17 Jan

Fâché avec Mélenchon, le Parti Communiste cherche à rebondir

Ils n’ont pas forcément la même vision du PCF mais font tous les deux partie de son bureau national. L’une est désormais députée européenne, l’autre est le patron de la fédération haut-garonnaise. Marie-Pierre Vieu et Pierre Lacaze nous livrent leurs regards croisés sur l’avenir de leur formation et du communisme.

Marie-Pierre Vieu en mai 2014 lorsqu'elle elle était colistière de Jean-Luc Mélenchon aux Européennes. Photo Marc Salvet MaxPPP

Marie-Pierre Vieu en mai 2014 lorsqu’elle elle était colistière de Jean-Luc Mélenchon aux Européennes. Photo Marc Salvet MaxPPP

« 2018 doit être un rebond pour le PCF mais aussi pour la gauche ». Pierre Lacaze nourrit des espoirs en cette nouvelle année. Le secrétaire départemental du PCF 31 ne cesse d’appeler au rassemblement comme il l’a fait avant même les élections de 2017.  « La France Insoumise est rentrée à l’Assemblée le poing levé comme le Front Populaire en 1936 mais ces législatives ont été un échec ».  Selon lui, le fait que Jean-Luc Mélenchon ait refusé tout rassemblement a coûté une cinquantaine de sièges de députés à la gauche.

La France Insoumise ne veut plus nous parler »

Les relations entre la France Insoumise et le PC sont-elles forcément rompues ? « La France Insoumise ne veut plus nous parler » assène Marie-Pierre Vieu. « Ils veulent parler avec les communistes mais pas avec leur direction. Ce qui nous différencie, c’est que Jean-Luc Mélenchon a une stratégie populiste qui se construit sur la déstructuration de l’existant. Nous on pense que la gauche peut se reconstruire sur ce qu’elle est » explique la députée européenne qui n’est pas tendre avec celui dont elle était la suppléante et a récupéré le siège à Strasbourg.

Mais alors PC et FI ont-ils encore des points de convergence ? « Oui, notre histoire commune et le Front de Gauche » répond sans détour l’élue des Hautes-Pyrénées. Ce Front de Gauche existe-t-il encore ? « Dans certaines assemblées comme le Parlement européen oui » constate Marie-Pierre Vieu. L’Europe, un autre point de divergence entre communistes et insoumis. « Mélenchon est de plus en plus dans un discours souverainiste. On ne règlera pas les problèmes par la sortie de l’Euro et de l’Europe ».

Jean-Luc Mélenchon n’est pas une perspective d’avenir pour la gauche »

« Pour moi, Jean-Luc Mélenchon n’est pas une perspective d’avenir pour la gauche » affirme Pierre Lacaze. Pour lui, La France Insoumise est incontestablement présente dans les urnes mais pas sur le terrain, dans les luttes sociales ou dans les quartiers populaires. Seulement que pèse le PC seul aujourd’hui ? « 3%. Mais personne ne gagne à gauche sans le PC et le PC ne gagnera pas seul. De toute façon, aujourd’hui,  il n’y a plus aucun parti qui fasse 50% à lui tout seul » analyse Pierre Lacaze.

En attendant, il y aura un candidat communiste et un candidat France Insoumise aux Législatives de mars prochain dans le Comminges. « Au risque de voir un affrontement LREM/FN au second tour » prévient Pierre Lacaze. Mais les vrais tests seront les Européennes de 2019 et les Municipales de 2020. PC et LFI ne pourront pas l’économie d’une alliance. Mais d’ici là comment les communistes doivent-ils se reconstruire ?

Nous avons une fonction réparatrice »

« Nous devons rester un générateur de lien social, un réseau d’élus de proximité avec une fonction réparatrice et notre générosité fondatrice » répond Marie-Pierre Vieu. « Mais nous devons aussi réfléchir à comment donner une historicité nouvelle au Parti Communiste. » Moderniser le PC ? Possible aussi selon Pierre Lacaze. « Mais nous restons dans le rapport de classe dans une société où la précarité persiste voire s’accentue. Le PC doit se reconstruire dans ce cadre. Un PC plus visible dans l’affrontement travail/capital ». Prochaine échéance… capitale : le congrès extraordinaire de novembre prochain. En attendant, la lutte continue…

Patrick Noviello (@patnoviello)