socialiste de la commission finance. « Nous restons sur un niveau d’endettement qui est bien en deçà de la moyenne des régions. En Occitanie, c’est 338 euros par habitants et par an, ailleurs, elle dépasse les 400 euros. Nous avons une des capacités de désendettement les plus courtes de France, nous avons besoin de moins quatre années pour nous désendetter» précise Claire Fita.

La cour des comptes relève enfin que, comme Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie n’a pas fourni ou recensé ses coûts de transition. Elisabeth Pouchelon parle d’un « problème dans la fiabilité des comptes » que la cour a selon elle relevé. « Elle dit que dans la façon dont les budgets sont montés et présentés, ils ne sont pas particulièrement fiables ». Paradoxe pour la seule région de France à avoir mis en place une mission d ‘information sur la fusion des région. Le président de cette dernière, Christophe Delahaye n’en démord pas : « Nous n’avons rien à cacher. A terme c’est évident, nous aurons fait des économies ». Bref, l’heure des comptes ne semble pas encore avoir sonné. Mais cette fusion des régions devra bien, un jour ou l’autre, livrer son bilan comptable.

Patrick Noviello (@patnoviello)

24 Sep

Grand débat retraites à Rodez : « Diversion » pour les uns, « explication nécessaire» pour les autres

Emmanuel Macron lors d’un grand débat autour des maires le 18 janvier 2019 à Souillac dans le Lot (Photo PQR La Montagne/MaxPPP)

Le premier grand débat national sur les retraites se tiendra donc jeudi 26 septembre à Rodez en présence d’Emmanuel Macron. Retour sur ce qui a prévalu à ce choix et réactions politiques sur place.

Pourquoi Rodez ?

Emmanuel Macron avait terminé sa campagne présidentielle dans la préfecture de l’Aveyron.  « La visite était prévue de longue date » confirme le maire de la ville proche du chef de l’Etat. Christian Teyssedre candidat à sa réélection et soutenu par En Marche, sera d’ailleurs décoré de la Légion d’Honneur par le Président.

Rodez incarne une certaine idée de la France et de la ruralité même si son agglomération regroupe 60 000 habitants et qu’elle est aussi vue d’ici par certains comme la « métropole de l’est midi pyrénéen ». Mais pour Guilhem Serieys, conseiller régional LFI, l’Aveyron est aussi une terre de contestation sociale où  « des milliers d’emplois sont menacés à court terme ». « Il n’est pas concevable en venant ici qu’Emmanuel Macron ne s’exprime pas sur la situation d’entreprises comme la SAM ou Bosch ».

« Il est passé sur le site de la Bosch d’Onet-Le-Château, il y a trois ans, alors que son mouvement n’était pas encore construit. Il y avait déclaré que le diesel était une filière d’avenir » rappelle non sans ironie Bertrand Cavalerie, le premier secrétaire fédéral du PS en Aveyron.

Un Grand Débat pour quoi faire ?

Corinne Vignon est présidente du groupe de travail transpartisan sur les retraites. La députée de la Haute-Garonne a déjà réalisé plus d’une vingtaine d’ateliers dans le pays sur le dossier. Pour elle, ce grand débat a un objectif majeur : « il va faire apparaître les points d’achoppement et de doutes ». Pour Guilhem Serieys, conseiller régional LFI de l’Aveyron, « comme lors du mouvement des gilets jaunes, ce grand débat va servir à faire diversion ». « Au lieu de créer les conditions d’un vrai débat pour répondre aux urgences sociales, Emmanuel Macron va focaliser l’attention pendant des mois sur le dossier des retraites ».

Pour la parlementaire En Marche, il va falloir être pédagogique et dire les choses. « Les régimes spéciaux par exemple… La majorité des français disent qu’il va falloir faire quelque chose là-dessus. Ensuite, il y a des mises aux point à faire : avec 1300 euros mensuels en moyenne, la France est le pays de l’OCDE où le montant des retraites est le plus élevé ». « L’entrée d’Emmanuel Macron sur le dossier est biaisée » rétorque Guilhem Serieys. « Il veut nous faire croire que pour financer le régime des retraites on est obligé de travailler plus. C’est une tromperie parce que le travail produit aujourd’hui beaucoup plus de richesses que par le passé » assure l’Insoumis.

Concernant le Grand débat, Bertrand Cavalerie ne souhaite pas crier au loup. « On a suffisamment reproché à Emmanuel Macron de ne pas être à l’écoute. Mais j’espère que cette fois-ci le public invité sera représentatif et pas uniquement composé d’élus comme ce fut le cas dans le Lot à Souillac ». Le premier fédéral du PS aveyronnais redoute toutefois que l’événement se résume à « une sortie médiatique ».

Patrick Noviello (@patnoviello)

A noter que « Dimanche en Politique » sera consacrée cette semaine à la réforme des retraites et reviendra sur ce grand débat mené à Rodez. Rendez-vous donc dimanche à 11h25 sur France3 Midi-Pyrénées

20 Sep

Une députée LREM donne raison à Robert Ménard sur la « concentration » d’enfants immigrés dans les écoles

Une députée La République en Marche de Toulouse soutient le maire de Béziers s’agissant du nombre d’élèves d’origine immigrée. Sandrine Mörch parle d’un « problème de concentration ».

Sandrine Mörch, députée En Marche de la Haute-Garonne. MaxPPP

« – Deux tiers des enfants sont d’origines dans mes classes »

– Je connais très bien votre ville, c’est votre concentration qui pose un problème à Béziers ».

L’échange s’est déroulé jeudi, lors d’un débat télévisé consacré à l’Immigration. L’évaluation des « deux tiers » émane du très médiatique maire de Béziers.

La qualification de « problème de concentration » est celle de la députée En Marche de Toulouse, Sandrine Mörch. La députée toulousaine a ensuite ajouté :

« J’ai la même chose à Toulouse, au Mirail dans un quartier sensible. On prend des élèves dans un collège pour les mettre dans des collèges plus huppés et les mamans ne demandent que ça, un anniversaire avec des petits Français ». (Sandrine Mörch)

Ce rapprochement n’a pas été le seul lors d’un débat qui a duré une quinzaine de minutes. A différentes reprises, le présentateur de l’émission, David Pujadas, a ponctué les échanges d’un « elle (NDLR Sandrine Mörch) est d’accord avec vous (NDRL Robert Ménard) ».

La députée toulousaine met en avant son passage (10 ans) dans les rangs de Médecins Sans Frontières. « Je sais ce que c’est un réfugié » affirme Sandrine Mörch. Elle plaide également pour « une immigration positive » et le « potentiel » des immigrés.

Mais la parlementaire affiche toutefois des points de « rencontre » avec le maire de Béziers, notamment s’agissant de « plus de fermeté » pour les reconduites à la frontière ou encore le fait que les « bourgeois ne croisent pas les immigrés alors que les classes populaires vivent avec ».

Un « constat » qui a été exprimé, lundi soir, par Emmanuel Macron.

A noter que, dans le même temps, Sandrine Mörch se revendique comme appartenant l’aile gauche d’En Marche. La députée toulousaine a notamment signé une tribune  « éviter une hystérisation inversement proportionnelle à la réalité migratoire ».

Un débat, sur l’immigration, est prévu à l’Assemblée et au Sénat fin septembre et début octobre.

Laurent Dubois (@laurentdub)

18 Sep

Procès des responsables de La France Insoumise : le toulousain Manuel Bompard livre sa version des faits

Tout le monde se souvient de ces images de Jean-Luc Mélenchon et de la perquisition au siège de LFI en octobre dernier. Six responsables du mouvement politique comparaissent ces jeudi et vendredi devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour « actes d’intimidation contre l’autorité judiciaire, rébellion et provocation ».

Manuel Bompard. Photo : MaxPPP

« Les faits qui se sont déroulés en octobre ne méritaient pas un tel déferlement judiciaire. Mais maintenant, il est là ce procès et ça va être l’occasion pour nous de faire la démonstration qu’il est utilisé à des fins politiques et que la démocratie ne porte pas bien quand on utilise la justice à des fins politiques » confie avec combativité le député européen.

Procès politique ? Pas seulement pour les Insoumis »

« Ça n’est pas le cas que pour La France Insoumise. Ça a été vrai dans la mobilisation des gilets jaunes, c’est vrai face à ces jeunes qui se mobilisent contre l’inaction climatique et qui vont décrocher les portraits du Président de la République ». Pour Manuel Bompard, « quand on a  des divergences politiques, on doit les régler par le vote, le débat, l’argument, le respect de la démocratie, pas en utilisant la justice »

Autre argument avancé par l’insoumis : l’enquête n’a pas été diligentée par des juges d’instruction indépendants mais par le Parquet, dans le cadre d’une enquête préliminaire. «C’est le Parquet donc directement placé sous la hiérarchie du Ministère de la Justice qui a organisé cette opération de la perquisition » assène-t-il.

Manuel Bompard nie s’être opposé, ainsi que ses camarades, à ce que la perquisition puisse se tenir. « Les responsables de La France Insoumise ont souhaité pouvoir assister au déroulement des opérations comme la loi le leur permet. » Or pour LFI cette loi n’a pas été respectée. Le député européen explique que les responsables du mouvement présents veillaient notamment à ce que le fichier des adhérents de LFI ne soit pas emporté.

L’image de LFI »

Quand on lui demande s’il n’a pas peur qu’après ce fameux « La République c’est moi » lancé par Jean-Luc Mélenchon, l’image du mouvement soit écornée pour la campagne des Municipales, voici ce qu’il répond :

« On a été médiatiquement condamné par avance avec ces quatre minutes de vidéo sur quarante où on a tourné. Cette minute d’incompréhension qui a conduit à ce que le ton puisse un peu monter a été diffusée en boucle depuis un an dans notre pays sans qu’on puisse voir l’ensemble de la bande vidéo. J’essaie de dire aux gens de ne pas s’arrêter à cette minute. » C’est sans doute ce qu’il essaiera aussi de dire au juge.

Patrick Noviello (@patnoviello)

12 Sep

Municipales : les propositions des « féministes au Capitole »

Photo MaxPPP Xavier De Fenoyl

Elles se veulent un groupe de travail ayant consulté plusieurs associations et collectifs. A l’heure du Grenelle des violences conjugales lancé par le gouvernement, elles démontrent que des mesures peuvent aussi être prises au niveau local. Mais au-delà des violences, leurs propositions balaient tout le prisme de l’action municipale. Tour d’horizon.

« Pour une ville plus féministe » rien de mieux que commencer par mettre de l’ordre dans la mairie elle-même avec notamment une parité plus paritaire. « Par exemple, si le Maire est un homme, la Présidente de la Métropole est une femme ». Une parité dont il est de plus en plus question mais qui doit aussi assurer ses bases avec notamment une incitation des femmes à s’impliquer plus dans la vie publique locale.

« On est encore dans une société où ce sont principalement les femmes qui s’occupent des enfants. Celles qui s’engagent dans la vie publique sont soit très jeunes soit plus âgées, il y en a peu qui ont entre 30 et 40 ans »  explique Katia Broussy co-fondatrice du groupe avec Ninon Gillet. Pour « les féministes au Capitole », l’égalité femmes-hommes ne doit pas non plus être oubliée dans la politique salariale municipale et métropolitaine.

Agir localement contre les violences faites aux femmes

Quelques jours après le lancement du Grenelle des violences faites aux femmes, de nombreuses « propositions programmatiques » énoncées démontrent que l’action peut aussi se faire au niveau local : création de logements d’accueil pour femmes victimes, prêt de téléphone pour urgence absolue avec ligne directe vers une cellule dédiée, création d’un centre de soins spécialisé dans les violences faites à toutes les femmes…

« Localement, il y a moyen de faire les choses plus rapidement, précise Katia Broussy. Par exemple, c’est le cas pour les logements vides que les mairies pourraient réquisitionner pour les femmes en difficulté. Une loi les y autorisent mais elles ne le font pas ».

Autre propositions remarquée : la création d’une « Maison des hommes violents » « dans laquelle les hommes coupables de violences conjugales vivraient en semi-liberté et feraient leur obligation de soins. « Ce dispositif a le double avantage d’éloigner les hommes violents du domicile conjugal (…) mais aussi de « traiter » la question de la violence des hommes sans forcément les faire passer par « la case prison » qui est bien souvent contre-productive ».

Le féminisme, un sport de combat ?

L’égalité femmes-hommes étant souvent une question d’éducation mais aussi de vivre-ensemble, de nombreuses mesures sont élaborées en cette direction. Des cours de récréations à repenser pour que les terrains de sports ne soient pas monopolisés par les garçons, des animateurs CLAE et ATSEM à former à l’égalité filles-garçons. Certaines pistes de réflexion peuvent aussi s’avérer plus radicales comme celle prônant la réservation de jours non-mixtes dans les city stades et skate parcs pour favoriser la pratique de ces sports par les filles.

« Ce ne serait pas à long terme mais juste le temps de la prise de conscience face à une vision encore très genrée. Ça peut être une demi-journée par semaine avec un encadrement pas des animateurs pour que les jeunes filles s’approprient ces espaces » tempère Katia Broussy. D’autres propositions concernant le sport trouvent, elles aussi, une résonnance avec l’actualité, notamment celles contenues dans le paragraphe « lutte contre le harcèlement et les propos sexistes ».

Toujours au chapitre du sport, mais pas seulement, des mesures très pragmatiques sont également évoquées : « par exemple ce n’est pas forcément l’équipe masculine de rugby qui doit avoir accès au terrain en vraie pelouse alors que l’équipe féminine est reléguée sur le terrain synthétique, alors qu’elle-même qu’elle est mieux classée au national que les garçons. » Ou encore : « création de places de stationnement pour les femmes enceintes dans les parkings et dans les rues, en particulier à proximité des maternités, pharmacies, crèches et écoles ».

Aux candidats de s’en emparer

Le livret de propositions a été envoyé, il y a quelques jours, à différents partis et mouvements politiques présents à Toulouse. Le RN dont le groupe de travail a jugé les prises de positions publiques « opposées au féminisme » n’en a pas été destinataire. Ce programme « féministe » pourrait également voyager : « Nous allons le diffuser dans d’autres communes, car ces problématiques se retrouvent partout en France ». Reste à savoir maintenant si les candidats s’en inspireront et dans quelles proportions.

Patrick Noviello (@patnoviello)

 

17 Juil

Non, la mairie de Toulouse ne va pas interdire les drapeaux étrangers pour la finale de la CAN entre Algérie et Sénégal

Le Rassemblement National a demandé au maire de Toulouse d’interdire les drapeaux étrangers pour la finale de la Coupe d’Afrique des Nations. C’est non. Voilà pourquoi.

Joie des supporters algériens. Photo : MaxPPP. M.Jegat

Pour la demi-finale, des incidents se sont produits à Toulouse. Des supporters algériens ont fêté la victoire de leur équipe nationale face au Nigéria et la soirée s’est terminée par des tirs de grenades lacrymogènes, notamment place du Capitole ou encore sur les boulevard. Aucune interpellation. La situation a été beaucoup plus calme qu’à Lyon et Paris

Mais un élu régional du Rassemblement National, candidat aux Municipales de mars 2020, Quentin Lamotte, demande au maire de Toulouse de prendre un arrêté pour la finale qui doit se dérouler vendredi soir. Quentin Lamotte demande à Jean-Luc Moudenc d’interdire « l’usage ostentatoire des drapeaux étrangers au centre ville ».

 

Selon nos informations, le sujet est pris au sérieux au Capitole. Les services juridiques de la mairie ont été consultés pour évaluer la légalité d’un tel arrêté. Une réponse « positive » aurait été surprenante. Un drapeau national est, par définition, l’emblème d’un Etat. Le fait de le brandir dans la rue n’est pas, en soi, constitutif d’un trouble à l’ordre public.

A l’extrême rigueur, et c’est encore contestable devant le juge administratif, il est possible d’interdire, dans un périmètre donné, des drapeaux. Mais l’interdiction doit porter sur tous les drapeaux, y compris Français et ceux des clubs sportifs. Dans ce cas, comme pour les bouteilles en verre, il s’agit d’éviter que des drapeaux se transforment en projectiles, en « armes par destination ».

En 2014, le maire de Nice a pris un arrêté pour interdire l’usage ostentatoire de drapeaux étrangers pendant la Coupe du Monde de foo.  La justice a suspendu l’exécution de la décision. Ce précédent a forcément pesé dans la décision du Capitole.

Interrogé par France 3, l’adjoint à la sécurité, Olivier Arsac, a indiqué :

Le candidat du Rassemblement National demande d’interdire les drapeaux étrangers dans Toulouse. Il prétend que la mairie de Nice avait pris une telle disposition avec succès. C’est tout à fait inexact. En effet, la justice administrative avait annulé cet arrêté pris par la mairie de Nice. La gestion de la 4ème ville de France commande de connaître et respecter les lois de la France. Les violer entraîne, et c’est heureux, une condamnation par les tribunaux. De quoi affaiblir la cause prétendument défendue par les mesures illégales. Si nous sommes à l’écoute de toutes les propositions, d’où qu’elles viennent, elles doivent êtres formulées avec responsabilité ».

Mais, politiquement, Quentin Lamotte a réussi son « coup ».

Il a trouvé un sujet qui lui permet de faire entendre sa voix en pleine trêve estivale. A 9 mois d’une élection, ça s’appelle faire campagne.

Laurent Dubois (@laurentdub)

08 Juil

Municipales : LaREM veut « s’ancrer dans les territoires »

La campagne des Municipales est bel et bien lancée pour le mouvement d’Emmanuel Macron. Deux initiatives qui se sont déroulées ce dimanche l’attestent. Trois « espaces citoyens » ont été inaugurés dans le pays dont un à Foix en Ariège. Parallèlement des ateliers intitulés « En Marche vers nos communes »  pour construire les futurs programmes sont organisés notamment en Haute-Garonne.

Pour préparer les Municipales, la République En Marche organise des ateliers et des débats comme ici ce dimanche à Saint-Orens. (Photo LREM 31)

« La République En Marche » cherchait-il vraiment un enracinement local ? C’est la réponse qui se posait notamment après de parcimonieuses annonces d’ « investitures » ou de « soutiens » en provenance de l’état-major parisien. Mais les actions se mettent à devenir de plus en plus locales comme ce fut le cas ce dimanche.

A Saint-Orens par exemple où la maire sortante, Dominique Faure est officiellement soutenue par LREM, une trentaine de marcheurs se sont réunis. Au programme des ateliers qui se sont déroulés de 9h à 17h autour de thématiques locales classiques comme le logement, la mobilité ou la sécurité. « C’est le deuxième étage de la fusée commente Pierre Casteras. On a  d’abord formulé des projets. Nous en sommes maintenant aux propositions ».

Instaurer un dialogue »

Le référent de la Haute-Garonne explique que la démarche a été entreprise dans toutes les communes de plus de 9000 habitants de son département : Muret, Castanet, Toulouse, Colomiers ou encore Balma. Objectif : « instaurer un dialogue ». A Toulouse, par exemple, ce sont le député Jean-François Portbarrieu et le directeur de cabinet du Président de l’Assemblée Nationale, Jean-Marie Girier qui sont chargés des échanges avec Jean-Luc Moudenc.

A Castanet, le maire sortant Arnaud Lafon ayant annoncé qu’il ne se représentera pas, les discussions sont en cours avec le Modem. De manière générale, trois cas de figures s’offrent au mouvement présidentiel : soit une tête de liste LREM, soit une liste portée par un autre membre de la majorité présidentielle, soit un accord avec un élu non issu de la majorité présidentielle mais avec qui le projet est partagé.

« Nous avançons » se satisfait Pierre Casteras. « On a lancé un appel aux bonnes volontés. On a des demandes de création de comités locaux. On retrouve ce qui fait notre essence ». Nul doute que LREM avait grand besoin d’ « s’ancrer dans les territoires ». Pour la Haute-Garonne, les Législatives avaient facilité l’opération. Mais quid des départements où En Marche ne compte pas de parlementaires ?

Espaces citoyens »

Là, le mode opératoire est différent avec la mise en place d’ « espaces citoyens » comme ce fut le cas  ce week-end à Foix. L’annonce a été faite avec emphase évoquant « un forum d’un genre nouveau » avec comme tête d’affiche Raphaël Bernardin, le maire de Saint-Sulpice-La-Pointe dans le Tarn, premier maire élu sous les couleurs LaREM à l’automne 2017.

Dans le bâtiment de 150 m² sur trois étages, « il y a une zone d’accueil où tous nos visiteurs pourront se renseigner sur nos activités et trouver des informations sur les réformes en cours, un espace dédié à l’écosystème local » précise Jérôme Azéma dans un communiqué. Et le référent départemental de s’enthousiasmer : « On a des projets plein la tête et on met la main à la pâte pour leur donner corps ». Pas de doute, en Ariège comme ailleurs, la campagne des Municipales est bel et bien lancée.

Patrick Noviello (@patnoviello)

 

 

 

28 Juin

Municipales : Quentin Lamotte, candidat du RN  à Toulouse

Quentin Lamotte (au centre) entouré de Julien Léonardelli délégué départemental du RN 31 et de Maïthé Carsalade, conseillère régionale RN ce matin, place du Capitole (Photo RN31)

Il s’était révélé lors de son élection au conseil régional dont il est le benjamin. Quentin Lamotte, 31 ans, vient d’être investi par le Rassemblement National pour briguer la Mairie de Toulouse.

Le délégué départemental du RN sourit. A l’heure où d’autres partis se déchirent pour désigner leur candidat, le sien se targue d’être « discipliné ». « Nous avons tout simplement une commission nationale d’investiture » déroule Julien Léonardelli.

D’autres candidats ont également voulu participer au débat mais je soutenais Quentin Lamotte qui était le candidat légitime » (Julien Léonadelli).

Investi au RN sur la ville et le département depuis une dizaine d’année, Quentin Lamotte y pense en se rasant depuis une bonne année. Depuis douze mois, en effet, le Rassemblement National dit avoir « maillé » le territoire toulousain avec des référents pour chaque quartier. Un maillage qui va désormais servir pour les prochaines Municipales.

Je n’ai jamais caché mon appartenance politique »

« Contrairement à d’autres, je n’ai jamais caché mon appartenance politique. Ma liste sera clairement identifiée Rassemblement National. Maintenant, je n’oblige aucune personnalité de la société civile qui nous a rejoint ou nous rejoindra à prendre sa carte au RN » affirme sans détour la tête de liste. Une liste qui se veut « ouverte » mais qui se revendiquera du parti de Marine Le Pen.

Seulement Toulouse n’a jamais vraiment réussi au Rassemblement National aux municipales. « Même si Toulouse est une grande ville et que la bataille y sera aussi politique, il y a un enjeu local » tempère le délégué départemental du RN 31. Julien Léonardelli ne cesse de le marteler : «la politique, c’est pas des mathématiques ! ».

L’objectif ? Etre au second tour ! »

De son côté Quentin Lamotte a quand même fait ses calculs. « Notre objectif est clairement d’être au second tour. On a le socle électoral pour ça, entre 15 et 20 000 voix. Depuis 2014, hormis lors des Législatives de 2017 (NDLR : où il était aussi candidat sur Toulouse), on a régulièrement franchi le nombre de voix pour avoir les 10%. »

Mais le jeune courtier en crédits immobiliers ne veut pas s’en tenir à une logique comptable. « Maintenant, notre travail va être de mobiliser notre électorat mais aussi de lancer un appel aux électeurs LR qui ne sont pas partis chez LREM ».

Ces bulletins qui les feraient basculer au second tour, le candidat RN compte aussi aller les chercher dans les quartiers qu’il qualifie de « sensibles » et où il dit avoir « des marges de progressions ». Pour cela, la thématique de la sécurité sera forcément encore très présente dans le futur programme. « Jean-Luc Moudenc avait des bonnes intentions en la matière. Mais les résultats ne sont pas là . Il avait pourtant les relations politiques pour obtenir des policiers nationaux supplémentaires. Mais on ne peut rien faire si on est défaitiste».

Stop à la densification massive ! »

Autre grief à l’encontre du maire sortant, urbanistique celui-ci : la densification « massive ». « La métropole accueille 7000 nouveaux logements par an dont la moitié à Toulouse. Mais les transports publics ne suivent pas. Prenez le quartier Malepère. 1200 logements vont y être construits et il n’y a qu’une ligne de bus. Que vont faire ces nouveaux arrivants ? Se déverser avec leurs voitures sur une rocade déjà saturée» assure Quentin Lamotte.

Son programme doit encore être affiné. « Nous le consoliderons en juillet-août, avant de le présenter en septembre » précise-t-il. L’agenda semble déjà bien ficelé. Premier sur la ligne de départ ne signifie pas forcément premier sur la ligne d’arrivée. Mais le RN a d’ores et déjà lancé sa campagne et ne compte pas attendre les autres pour conquérir l’électorat toulousain qui lui fait défaut pour atteindre ses objectifs.

Patrick Noviello (@patnoviello)

27 Juin

Réforme des retraites : le groupe de travail présidé par Corinne Vignon rend ses propositions

La députée LREM de Haute-Garonne a présidé pendant trois mois les travaux du groupe transpartisan sur la mise en place d’un système universel de retraite. Auditionnée le 26 juin par la commission des Affaires Sociales de l’Assemblée Nationale, elle a rendu ses préconisations.

Corinne Vignon, députée En Marche de la Haute-Garonne et présidente du groupe de travail transpartisan sur la réforme des retraites. Photo : MaxPPP/isorel

Le constat de la députée est sans appel : « notre système de retraite est dépassé ». Autrement dit, il « n’est plus adapté aux réalités des situations de chacun et laisse certains de nos concitoyens sur le bord du chemin ». Mais attention un système universel ne signifie pas unique. Pour Corinne Vignon, « ce nouveau contrat social permettra de redonner confiance aux français dans notre système de retraite et contribuera à mieux prendre en charge les diversités et les spécificités des parcours de vie et professionnels de chacun ».

Un départ à quel âge ? »

Mais dans le détail que disent exactement les conclusions du groupe de travail ? Ces propositions ont pour but de « venir nourrir le débat national dont les parlementaires se saisiront prochainement ». N’y cherchez donc pas une préconisation précise sur l’âge légal de départ à la retraite. Ce point, sans doute le plus chaud de cette réforme, ne sera véritablement abordé que dans l’hémicycle. Mi-juin, Edouard Philippe avait évoqué « la possibilité d’un départ à 62 ans » mais avait également parlé d’ « un âge d’équilibre » pour inciter à « travailler plus longtemps ».

Quoi qu’il en soit, le groupe de travail formule d’ores et déjà 18 propositions. Parmi celles mises en avant : l’extension du dispositif de la réversion aux pacsés, qui en sont aujourd’hui exclus. Les députés souhaitent également instaurer un système de bonus-malus pour encourager les seniors. « Le coût de la mise hors emploi d’un salarié de plus de 55 ans serait alourdi par une contribution supplémentaire » explique le rapport. Enfin dans le cadre d’une entrée de plus en plus tardive des jeunes dans la vie active, les parlementaires veulent permettre aux stagiaires de constituer des droits à la retraite.

Un bonus/malus pour encourager l’embauche des seniors »

Comment ses propositions, et les quinze autres, ont-elles été établies ? Le groupe de travail a organisé des tables-rondes avec les syndicats de personnel et d’employeurs mais aussi avec des associations de familles ou encore des structures luttant pour l’égalité femmes/hommes. Experts et représentants d’administrations ainsi que fédérations de retraités ont également été entendus. Les « aidants » ainsi que certaines professions dites « à risque » comme gendarmes, pompiers ou encore personnels pénitentiaires ont aussi été consultés.

Que vont devenir ces propositions ? Même si elle a rencontré à plusieurs reprises Jean-Paul Delevoye, Corinne Vignon n’a pas eu d’engagement précis du haut-commissaire à la réforme. Ce jeudi, le ministre en charge des Relations avec le Parlement a indiqué que le projet de loi serait déposé à l’horizon de la fin d ‘année. La réforme des retraites devait initialement être débattue après les Européennes. Pour Jean-Paul Delevoye, « un ou deux mois de plus, ce n’est pas un souci (…) si le délai consiste à enrichir les débats ». « Si le délai consiste à enterrer le sujet, je demanderai à ce moment-là que les choses soient clarifiées » a-t-il cependant rajouté.

Patrick Noviello (@patnoviello) avec AFP

06 Juin

Départ de Valérie Pécresse des Républicains : le référent de son mouvement en Haute-Garonne réagit

C’était il y a tout juste un an, le mouvement « Libre » de Valérie Pécresse tenait son premier séminaire de travail et Pierre Esplugas-Labatut y était désigné référent territorial pour la Haute-Garonne. L’échec de LR à la Présidentielle était encore dans toutes les têtes. Mais qui pouvait imaginer la crise qu’allait vivre le parti aujourd’hui ?

Pierre Esplugas-Labatut et Valérie Pécresse lors du premier séminaire de travail de « Libre » en juin dernier à Orléans (Photo DR)

Pierre Esplugas-Labatut ne s’en cache pas, il ne s’attendait pas au départ de Valérie Pécresse. Il n’est pas pour autant pris de cours quand on lui demande s’il va quitter Les Républicains à son tour : « La différence entre elle et moi, c’est qu’elle est sur une trajectoire nationale, moi je suis pleinement engagé sur les Municipales à venir et ne compte pas déstructurer d’avantage Les Républicains, notamment en Haute-Garonne ».

A Paris, c’étaient les conservateurs qui avaient pris le pouvoir »

« J’ai acquis la conviction que la refondation de la droite ne pourra se faire à l’intérieur et qu’elle doit se faire à l’extérieur du parti » a expliqué Valérie Pécresse ce mercredi soir au 20H de France 2. Mais alors que ce soit dans le parti actuel ou en en créant un autre que peut-il advenir d’un courant de droite modérée que veut incarner la présidente de la Région Île de France et auquel adhère Pierre Esplugas-Labatut ?

« Ce courant de droite modérée il était déjà incarné dans ma fédération locale. C’est un élément de plus pour que je ne parte pas. Mais à Paris, dans la structure nationale c’étaient des conservateurs qui avaient pris le pouvoir » analyse le porte-parole de LR 31.

Je sentais que ça allait craquer »

Un courant conservateur à qui il attribue l’échec des Européennes et une crise qu’il avait vu venir. « Oui, je sentais que ça allait craquer car les résultats aux élections sont têtus et ce résultat marque l’échec du courant conservateur». Espère-t-il pour autant un futur président tendance droite modérée ?

« Peu importe. Les prochains patrons ce seront ceux qui porteront la droite dans les futures élections locales, municipales, départementales, régionales » affirme sans détour celui qui est aussi adjoint au maire de Toulouse. « Il faut d’abord un réseau d’élus locaux pour incarner la droite sinon là le parti peut vraiment mourir ». Et le porte-parole de LR en Haute-Garonne de se dire prêt à parier que les résultats des Municipales ne seront pas ceux des Européennes.

Pierre Esplugas-Labatut ainsi que Brigitte Barèges, Aurélien Pradié et Arnaud Viala seront les invités de « Dimanche en Politique » cette semaine. « Quel avenir pour Les Républicains ? » c’est dimanche à 11h25 sur France3 Midi-Pyrénées

Patrick Noviello (@patnoviello)