Le résultat du premier tour de la présidentielle est riche d’enseignement au regard des élections législatives prévues en juin. Dans l’ex-région Midi-Pyrénées, le FN est arrivé en tête dans 5 circonscriptions.
Dans le Tarn, la Haute-Garonne et surtout le Tarn-et-Garonne, plusieurs circonscriptions ont été dominées dimanche par le vote Marine Le Pen. Sans pour autant tirer de conclusions hâtives sur le scrutin des législatives (11 et 18 juin), car des événements vont se produire d’ici-là (second tour présidentielle, alliances électorales post-présidentielle, etc) et les électeurs ne reproduisent pas forcément leur vote d’un scrutin à l’autre, il est intéressant de regarder là où le FN a été le plus performant.
Domination dans le Tarn-et-Garonne
Dans la 2ème circonscription du Tarn-et-Garonne, Romain Lopez a passé une très bonne soirée dimanche. Le jeune candidat du Front National dans la 2ème circonscription du Tarn-et-Garonne (collaborateur parlementaire de la députée FN du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen) s’est frotté les mains en voyant que Marine Le Pen recueillait près de 30 % sur la circonscription (29,06 %). Un record en Midi-Pyrénées. Marine Le Pen est en tête dans toutes les grandes communes : Castelsarrasin, Moissac et même Valence d’Agen, fief de la famille Baylet.
Les calculettes ont donc chauffé de tous les côtés dimanche. Notamment au PRG. La candidate en danger n’est pas n’importe qui : Sylvia Pinel, députée sortante, ex-ministre de François Hollande et présidente du PRG. Dans la circonscription, Emmanuel Macron arrive en seconde position avec… 10 points de moins que le score de Marine Le Pen (19, 81 %). Le candidat officiellement soutenu par Sylvia Pinel, Benoît Hamon, culmine à 5,44 % ! Si le FN ne sort pas explicitement favori, il est tout de même en position de force sur cette circonscription.
Le FN qui confirme sa domination dans ce département. Dans l’autre circonscription (la 1ère), Marine Le Pen est aussi en tête (24,24 %) devant Macron, Mélenchon et Fillon. Benoît Hamon est à 6,25 %. La députée sortante PS Valérie Rabault devra batailler ferme face à Thierry Viallon (FN). Brigitte Barèges, maire LR de Montauban, regardera la situation de très près… mais de l’extérieur. Bien qu’investie par son parti, elle a récemment renoncé à se présenter et vient de déclarer qu’elle ne choisira pas au second tour de la présidentielle entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. C’est son adjoint (ex-proche de Jean-Michel Baylet) l’avocat Thierry Deville qui devrait porter les couleurs des Républicains.
Confirmation dans le Tarn
Dans le département voisin du Tarn, le Front National est arrivé en tête dans la 3ème circonscription (Castres, Lavaur, etc). Marine Le Pen y a recueilli 23,57 % devant Emmanuel Macron (21,52 %), Jean-Luc Mélenchon (19,63 %), François Fillon n’arrivant qu’en 4ème position (18,46 %). La député PS sortante, Lynda Gourjade, proche de Benoît Hamon qui n’y réalise que 5,92 % est de plus empêtrée dans une scission interne : désignée par le PS national, elle fait face à la candidate PS Lysiane Louis, choisie par les militants locaux.
A droite, le maire de Lavaur Bernard Carayon est resté silencieux depuis dimanche. Il faut dire que dans sa propre commune, c’est Emmanuel Macron qui arrive en tête devant… Jean-Luc Mélenchon. François Fillon n’est que 3ème, Marine Le Pen 4ème.
Poussée au sud de la Haute-Garonne, sur les terres de Carole Delga
Si le vote FN gagne depuis des années du terrain dans le Tarn et le Tarn-et-Garonne, la poussée Le Pen est nouvelle en Haute-Garonne. Toulouse résiste encore fortement (moins de 10 % pour Marine Le Pen dimanche) mais c’est le sud du département qui change de camp. Dans le Comminges, terre socialiste traditionnelle et d’élection de la présidente de la Région (et députée PS sortante qui ne se représente pas) Carole Delga, Marine Le Pen est arrivée en tête dimanche.
Dans la 8ème circonscription, celle de Carole Delga justement, Marine Le Pen réalise son meilleur score de Haute-Garonne (23,56 %). Le PS est exangue (7,53 %). Le suppléant de la députée sortante, Joël Arivagnet ne fait donc plus figure de favori. Le FN, les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon (21,47 %) et le mouvement En Marche ! (21,31 %) sont en meilleures positions. Au vu des résultats du premier tour de la présidentielle et du score de François Fillon (14,58 %), la droite traditionnelle, représentée par l’UDI Jean-Luc Rivière semble distancée.
La situation est assez similaire sur la 7ème circonscription, où le député PS sortant Patrick Lemasle ne se représente pas. Marine Le Pen était en tête dimanche (23, 37 %) cette fois devant Emmanuel Macron (23,01 %) et Jean-Luc Mélenchon (22,62 %). Le PS a investi l’élue régionale Marie-Caroline Tempesta, proche du premier secrétaire fédéral du PS Sébastien Vincini. Mais même sur ces terres PS, Benoît Hamon ne réalise que 7,54 %. Le FN est même en tête à Cintegabelle, l’ancienne terre d’élection de Lionel Jospin. C’est aussi l’un des deux seules circonscriptions de la région, où Emmanuel Macron a déjà investi sa candidate, Elisabeth Toutut-Picard, adjointe au maire de Toulouse.
Vers des triangulaires et des quadrangulaires ?
Comme le souligne Le Monde, Marine Le Pen est arrivée en tête dans 216 circonscriptions en France sur 577. Dans beaucoup de cas, le FN ne parviendra pas à obtenir une majorité. Mais il est fort probable que le second tour le 18 juin se joue entre 3 voire 4 candidats. Et dans ce cas, tout est possible.
FV (@fabvalery)