20 Juin

Sénat : En Marche forcée ?

Le Sénat, Photo AFP.

Le Sénat, Photo AFP.

Le sénateur ex-PS François Patriat vient d’envoyer une charte fondatrice d’un futur groupe En Marche à tous les Sénateurs. Les principaux visés : ceux du groupe RDSE et les Socialistes. Réactions de nos élus régionaux au Palais du Luxembourg.

« Je vais être franche avec vous. Je pensais au départ qu’il s’agissait d’un groupe En Marche, à gauche, mais il semble que François Patriat veuille rassembler plus large » s’interroge Françoise Laborde. « Elue PRG, je me considère comme une « petite cousine du socialisme », je veux rester libre et à gauche. Je ne sais pas si je veux aller dans un groupe En Marche pour voter toutes lois systématiquement ». La sénatrice PRG de Haute-Garonne, plutôt pro-Macron depuis déjà un moment ne semble pour l’heure pas prête à franchir le pas. « J’ai eu François Patriat au téléphone, je lui ai dit que c’était un peu tôt » avoue-t-elle.

Si Françoise Laborde est affiliée au groupe RDSE, le groupe PS est aussi visé par cet appel du pied de François Patriat. « Le gros des troupes viendra de là » estime Gérard Miquel. Le sénateur socialiste du Lot est un fervent supporteur du projet d’Emmanuel Macron. « Je pense qu’on peut avoir un groupe de plus de cent élus si la logique est respectée. Pour l’instant le Président de la République fait un parcours sans faute. Je sens une volonté de se rassembler autour de lui » s’enthousiasme le maire de Saint-Cirq-Lapopie.

Chacun veut garder son groupe »

Beaucoup moins d’enthousiasme en revanche du côté de Claude Raynal. L’ancien maire de Tournefeuille se qualifie d’impossible à convaincre. « Ce n’est pas mon sujet » assène-t-il. Le sénateur socialiste a toutefois son avis sur la question : « Il faut voir quel va être le périmètre de ce groupe. Vingt, vingt-cinq membres ou plus ? Les socialistes intéressés se sont déjà manifestés. Et ceux qui voudraient se faire plaisir ou marquer une impulsion, pour la plupart, ils ne se représentent pas.  Et puis, il me semble que les RDSE et les UDI veulent garder leur groupe ».

 

Gérard Miquel va dans le même sens. « Le problème, c’est que les Présidents de groupe veulent garder leur pouvoir » affirme-t-il sans détour. « On est le plus vieux groupe du Sénat. On veut rester comme ça » annonce la RDSE Françoise Laborde. « Quand notre Président Jacques Mézard a été nommé Ministre, on lui a d’ailleurs dit». Une réunion est toutefois prévue mardi prochain pour en débattre mais les lignes semblent difficiles à bouger.

Sénatoriales en septembre »

« Maintenant, il faut voir combien nous serons à la fin » nuance Françoise Laborde. Sous-entendu si le groupe garde son nombre de membres minimum pour exister, c’est-à-dire dix. Le groupe RDSE compte actuellement 17 membres, deux sont déjà sur le départ pour rejoindre le groupe EM et quatre sont renouvelables en septembre. Quel sera l’impact de ce scrutin à grands électeurs ? Difficile de le dire pour l’instant.

 

Quant à la création d’un groupe En Marche, elle semble inévitable, peu importe sa géométrie et son agenda. « On n’est qu’au début du bouleversement » commente Claude Raynal. « Après, le Sénat n’est pas une maison de Révolution, ou alors on m’aurait trompé sur la marchandise » conclue-t-il en plaisantant.

Patrick Noviello (@patnoviello)