Carole Delga commence à décliner ses propositions. Mais, depuis des mois, la campagne de la tête de liste PS-PRG passe par le terrain et une multitude de déplacements. Visite d’entreprises, rencontre avec des commerçants et des habitants. Le style Delga c’est une proximité revendiquée. Ses adversaires et dans son propre camp, on s’interroge. Est-ce la bonne méthode ? Les Régionales se déroulent sur un territoire de 72 000 km2. Elles concernent 6 millions d’habitants et vont mobiliser 4 millions d’électeurs. Une telle élection peut-elle passer par les poignées de mains et les marchés ? Réponse (offensive) de Carole Delga.
Régionales 2015 – Vous multipliez les visites de terrain. Pourquoi ?
Carole Delga. Tout simplement parce que c’est sur le terrain que les gens expriment leurs attentes, donnent leurs idées et de façon très franche. Je fais campagne comme j’entrevois ma présidence : de la simplicité dans le contact, le travail en commun, le bon sens et l’intérêt général comme boussole. Le terrain, c’est le meilleur point de vue sur notre région. Bien meilleur qu’un plateau télé ou un studio de radio parisienne. Là, on ne peut pas se cacher derrière une petite phrase sur Twitter ou un pseudo sondage. Il faut convaincre, décider. Le terrain, c’est ma conception de la politique et je n’en changerai pas.
Régionales 2015 – Votre omniprésence sur le terrain ressemble à une super élection cantonale. Une campagne de proximité est-elle à la hauteur d’une super élection régionale sur une grande région ? Vous ne vous trompez pas de scrutin ?
Carole Delga. Que reproche-t-on aux politiques ? D’être loin des préoccupations des gens, de ne jamais se confronter à eux, à leurs problèmes. Je vois bien le style de campagne que certains adorent : pas de terrain mais des petites phrases. Pas de programme mais des polémiques à longueur de journée. Seulement de la dérision, aucune vision. Franchement, c’est ça le renouvellement de la politique ? J’ai 44 ans, et je ne manipule pas les citoyens avec une stratégie de communication populiste. Moi, je tape aux portes, je vais vers les gens, je discute avec eux. Ils attendent de la Région des projets concrets. On doit attendre la même chose de son premier responsable. Je n’entends pas être présidente avec une vision parisienne ou perchée dans les airs.
Régionales 2015 -Que retenez-vous de vos visites d’entreprises et de vos rencontres ?
Elles me confirment que nous avons d’extraordinaires atouts dans cette région. Et un potentiel de citoyens, chefs d’entreprises, leaders d’opinion qui veulent s’engager à son service. Ils sont fiers d’être du Sud. Ils ont envie que notre région rayonne. Je suis la seule dans cette campagne à affirmer que la création de cette grande région est une opportunité. Mais peut-être est-ce parce que je suis la seule à m’intéresser vraiment à ceux qui habitent et font vivre cette région ? Je le répète : ensemble dans cette grande Région, nous serons plus forts. Plus forts du point de vue économique avec les secteurs d’excellence que sont l’agroalimentaire, le tourisme, l’aérospatial et la santé. Plus forts pour protéger et faire vivre nos traditions, nos savoir-faire. Plus forts du point de vue culturel grâce à la diversité de nos héritages méridionaux. Plus forts pour inventer de nouvelles modalités de transport. Plus forts pour inscrire le sud de la France dans une dynamique méditerranéenne au sud de l’Europe.
Alors que les autres passent leur temps à dire non, toujours non. Non à la fusion, non à l’Europe, non à untel ou untel, non au rassemblement. Je me demande si « non », ce n’est pas leur programme entier ! Franchement, qui peut croire que nous allons nous développer en nous chamaillant entre territoires ? Qui peut croire que nous allons aller mieux en érigeant des murs barbelés à nos frontières ? En opposant Toulouse et Montpellier ou le rural et l’urbain ?
Régionales 2015- Vendredi dernier, Manuel Valls est venu dans votre commune à Martres. Vos adversaires prétendent qu’il vient vous soutenir parce que votre campagne s’enlise ?
Carole Delga. Mes adversaires… A part la polémique, que proposent-ils ? Rien, pas le moindre commencement d’idées ou de programme ! Juste taper sur Delga, matin, midi et soir. Visiblement, cela les inquiète d’avoir en face d’eux une femme de 44 ans à l’aise dans ses baskets.
Les gens que je rencontre ne me parlent pas des pirouettes des uns et des autres. Ils parlent de l’emploi, de la situation financière des exploitations agricoles à la fin du mois, ils évoquent l’avenir de leurs enfants, cherchent comment préserver notre mode de vie. A mes adversaires, je laisse les polémiques stériles, les coups bas. Notre région n’a pas de temps à perdre avec ces cancans politiciens. Et moi non plus !
Propos recueillis par Laurent Dubois