Un élu albigeois vit et travaille à…6980 kilomètres du conseil municipal dans lequel il est censé siéger. Un mandat (très) longue distance qui se traduit par une absence chronique mais aucune démission à l’horizon.
Un océan sépare un élu tarnais de son mandat. Délégué aux aménagements urbains et au patrimoine naturel, Pierre-Marie Senes a changé de vie professionnelle. Il s’est installé, avec toute sa famille, en Guyane. Plus de 8 heures de vol pour retrouver la mairie d’Albi, c’est évidemment compliqué.
Lors du dernier conseil municipal, au moment de l’appel, le nom de l’expatrié a été cité. Sans surprise, le conseiller municipal a été porté « absent ».
Juridiquement, il n’existe aucune obligation de résidence pour un maire, un adjoint ou un conseiller municipal. Il est également possible, au regard du Code Électoral, d’être élu dans une commune voisine. L’élu albigeois peut donc faire ses valises pour l’Amérique du Sud sans être obligé de démissionner.
Mais, il est évident que le mandat de l’élu albigeois est, de facto, virtuel.
Il reste encore 6 mois de mandat…et d’indemnité (à la hauteur d’environ 400 euros par mois). Mais l’élu albigeois va occuper jusqu’aux prochaines élections municipales le poste de directeur Ressources Organisation et Propectives auprès de la caisse générale de sécurité sociale (CGSS) de Guyane. La conciliation entre les délégations municipales à Albi et un poste directorial près de l’équateur relève (pratiquement) de la « mission impossible ».
Contactée par France 3 Occitanie, la mairie d’Albi n’a pas répondu au sujet d’une éventuelle démission.
Depuis le début du mandat, en 2014, la majorité municipale a subi une dizaine de démissions. Un départ supplémentaire pourrait contraindre la maire d’Albi a un nouveau jeu de « chaises musicales ».
6 mois avant un scrutin, il n’est pas possible d’organiser une élection municipale partielle. Stéphanie Guiraud-Chaumeil est à l’abri d’un effet domino conduisant à un retour (anticipé) devant les électeurs.
Mais un remaniement de l’équipe sortante est toujours délicat. C’est probablement la raison qui explique le maintien en poste d’un conseil municipal dont le domicile et le travail se situent de l’autre côté de l’océan Atlantique.
Laurent Dubois (@laurentdub)
Suite à la publication de l’article ci-dessus, la maire d’Albi précise que la mutation professionnelle du conseiller municipal remonte à l’été dernier. Selon nos informations, elle est « actée » depuis au moins juin c’est-à-dire il y a 4 mois. Le site internet de la municipalité albigeoise mentionne toujours la délégation dont bénéficie l’élu en question. Mais la mairie précise que ses délégations ont été retirées le 24 septembre dernier. En revanche, l’intéressé et la mairie d’Albi n’évoquent pas une éventuelle démission. La dernière participation de l’élu à un conseil municipal remonte au 18 février 2019.