Le ministre de l’Economie a choisi sa ville natale, Amiens, pour lancer son mouvement, En Marche !. Mais Emmanuel Macron a des « attaches » régionales. Comment son initiative est-elle perçue aux pieds des Pyrénées et aux bords de la Méditerranée ? A Toulouse et Montpellier, dans les fédérations PS de la Grande Région des militants sont-ils prêts à le suivre ? Emmanuel Macron parle d’une démarche « ni de droite, ni de gauche ». Quel accueil dans notre région auprès des élus sans étiquette ? Eléments de réponse.
La Picardie, Strasbourg, le Touquet et, évidemment, Paris. L’enfance, les études (dans la capitale alsacienne) à l’Ena, les week-ends en famille et la vie professionnelle d’Emmanuel Macron sont loin de Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon. Mais il existe tout de même des points de rencontre.
Un cousin conseiller régional
Le premier est familial. Peu de conseillers régionaux le savent. Un de leur collègue appartient à la famille d’Emmanuel Macron. Michel Boussaton est discret sur le sujet. Mais le ministre de l’Economie ne se contente pas de dévaler les pistes de ski dans les Pyrénées. Il lui arrive d’échanger des SMS avec ce proche de Carole Delga. En charge des dossiers médicaux à l’hôtel de Région, Michel Boussaton (ancien chirurgien connu et reconnu) sollicite parfois l’avis du ministre de l’Economie.
Dialogue avec Jean Glavany
Second point de rencontre entre Emmanuel Macron et Midi-Pyrénées : Jean Glavany et les législatives. Dans un livre publié en 2015 (« L’ambigu Monsieur Macron », Flammarion), le journaliste Marc Endeweld rapporte une rencontre entre l’ancien ministre de François Mitterrand, député des Hautes-Pyrénées, et l’actuel locataire de Bercy. Au menu : une éventuelle candidature d’Emmanuel Macron sur la circonscription de Jean Glavany. « Entre la poire et le fromage, (Emmanuel Macron) reconnait être intéressé par la circonscription » écrit Marc Endeweld.
« En marche », mais avec qui ?
Depuis le mercredi 6 avril, les relations entre Emmanuel Macron et Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon ont changé. « En Marche ! » est un mouvement dont le sigle (EM) reprend les initiales du nom d’Emmanuel Macron. Ce détail est révélateur. Comme ailleurs en France, le ministre de l’Economie va devoir rallier des soutiens dans notre région. Il ne peut pas compter sur un parti dont il n’est pas membre et dans lequel il ne dispose d’aucun courant : le parti socialiste. C’est son équation personnelle qui va servir d’étendard.
C’est visiblement un bon calcul. Du coté des instances départementales et régionales du PS, l’accueil est prudent. Pour ne pas dire réservé.
Dans le Tarn, le premier fédéral, Patrick Vieu estime qu' »En Marche ! » « peut séduire des militants. On peut imaginer que des militants vont être tentés d’aller voir. On ne le découragera pas. On ne va pas imposer d’exclusivité. On va aborder le sujet lors du prochain conseil fédéral ». Dans une des plus importantes fédérations de la Grande Région, c’est le même son de cloche. Ce n’est pas un enthousiasme débordant. Le patron de la Fédé 34 déclare : » A ce jour, dans la fédération de l’Hérault, personne n’a fait son coming out pour se réclamer de Macron. Si telle ou telle de ses réformes a pu convaincre certains militants, son positionnement hors parti n’est pas fait pour séduire des militants qui au contraire témoignent leur attachement à un parti en y adhérant« .
Un soutien dans le Tarn-et-Garonne
Emmanuel Macron revendique un mouvement trans-partisan et utilise le vocable de « rassemblement citoyen ». C’est plutôt judicieux car ce sont des élus sans étiquette qui semblent le plus intéressé par sa démarche. Le maire (Divers Gauche) de Castelsarrasin, Jean-Philippe Bésiers « trouve la démarche intéressante. Cela mérite d’être approfondi et étudier ». Selon nos informations, l’élu tarn-et-garonnais pourrait prendre prochainement contact avec Emmanuel Macron.
Le cas Saurel à Montpellier
Un grand élu de la Grande Région semble avoir le (parfait) profil pour soutenir Emmanuel Macron : Philippe Saurel. Le maire de Montpellier (proche de Manuel Valls) se positionne, comme le ministre d’Economie, au delà des partis. Mais le premier magistrat de la 8ieme ville de France précise : « J’ai rencontré Emmanuel Macron le mois dernier à sa demande. J’ai passé deux heures dans son bureau à Bercy. Nous avons évoqué les dossiers de la Métropole et il était intéressé sur la recette de ma victoire à Montpellier. Mais c’est tout « .
Un membre du cabinet de Philippe Saurel envisage de créer une association des amis d’Emmanuel Macron. Mais, comme le précise Philippe Saurel, « je lui ai demandé que ce soit à titre personnel ».
Emmanuel Macron a réussi son plan de communication en lançant un mouvement qui se retrouve à la Une de la presse nationale. La mise en orbite est médiatiquement réussie. Mais il va falloir maintenant que le ministre de l’Economie fasse décoller le second étage : une implantation régionale.
En Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon, il va falloir du temps.
Laurent Dubois (@laurentdub)