16 Oct

Référendum du PS : rencontre et récit avec 3 militants de la section 2

Une table. Des affiches. Des bulletins de vote et une urne. Ce vendredi 16 octobre, vers 17 heures, trois militants de la section 2 du PS31 ont installé leur bureau de vote au milieu des passants et en bordure du tramway toulousain. C’est leur première opération dans le cadre du « référendum » sur l’Unité qui va se dérouler tout le week-end. Demain, Patrick Desforges, Patrick Vincourt et Bernard Rault seront à Esquirol. Dimanche ce sera le marché des Carmes. En attendant, ils sont à l’angle de la grande rue Saint-Michel et des Allées Paul Feuga. Récit.

Patrick Desforges, Bernard Rault et Patrick Vincourt

Patrick Desforges, Bernard Rault et Patrick Vincourt

La foule est celle des vendredis soirs. Elle se presse sur les trottoirs et quitte le tramway dans un froid sec. Un froid baigné de soleil et de ciel bleu. Patrick D, Bernard R et Patrick V finissent juste d’installer le « campement » : une table qui pourrait être de camping, deux affiches dont une est accrochée à un arbre par un cintre en métal, une urne en carton. Le secrétaire de section, Bernard Rault, va chercher les bulletins de vote. Il quitte le petit groupe. A peine les talons tournés, un homme s’approche. La cinquantaine, une polaire sur le dos et un sac à la main.

Le 1er votant ?

L’illusion tombe immédiatement.

Le passant qui s’est arrêté en voyant les affiches se lance dans une longue tirade contre la municipalité qu’il traite de fasciste s’agissant de sa gestion de l’urbanisme. Au passage, il parle de Jean-Christophe Cambadélis. Le 1er secrétaire du PS qui est à l’origine du référendum. Dans son enthousiasme, celui qui aurait pu être le 1er votant le transforme le patron de socialistes en…maire de Nîmes.

Seconde chance. Un jeune homme, moins de quarante ans, en vélo. Il a été stoppé dans sa course par la vision des affiches. Il engage immédiatement la conversation avec Patrick V. Il entame le dialogue avec un sourire franchement ironique : « il y a un OUI sur votre affiche. Mais on peut voter NON quand même ». Pressé par le temps, il se renseigne pour savoir si l’urne sera toujours là après 19 heures. Réponse : non.  Mais Patrick V a le bon réflexe : « vous pouvez voter sur internet ».

Le cycliste est soulagé et tourne les tallons en donnant l’impression de vouloir voter. Il le fera (peut-être) de chez lui, sur son PC. Sa question sur le « Non » n’est pas forcément bon signe. Jean-Christophe Cambadélis ne sera pas nécessairement satisfait de cet électeur.

Toujours pas de bulletin au fond de l’urne. Mais un troisième « client ». Rapidement, l’espoir tombe mais c’est pour la bonne cause. Le passant veut savoir comment adhérer au PS.

Le mouvement se calme. Un calme plat.

Au milieu des foulées qui les mènent vers la station de métro « Palais de Justice », de nombreuses personnes (hommes ou femmes, quelques jeunes mais surtout des adultes) tournent le regard vers le « bureau de vote ». Mais ils continuent leur marche vers le début du week-end.

Ce répit (sans qu’il y ait eu affluence) permet d’engager la conversation avec les deux Patrick et Bernard. Un des Patrick est agacé par une radio qui a mis en cause l’honnêteté du scrutin. Il montre le cahier d’émargement. C’est un gage de sincérité de ce scrutin « hors norme ». Patrick D a l’honnêteté et la franchise du nouveau militant. Pas de langue de bois de l’élu professionnel :  » c’est pour éviter que les gens trichent en votant plusieurs fois. On sait depuis le début qu’ils peuvent tricher ».

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Dans un geste, il fait défiler les pages entre ses doigts. Des pages nombreuses. Le cahier est épais. Patrick V ne finit pas sa phrase mais son geste parle pour lui. Pas évident que le cahier déborde de signatures. La crainte qui transpire à demi-mot  est celle d’un « pschitt ». Des objectifs ? Patrick V répond :  » non. Si nous avons 5000 votants dans toute la France, on va être ridicule. Si on atteint 200 000 ce sera bien. Mais c’est vrai que l’on a organisé le référendum dans des délais très brefs. Cela ne va pas aider ».

Les deux Patrick et Bernard se sont mobilisés. Ils sont sur le pavé toulousain. C’est donc qu’ils ont jugé le référendum utile. Mais leurs camarades ? Comment ont-ils réagi à l’initiative de Jean-Christophe Cambadélis ? Réponse de Patrick D : « au départ ils n’ont compris. Mais ensuite ils ont saisi que la question de l’unité va de soi. Le FN est très haut. L’émiettement de la gauche avec Saurel et Onesta, il y a trop d’éparpillement ».

45 minutes se sont écoulées depuis le début de la rencontre avec Patrick, Patrick et Bernard. Toujours pas de bulletin dans l’urne. Mais, pour les trois militants, ce n’est que le début du marathon. A 19 heures, ils vont démonter leur bureau de vote pour mieux le remonter (ailleurs) demain.

Laurent Dubois