Jean-Michel Baylet soutient Emmanuel Macron. La présidente du PRG, Sylvia Pinel, est derrière Benoît Hamon. La présidentielle bouscule les radicaux de gauche. Et ce n’est pas fini. Le résultat du scrutin risque de redessiner le visage du plus vieux parti de France.
La campagne présidentielle de 2017 ne ressemble à aucune autre. Mais l’élection elle même est hors norme. Son résultat va durablement impacter la droite et la gauche françaises. C’est une évidence. Mais on songe essentiellement à une explosion du PS en cas de victoire d’Emmanuel Macron et à une recomposition de la droite dans l’hypothèse d’une défaite de François Fillon. Un autre parti est également directement concerné par le verdict des urnes : le PRG.
Avant que débute le dépouillement, le plus vieux parti de France est dans la lessiveuse. Jean-Michel Baylet soutient Emmanuel Macron. La présidente du parti, Sylvia Pinel, est aux côtés de Benoît Hamon. Ce grand écart suscite de vives tensions au sein du PRG.
Sur le réseau intranet du parti, le dernier mail au sujet d’un candidat à la présidentielle remonte à 17 jours. Le message le plus récent date du jeudi 20 avril et il porte sur un sondage réalisé par une Chaîne Parlementaire. Pour trouver une trace de friction entre « hamonistes » et « macronistes », il faut remonter au 4 avril. Le message en question visait, d’ailleurs, Benoît Hamon.
Mais ce calme est relatif.
En coulisse, les « macronistes » attendent avec impatience les résultats de la présidentielle. Une élimination brutale de Benoît Hamon au 1er tour (sous la barre des 8%) sonnerait l’hallali.
Selon un cadre PRG, les « hamonistes » représentent entre 25 et 30% du parti. Mais, en revanche, ils sont largement majoritaires au sein du bureau national. C’est une majorité de circonstance, liée au soutien de Sylvia Pinel envers le candidat du PS. Un membre du PRG parle d’un soutien « par la signature d’un papier » à savoir un accord électoral pour les législatives. Mais, pour les « macronistes », peu importe. Pour les « macronistes » a misé sur le mauvais cheval. Peu importe que ce soit pour la bonne cause : sauver les meubles aux législatives.
Un échec cinglant de Benoît Hamon donnera lieu à un « ajustement-remaniement ». Des « macronistes » estiment que la présidence du PRG devra changer en cas de défaite de Benoît Hamon.
Autrement dit, Benoît Hamon doit entraîner dans sa chute Sylvia Pinel.
Ce scénario reste de la politique fiction. Le PRG est un micro-parti. Il est totalement verrouillé par Sylvia Pinel. Les règles statutaires sont malléables et manipulables.
Mais l’intention est réelle. Les « macronistes » font leur compte et s’organisent.
Le ralliement de Jean-Michel Baylet à Emmanuel Macron ne change rien. Pour un « macroniste » du PRG, c’est un « sans aucun intérêt, tardif et un peu pathétique« .
Pour appuyer ce jugement sans appel, un « macroniste » de la première heure précise :
Emmanuel Macron n’a pas réagi publiquement, pas la moindre petite phrase ou le moindre geste, c’est dire que pour Emmanuel Macron, le ralliement de Baylet c’est un non événement
Au-delà des questions de personnes et du destin de Sylvia Pinel, c’est l’avenir du PRG qui est en jeu.
Avant le verdict des urnes, c’est simplement le début du commencement. Avec, d’ailleurs, des retrouvailles historiques (lors d’un repas) entre les radicaux de gauche et les radicaux « Valoisiens ».
Le soir du 1er tour débuteront les vraies manœuvres.
Laurent Dubois (@laurentdub)