Un scrutin au mois de décembre, un nouveau territoire à présenter et à construire, la fin d’une présidence de 17 ans… Sans nul doute, ces élections régionales, ici, en (bientôt feu) Midi-Pyrénées, avaient tout pour surprendre. Pour surprendre oui mais pour intéresser ?
A ce niveau-là, le taux de participation pour ce type d’élection n’a jamais été faramineux, je vous l’accorde. Mais les dernières Départementales, collectivités que l’on a cru longtemps voué à l’extinction, nous ont prouvé que l’électeur pouvait surprendre et répondre présent quand on ne l’y attendait pas forcément.
Pour ces Régionales, plutôt que d’attendre le printemps et prolonger les mandats de six mois, on nous promettait donc un vote en décembre, juste pendant les achats de Noël, la Cop 21 et pour le premier tour, au lendemain d’une mobilisation qu’on espère toujours forte, le Téléthon. Et au milieu de tout ça, la difficile tâche, pour nous, journalistes politiques, de vous donner les clés de compréhension de ce scrutin inédit aux dimensions hors du commun tout en vous le rendant attractif.
Nous savions que, même si dès juin dernier, les états-majors des partis s’étaient mis en ordre de bataille, la campagne démarrerait doucement ou tardivement, c’est selon. Nous espérions que les « offres », inédites elles aussi, qui allaient se proposer aux électeurs, en termes de listes ou d’association de partis et d’idées, ajouteraient du piquant aux débats.
Ce que nous ne pouvions hélas prévoir, mais que nous redoutions silencieusement en revanche, c’est qu’à dix jours de la dernière ligne droite, les deux semaines de campagne officielle, de jeunes fanatiques allaient semer l’horreur et la terreur sur Paris mais aussi sur l’ensemble du territoire. Ces actes terroristes, les drames qui les accompagnaient et la réflexion qui s’est enclenché dans notre société ont tout balayé sur leur chemin.
Finies les émissions thématiques que nous avions programmé pour vous parler du rôle des régions sur votre quotidien, campagne suspendue (dans la forme, mais sur le fond tous les couteaux n’ont pas été rangés), recherche d’une unité nationale pour faire face à la barbarie, puis la vie devait reprendre son cour et avec elle la politique.
Pour ceux qui avaient encore un doute sur l’effet de ces attentats sur l’opinion publique, je les renvoie à notre dernier sondage. Le Front National, plus que jamais arc-bouté sur ces thématiques de la sécurité et de l’immigration progresse de 2 à 3 points. Carole Delga, plus que jamais arrimée à la majorité présidentielle, bénéficie du regain de confiance des français envers François Hollande. La droite traditionnelle prise entre deux feux (reconnaître les mesures d’état d’urgence qu’elle a toujours prônées et ne pas taper trop fort sur un président unificateur) perd encore plus pied dans une région où elle n’était déjà pas donnée gagnante.
Au final, il ne nous reste plus que quelques jours, une émission sur les enjeux politiques ce samedi, deux débats et deux soirées électorales pour vous raconter la fin de cette campagne. Puis une nouvelle page d’histoire s’ouvrira en Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Qui se souviendra alors que cette campagne fut sans doute la plus singulière qu’on n’ait jamais connue ?
Patrick Noviello