Une pétition circule. Des parlementaires interpellent Air France. La compagnie aérienne est sommée d’acheter Airbus. Cet appel au patriotisme – économique – européen est une saine croisade. Mais l’aéronautique est un mauvais cheval de bataille.
Une centaine d’avions. Une facture de 20 milliards d’euros. Air France va acheter des longs courriers. Boeing est favori. Le constructeur américain doit emporter le marché.
Le député du Tarn – Bernard Carayon – conteste ce choix. Avec 140 collègues, il plaide pour une préférence européenne. Pour lui, c’est une question de principe : Airbus doit équiper Air France. Ce protectionnisme est salutaire.
L’Europe est une puissance économique. Un PIB supérieur à celui des Etats-Unis et des records mondiaux : exportation de services, commerce. Pourtant, le « colosse » a des pieds d’argile. Ou plutôt peu agiles. La religion du libre-échange est une « chaussure » de plomb. Les Américains et les Chinois favorisent les achats nationaux. Les européens sont handicapés par un dogme : la – sacro-sainte – libre concurrence.
Bernard Carayon a raison de brandir le drapeau européen. Seul problème. Il se trompe de combat. Le protectionnisme passe par les droits de douane et la réglementation des marchés. Non par le lobbying et les menaces.
Airbus est gêné par l’encombrant député. Le marché américain est le principal débouché de l’avionneur européen. Il craint des représailles. De même Air France est agacé. Bernard Carayon néglige les intérêts de l’entreprise : qualité des moteurs, coûts de maintenance…
L’activisme pro-européen de Bernard Carayon a des racines…tarnaises. Il veut se donner des ailes pour les prochaines législatives. Sa nouvelle circonscription – découpée par ses amis – est une terre électorale difficile. Décoller dans les médias est un « parachute ».
Air France vaut bien un siège.