L’hypothèse circulait depuis vendredi soir. La candidature à la présidentielle de Sylvia Pinel est désormais officielle. La présidente du PRG, ancienne ministre de François Hollande, députée du Tarn-et-Garonne et vice-présidente de la Région Occitanie a été investie samedi 26 novembre par le congrès de son parti.
Cette déclaration met un terme à plusieurs mois d’incertitude. Une partie des radicaux de gauche refusait catégoriquement de participer à la primaire organisée par le PS. Une candidature directe, sans passer par la case primaire, planait. Le nom d’Annick Girardin a circulé un temps. Mais la ministre a d’autres échéances et privilégie notamment son ancrage territorial à Saint-Pierre-et-Miquelon.
La candidature aujourd’hui de Sylvia Pinel ne signifie pas forcément que la première vice-présidente du Conseil régional d’Occitanie sera au final candidate. Dans les rangs du PRG plusieurs cadres évoquent une tactique : « se présenter pour mieux se retirer« . Un parlementaire précise : « se retirer au profit de Hollande ou de Valls si Hollande n’y va pas et au passage rafler des investitures pour les législatives« .
Un autre élu ajoute : » C’est une position d’attente. De toute manière, le parti n’a pas les moyens de financer une présidentielle. Sylvia ne dépassera jamais la barre des 5 points. Elle sera même probablement en dessous des 1% des votes. Cela veut que les caisses sont vides et qu’en plus il n’y aura de remboursement des frais de campagne« .
Le jeu de billard à plusieurs bandes est un figure classique chez les radicaux de gauche.
L’investiture de Sylvia Pinel est confortable. 400 votants. 346 voix « pour ». 44 « contre » et 10 abstentions.
Mais plusieurs participants au Congrés sont intervenus pour soutenir Emmmanuel Macron. Un orateur a plaidé pour un soutien à François Hollande et un autre a pris la parole en faveur de Manuel Valls.
Malgré la forte majorité obtenue par Sylvia Pinel, des divergences secouent la parti. Un cadre PRG pronostique des trous d’air : « ça va secouer dans les fédérations« .
Un autre nuage obscurcit l’horizon. La cohérence politique (et donc l’image publique du parti) risque d’être écornée par un double discours. Pendant des semaines, les instances nationales du PRG ont plaidé pour l’unité de la gauche de gouvernement. Une candidature de Sylvia Pinel tourne le dos à ce leitmotiv.
Pour le PS, l’entrée en piste de l’ancienne ministre du Logement est une épine dans le talon.
Jean-Christophe Cambadelis va avoir beaucoup de mal à faire la leçon à Emmanuel Macron. Un allié du PS, avec des représentants au gouvernement, prend le même chemin que l’ancien ministre de l’Economie et boycotte la primaire. Impossible de justifier un (injustifiable) « deux poids, deux mesures » : le PRG peut court-circuiter la primaire et c’est impensable quand il s’agit d’Emmanuel Macron ou de Jean-Luc Mélenchon.
Pour la gauche, la présidentielle de 2017 est décidément bien compliquée.
Laurent Dubois (@laurentdub)