08 Mar

Femmes et politique : pas tous les jours la fête…

Je devance les commentaires : « Tiens un édito sur la femme le 8 mars ? » Effectivement, tout cela fait un peu « téléphoné », je vous l’accorde, mais il est aussi bon de profiter des occasions comme on dit. Même si une journée internationale pour les droits des femmes ne masquera jamais les 364 autres jours de combat, notamment en politique.

Ce matin dans « Libération », les chercheurs du Laboratoire de l’Egalité font une proposition. Ils suggèrent à François Hollande qui va réunir le Congrès pour une réforme de la constitution d’ajouter un ordre du jour. Objectif : modifier l’article premier. Ce dernier dit ceci : « la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales ». Le Laboratoire de l’Egalité propose de remplacer le mot « favorise » par « garantit ».

Où en est la parité ?

Venons-en maintenant à un autre mot-clé, celui de « Parité ». Premier test grandeur nature de ce principe, c’était en mars 2015 avec les élections départementales. Un an après, qu’en reste-t-il ? Pas grand-chose. On avait effleuré la possibilité d’une présidente de département dans le Lot mais les guerres intestines à gauche en ont décidé autrement. J’entendais récemment l’histoire d’une candidate qui avait été démarchée pour constituer un de ces fameux « binômes » d’alors, et qui, une fois la bataille perdue, a été totalement oubliée par le parti politique qui était venu la chercher pour constituer ses troupes mixtes.

carole Delga, une femme à la tête de la Région. Le changement c'est maintenant ? Photo MaxPPP

Carole Delga, une femme à la tête de la Région. Le changement c’est maintenant ? Photo MaxPPP

Ne nous défilons pas. Nos téléspectateurs sont aussi en mesure de nous demander des comptes. Pourquoi si peu de femmes, élues, ou actrices de la société civile, sur notre plateau de « La Voix est Libre » par exemple ? Première explication : la plupart des postes clés ou de représentation dans divers domaines sont encore tenus par des hommes. Ensuite, souvent, les femmes aux manettes, sont beaucoup moins portées sur la représentation médiatique et préfèrent concentrer leurs efforts sur leur cœur d’activité. Bref passer à la télé ne les intéresse pas forcément. Enfin, même quand on les appelle directement, elles nous renvoient souvent sur leurs supérieurs hiérarchiques ou un de leur bras-droit, tous des hommes…

Plus d’invitées ?

Et que faire quand une présidente départementale de parti décline systématiquement nos invitations télévisuelles ? Elle apprécierait peu l’exercice, parait-il. C’est son choix et je le respecte mais à l’arrivée, c’est quasiment toujours un homme qui la remplace… Pour ma part, soyons clair : je refuse de nous imposer des quotas. Je trouve cela à la fois injuste et malhonnête. Mais je continuerai à me battre pour mieux équilibrer nos tours de table.

Nadia Bakiri, élue régionale PS, ce mardi lors des rencontres "Elles sont le Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées". Elle préside la commission égalité Femme-Homme. Photo J.L Pigneux

Nadia Bakiri, élue régionale PS, ce mardi lors des rencontres « Elles sont le Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées ». Elle préside la commission égalité Femme-Homme.
Photo J.L Pigneux

« Mais une femme a été élue à la tête de notre région » allez-vous me rétorquer. Effectivement oui ! Une femme et d’une génération nouvelle en plus. Carole Delga a annoncé qu’elle allait gouverner autrement. Nous suivrons cela. Elle a eu à mettre en place, elle aussi, une assemblée paritaire. Résultat : sur 15 vice-présidence, 7 sont assurées par des femmes et sur 20 commissions, 11 sont présidées par des femmes.

Ce mardi donc tous sur le pont, la Région notamment qui « met à l’honneur les femmes qui font le Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées » : les « performeuses », les « combattantes » et les « créatives ». A ce sujet et si le débat vous intéresse, nous le poursuivrons samedi dans « La Voix est Libre ». La présidente socialiste de la commission égalité Femme-Homme, Nadia Bakiri devait être avec nous mais a finalement décliné notre invitation. Dommage…

Patrick Noviello