05 Sep

[Echo de campagne] le boomerang Iborra

« C’est une c…d’avoir fait fuité la lettre envoyée à Monique Iborra. C’est n’importe quoi ». La phrase n’est pas vraiment sympathique. Mais elle n’émane pas d’un adversaire politique. Un socialiste porte un regard sévère sur la gestion de l’affaire Iborra par le PS 31. Explication d’un coup de gueule.

Boomerang-Compressed

Le 1er septembre, les lecteurs du quotidien régional on pu lire le courrier adressé par Sébastien Vincini à la députée Iborra. Un courrier comminatoire dans lequel le 1er fédéral demande au trublion de clarifier sa position politique.

Depuis des semaines, Monique Iborra harcèle son (propre) camp et tire à boulet rouge contre « sa » candidate, la socialiste Carole Delga. En faisant paraître un article dans le journal de Jean-Michel Baylet, le PS 31 tape du poing sur la table.

C’est un grand coup. Mais un coup de boomerang.

Le PS Haut-Garonnais reprend en pleine tête l’uppercut qui était censé calmer Monique Iborra. Le lendemain de la divulgation du courrier fédéral, la députée rebelle organise une conférence de presse. Ses camarades voulaient la réduire au silence. C’est loupé. Le résultat est même contraire au but recherché. Face à l’ensemble de la presse locale (France Bleue, Coté Toulouse, la Dépêche du Midi et par téléphone ObjectifNews) Monique Iborra annonce publiquement son soutien à Philippe Saurel.

Le 1er fédéral obtient enfin la clarification qu’il attendait. Seul problème, Monique Iborra ne démissionne pas et elle n’annonce pas sa candidature sur la liste du maire de Montpellier. Dans le premier cas, la socialiste s’excluait d’elle même du PS. Dans le second, conformément à une « jurisprudence » de la rue de Solférino, Monique Iborra était « éjectée » du parti. En effet, un socialiste qui se présente contre un autre socialiste est rapidement exclu par le Bureau National.

Mais, Monique Iborra ne tombe pas dans le « panneau ». En fait, c’est elle qui prend au piège ses chers camarades. Ils ne peuvent pas conserver dans leurs rangs une parlementaire qui bafoue les règles (élémentaires) de la discipline. Mais, dans le même temps, une exclusion est impossible.

Jeudi soir, la fédération du PS  prononce une suspension. Concrètement, cela signifie que Monique Iborra ne peut plus participer au bureau fédéral et au conseil fédéral. Elle est coupée des cadres du parti. Mais elle conserve sa carte de militante et elle continue à siéger dans le groupe PS au Palais-Bourbon.

Comme le précise un responsable national du PS,

« les parlementaires ont, à l’heure actuelle, un statut de quasi intouchable. Le rapport de force à l’Assemblée ne nous permet pas de faire autrement ».

De plus à ces considérations politico-parlementaires s’ajoutent des contraintes statutaires. Un fin connaisseur des arcanes socialistes précise :

«  la procédure la plus simple, la plus directe et la plus rapide pour exclure un parlementaire est que le Bureau National se saisisse du dossier. Il ne le fait que pour des défaillances graves. Notamment quand un socialiste se présente contre un autre socialiste. Autrement, si on passe par le niveau fédéral et la commission de résolution des conflits (NDLR Instance nationale), c’est extrêmement long. J’ai eu le cas d’un camarade qui était dans une collusion ouverte avec la droite. Cela a pris 1 an et demi pour que j’obtienne l’exclusion ».

Bref, Monique Iborra n’est pas prête d’être exclue.

Ses camarades n’ont pas fini de l’entendre ni de la voir aux côtés de Philippe Saurel.

En attendant, ils lui offrent une publicité géante. Monique Iborra n’est pas une figure nationale. Mais elle a eu droit aux « honneurs » d’Europe 1.

Elle peut remercier le PS 31.

Laurent Dubois