« Nous sommes tous des ruraux » semblent lancer, à l’unisson, les candidats. Alors évidemment certains vous diront « Oui mais nous, nous l’étions avant eux ». Quoi qu’il en soit, en attendant la désertification médicale se poursuit, les Points Postes continuent de fleurir là où les agences ont disparu, les administrations, perceptions et autres gendarmeries battent en retraite. Sans compter sur la baisse des dotations d’état aux collectivités qui ne frappent pas exactement au même niveau le petit maire de village et le président de Métropole.
Mais entendez-vous dans nos campagnes scander nos candidats qui disent avoir LA solution. Même le Front National s’y met, lui dont les représentants n’avaient semblent-ils aucun élément de langage en la matière lors des dernières Départementales (je vous invite à revoir nos débats d’alors). « Le développement des circuits courts. Il doit y avoir une vraie politique régionale en la matière. Il faut rapprocher la production des lieux de consommation. Il faut des aides massives pour favoriser le concept. C’est bon pour l’environnement, pour les revenus des agriculteurs et cela favorise le fameux « patriotisme économique » explique Louis Aliot à Laurent Dubois (voir interview ci-dessous).
La ruralité n’est pas un simple alinéa des politiques publiques
Carole Delga et Martin Malvy, eux, se sont offert un dimanche en Lozère. Pas moins de 11 présidents de départements et des élus socialistes les ont rejoints pour s‘entendre dire par la tête de liste PS-PRG : « La ruralité n’est pas un simple alinéa des politiques publiques. Nous devons convenir ensemble d’une gouvernance originale entre la Région et les départements. » Et l’actuel président socialiste de Midi-Pyrénées d’aller encore plus loin : « Les métropoles ont davantage besoin de la ruralité que la ruralité des métropoles pourvu que l’on en soit toujours solidaire, que l’on y maintienne ou que l’on y développe les activités et les Services auxquels elle a droit. »
Et le gouvernement de battre la campagne à son tour ce lundi. Un comité interministériel s’est tenu à Vesoul en présence de François Hollande. Un gouvernement qui devrait monter en puissance en termes de représentations dans le cadre des régionales. En atteste Manuel Valls venu inaugurer…le Grand Presbytère restauré en salle d’exposition sur les terres de Carole Delga vendredi dernier dans le Comminges.
Nul doute que ceux dont les programmes sont encore en cour d’élaboration, notamment via des plateformes participatives, comme celui de l’Alternative d’EELV et du Front de Gauche, se positionneront aussi sur cette thématique de la ruralité. Ainsi ceux à qui la notoriété manque sur le territoire engrangent les kilomètres de routes Départementales à l’image de Philippe Saurel (DVG), Dominique Reynié (LR/UDI) ou encore Damien Lempereur (DLF).
Au delà du duel Toulouse/Montpellier
Montrer que les Régionales ce ne sont pas simplement l’affrontement de deux métropoles, Toulouse et Montpellier, pour savoir qui aura la plus grosse part du gâteau. Voilà l’objectif que se sont fixés la plupart des Etats-Majors. Sous peine que de nombreuses voix leur manquent.
La campagne se gagnerait-elle d’abord à la campagne ? La question mérite d’être posée tant l’électeur rural même si souvent isolé ne boude pas l’isoloir. Seulement cette fois-ci, il va falloir certainement redoubler d’attention à son égard. Des promesses, les villageois de notre région en ont entendues beaucoup ces derniers scrutins. Souvent beaucoup de crédits ont été dépensés pour à l’arrivée peu de service ou de dynamisme retrouvés. La ruralité en politique : une sempiternelle terre de labourage électoral.
Patrick Noviello