Lundi matin en Assemblée plénière à l’hôtel de Région de Toulouse, Carole Delga a appelé de ses vœux « la création rapide d’un vrai statut de l’élu ». Pour certains ce statut permettrait de clarifier les choses en termes de frais, d’indemnités et autres sommes perçues par les hommes et femmes politiques au titre de l’exercice de leur mandat. Mais à l’heure où les citoyens dénoncent de plus en plus « les professionnels de la politique » vivant grassement de l’argent de leurs impôts sans jamais avoir exercé la moindre profession, l’exercice s’annonce périlleux.
Privilégiés ou pas pris au sérieux ?
« Nous sommes confrontés à un double problème : quand les gens nous voient arriver avec un chauffeur, ils ont l’impression que nous sommes des privilégiés. Mais quand on leur dit que l’on touche 2400 euros par mois, c’est l’effet inverse qui se produit. On n’est pas pris au sérieux. Si notre fonction est tellement importante, alors pourquoi gagne-t-on aussi peu ? ». Pas plus tard qu’il y a quelques jours, un élu régional me résumait ainsi la situation et demandait à son tour la création d’un véritable statut de l’élu.
Aujourd’hui, n’ayons pas peur des mots : pour faire de la politique, il faut souvent en avoir les moyens. Au top des personnes exerçant des mandats nationaux ou locaux, beaucoup de professions libérales : médecins, avocats, etc. Nombre d’entres eux n’ont pas vu un stéthoscope ou un prétoire depuis fort longtemps et pourraient même, en fonction de leur âge, ne jamais les revoir.
Un vrai métier ?
Même si les temps sont durs, il reste aussi les « permanents » payés par tel ou tel parti et bien évidemment aussi des fonctionnaires aux horaires aménagés. Pour tous les autres, c’est souvent « petites mains » mais gros travail, dans les mairies notamment, tout en jonglant avec son vrai métier, celui qui permet de payer les factures et le loyer. Enfin dernière solution pour s’assurer un revenu décent : avoir plusieurs mandats. Mais avec l’entrée en vigueur de la loi sur le non-cumul, cette dernière solution a vécu.
Alors quel juste milieu ? Toute la question est là. La présidente de Languedoc-Roussillon a hier bien posé le postulat de base : « le statut de l’élu doit être notamment amélioré en termes d’accès à la formation, de compatibilité d’activité afin de faciliter le travail des élus et d’assurer une meilleure représentation de toutes les catégories socioprofessionnelles ». Et toutes les catégories sociales ?
Mauvaise opinion
Ce week-end, le Journal du Dimanche publiait l’étude annuelle du Centre de recherches politiques de Science-Po (Cevipof). L’élu qui a le plus la confiance du citoyen est, comme d’habitude, le maire avec 63%. Conseillers départementaux et régionaux récoltent moins de la moitié de l’approbation populaire avec 49%. Plus préoccupante, toujours selon le Cevipof, « la détestation » du politique qui monte avec 76% des sondés qui les jugent « plutôt corrompus ».
« Et justement quelle meilleure arme contre cette corruption qu’un vrai statut » clament les incriminés. Des droits mais aussi des devoirs, l’éternel donnant-donnant. La balle est dans le camp de l’exécutif. Mais là encore, paradoxe de la vie politique, si le chef de l’Etat décidait d’instaurer un tel statut, ce sont les principaux concernés qui devront trancher, entre eux, sur leur propre sort.
Patrick Noviello