L’Elysée plante son chapiteau dans les hangars d’Airbus. Nicolas Sarkozy met en musique ses vœux aux forces économiques. L’Ode à l’A 380 est ambiguë. Derrière le concerto : un naufrage.
Des milliers d’avions vendus. Des centaines d’emplois créés. Airbus est un fleuron industriel.
Mais, c’est un vestige. Nicolas Sarkozy a choisi un symbole de réussite. En réalité, l’entreprise est un « radeau de la Méduse ».Un ilot dans un océan de délocalisations et de fermetures d’usines. Les eaux de la Mondialisation ont englouties l’automobile, la sidérurgie, le textile…
L’A 380 est une belle vitrine. Mais, sur le fond, l’opération est « cruelle ». Les ouvriers de Renault ou de Molex sont des « naufragés ». Et Nicolas Sarkozy parle de l’industrie dans le transat d’un « paquebot ».
Les friches attirent rarement. De gauche ou de droite, les responsables politiques cherchent des « écrins », mettant leur parole en valeur.
Néanmoins, le décalage est violent. Un décalage renforcé par un « volontarisme ». Les années passent. Nicolas Sarkozy ne change pas. Il est plus « présidentiel », moins « de Funès ».
Mais, il conserve sa foi de charbonnier. Il rabâche son credo : la volonté déplace les montagnes économiques. Seul problème. Sa verve est « plombée ». Quatre années de pouvoir ont creusé un abime de perplexité.
Pierre Cohen, Pierre Izard et Martin Malvy écrivent à Nicolas Sarkozy. Ils le rappellent « à ses devoirs envers le monde du travail ».
C’est un beau geste. Beaucoup de français n’auraient pas dépensé un timbre.
La confiance est fragile.
Difficile, lente à construire. Elle est encore plus difficile, lente à rétablir.