Lundi dernier en Assemblée plénière, la Présidente de l’Occitanie a fait voter la constitution en tant que partie civile du conseil régional dans le cadre de l’affaire AWF. Son but : « avoir accès au dossier » nous répond-t-on seulement à la Région. Mais après…
Le débat fut houleux comme nous vous l’avons déjà indiqué dans un précédent article, mais les points sur les « i » ont été mis rapidement. Avant la mise au vote, Emmanuel Crenne, élu du Front National interpelle Carole Delga sans détour : « La Chambre Régionale des Comptes a mis en lumière un système de favoritisme avec des appels d’offres gagnés par cette société (NDR : AWF) dans des conditions douteuses, des appels d’offre sur mesure, cette société étant parfois seule… »
Pas de favoritisme
Aussitôt Carole Delga le coupe : « C’est faux, la Chambre Régionale des Comptes n’a pas indiqué de délit de favoritisme ». Elle explique plus tard à un autre élu de l’opposition que si cela avait été le cas, la CRC aurait transmis ce dossier au parquet. Ce qui n’a pas été fait. Lundi, toujours lors de l’Assemblée plénière, Carole Delga a été claire à l’encontre de son opposant frontiste : « Vous n’avez pas à salir la probité de Martin Malvy ! ». Ce n’est donc pas la précédente présidence qu’elle remet en cause dans la gestion de ce dossier. Mais alors pourquoi tient-elle à ce point à avoir accès au dossier ?
« Vous n’avez qu’à lui demander ! Je ne préside pas la Région » nous répond Gérard Onesta. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé… L’élu EELV, sous le rassemblement « Nouveau Monde » avait fait campagne face à Carole Delga en prônant plus de déontologie et de transparence dans l’institution. Pour lui, cette question sur le dossier AWF ne relève pas du bureau de l’Assemblée qu’il préside. « Je l’ai déjà dit. C’est le système d’appel d’offre qu’il faut revoir. Il laisse trop de places à d’éventuelles ententes ».
Revoir le système de sélection ?
Dans le collimateur de Gérard Onesta, ces fameuses « pondérations de la note » qui mettent en avant un critère plutôt qu’un autre dans l’attribution d’un marché. « Ainsi une entreprise peut être plus chère et moins écolo et quand même l’emporter, si le critère prioritaire était par exemple le délai de livraison. Ce qui était le cas dans le cadre de l’attribution du marché d’impression du journal de la Région à la Dépêche du Midi » précise l’élu.
Autre amélioration à apporter dans le système d’attribution selon lui : « que les commissions d’appel d’offre et les élus qui les composent aient accès aux dossiers de candidature plus tôt et qu’ils se réunissent au préalable afin de définir le cahier des charges ». « Je ne suis pas juge et en charge du dossier, mais avec de telles précautions l’affaire AWF aurait certainement pu être évitée » conclut Gérard Onesta.
Transparence maximale
Du côté des élus de la droite et du centre, on se veut plus prudent. Sacha Briand a pris la parole en assemblée pour demander « qu’à minima, dans le cadre de la conférence des présidents, il soit rendu compte de l’avancement de cette instruction de manière confidentielle mais que l’information et la transparence soient garanties sur le suivi de cette affaire ». « Moi je suis respectueux de la procédure judiciaire et de la présomption d’innocence » nous précise l’élu Les Républicains. « Je ne fais de procès d’intention à personne. Carole Delga a appelé à la transparence, que les choses le soient de manière maximale.» conclut-il.
Lors de sa campagne, Carole Delga avait promis un nouveau mode de gouvernance. Revoir le mode de fonctionnement d’attribution des marchés publics, pourrait en être un signe fort ! Sinon tout ça n’aura été qu’une posture…
Patrick Noviello